L’exercice est essentiel au maintien d’un mode de vie sain, mais peu d’entre nous aiment consacrer du temps et de l’énergie à l’intégrer dans leur routine. On nous dit souvent de « le faire », mais qu’est-ce qui nous motive vraiment ? Des recherches récentes suggèrent que la réponse pourrait se trouver dans votre intestin : les microbes qui y résident pourraient influencer votre motivation pour l’activité physique ! Lisez la suite pour en savoir plus sur la façon dont ces organismes peuvent affecter nos habitudes et sur ce que vous pouvez faire pour les soutenir.
Microbes et neurotransmetteurs.
Une étude récente menée par Christoph Thaiss et ses collègues de l’université de Pennsylvanie a révélé que certains microbes chez la souris peuvent produire des endocannabinoïdes, la version du cannabis propre à l’organisme. Le système endocannabinoïde est un mécanisme de transmission de signaux cellulaires incroyablement complexe qui participe, entre autres, au bilan énergétique. Il augmente également les niveaux de dopamine dans une partie du cerveau appelée le striatum ventral pendant l’exercice, ce qui accroît la propension de la souris à faire de l’exercice ainsi que ses performances.
Les souris sans germes élevées dans un environnement stérile ne font pas d’exercice aussi longtemps ou aussi bien que les souris normales avec germes, et lorsque des antibiotiques sont administrés pour tuer les microbes intestinaux, l’effet de l’exercice disparaît. Les chercheurs ont conclu que le microbiote influence les propriétés gratifiantes de l’exercice, comme l’euphorie du coureur. Les microbes étant différents pour chaque animal, cela explique aussi au moins une partie de la variabilité individuelle des performances.
Les chercheurs ont déclaré : « S’ils sont applicables à l’homme, nos résultats impliquent que les [substances chimiques] qui stimulent la motivation à faire de l’exercice pourraient constituer une opportunité puissante pour contrer les effets néfastes d’un mode de vie sédentaire sur la santé. »
Et l’homme ?
Toutes les études sur les souris ne sont pas pertinentes pour les humains, mais les souris et les humains ont un système endocannabinoïde similaire connecté au striatum ventral. Nous connaissons par ailleurs le lien existant entre l’exercice, les microbes et le métabolisme. Dans le cadre d’une expérience brillante, bien que peu recommandable, Chun-Ying Wu et ses collègues de l’hôpital général des vétérans de Taichung, à Taïwan, ont montré que les profils métaboliques de souris sportives pouvaient être transférés à des souris en surpoids soumises à un régime riche en graisses.
Comment transférer un microbiote ? Par une transplantation fécale. Cela n’a rien d’inquiétant pour une souris, puisqu’elles mangent tout le temps les excréments des autres. Mais il est remarquable qu’une souris grasse et sédentaire puisse bénéficier d’un métabolisme suralimenté grâce aux excréments d’un champion de course à pied. Cela démontre que l’effet n’est pas seulement corrélationnel, mais causal. Les bénéficiaires de ces transplantations fécales perdent du poids, gagnent en force et sont plus motivés pour faire de l’exercice.
Que faire ?
Que pouvons-nous faire pour nous encourager à ne plus monopoliser le canapé ? Outre les endocannabinoïdes et la dopamine, le GABA est un autre neurotransmetteur qui joue un rôle dans notre santé, en réduisant la douleur et l’anxiété, facteurs qui nous rendent moins enclins à faire de l’exercice. Certaines espèces de Lactobacillus et de Bifidobacteria produisent du GABA, et on les trouve facilement dans les aliments fermentés comme le yaourt. L’introduction de ferments dans notre régime alimentaire peut donc nous donner un petit coup de pouce dans la bonne direction.
Outre le fait que les microbes influent sur notre motivation à faire de l’exercice, nous savons que l’exercice peut améliorer notre microbiote et, partant, notre humeur. Cette circularité du microbiote n’est pas rare, et elle nous fournit un autre levier pour contrôler nos régimes d’exercice.
Si nous parvenons à briser la volonté de nos microbes intestinaux récalcitrants et à utiliser le tapis roulant pour autre chose que pour étendre des vêtements, nous en tirerons rapidement profit. L’exercice réduit les niveaux de bactéries pathogènes et augmente leur diversité globale – une bonne chose.
Ainsi, une meilleure alimentation permet de construire un meilleur microbiote qui peut nous aider à renforcer notre motivation à faire de l’exercice. Et puis, une fois que nous commençons à faire de l’exercice, nous pouvons améliorer encore ce microbiote dans un cycle vertueux. Voilà un moyen simple de briser la malédiction du squat du canapé et de nous mettre sur la voie d’une meilleure santé et d’une humeur plus heureuse.