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Médecine douceActivité physique

Pour bien soigner vos douleurs articulaires, apprenez à marcher

A l’occasion de la sortie son livre « La marche qui soigne » chez Payot, Jacques-Alain Lachant, Ostéopathe, dévoile les rouages de nos façons de « mal marcher » qui vont générer des douleurs et dégénérescence articulaires. Fruit de trente ans d’expérience de thérapeute, ce livre explique comment facilement élaborer une « marche portante » qui va soulager les articulations, faire disparaître les douleurs articulaires et diminuer les risques de chute chez les personnes âgées. Une nouvelle façon de « se porter dans la vie.

Comment avez-vous identifié que la marche puisse être source de pathologies articulaires et de troubles posturales ?

Le constat que beaucoup de pathologies articulaires et osthéo-musculaires proviennent d’une marche non-portante vient tout simplement de trente ans d’observation dans ma pratique d’ostéopathe. On peut énumérer facilement les pathologies liées à une marche pathogène : les dorsalgies ou lombalgies chroniques, les cervicalgies chroniques, les douleurs chroniques d’épaule, les coxarthroses, les arthroses fémoro-tibiales et rotuliennes, de nombreuses pathologies par instabilités de la cheville et du pied, parfois en relation avec l’existence d’un tendon d’Achille « court », certaines entorses à répétition, les chutes répétées, avec ou sans traumatisme, les insuffisances veineuses profondes du complexe pied-cheville et de l’ensemble des membres inférieurs. On retrouve aussi fréquemment autour de la marche des troubles psycho-somatiques. C’est que dans la marche traduit littéralement notre faculté à avancer dans la vie, à trouver le rythme et l’élan pour tracer notre chemin. Il faut bien voir que l’on n’apprends pas à marcher. Il est supposé que la motricité est une pure activité innée qui se passe d’apprentissage. Il n’en n’est rien.

Est-ce à dire que l’on prend de mauvaises habitudes de marche dès l’enfance ?

Oui, tout à fait et ce dès les premiers instants. La motricité, si elle se fixe chez les enfants vers 6-7 ans est en fait un processus qui débute in-utéro. Les mouvements volontaires ou non des membres du fœtus à partir du cinquième mois marquent le début de la conscience que nous avons des membres. Dès la toute petite enfance, on peut tout à fait, involontairement, induire de mauvaises positions, attitudes, habitudes au tout petit enfant. En le portant mal, en le prenant sous les bras pour le porter et non par la base qui est la bonne façon de faire, en le regardant de trop prêt ou trop. Je mentionne le regard car c’est un point important d’une bonne marche. En fixant trop ou de trop prêt l’enfant lorsqu’on lui parle, on va induire cette attitude chez lui et ainsi l’inciter à réduire son champ de vision et à ne focaliser son regard que sur un point de son environnement. La réduction du champ de vision est un défaut que l’on retrouve chez certaines personnes âgées qui ne cessent de chuter. En leur réapprenant à avoir plusieurs points de contact dans leur champ visuel quand elles marchent, on diminue la fréquence des chutes. Dans les crèches et les écoles, on distingue très rapidement les enfants qui ont une motricité satisfaisante et épanouie des enfants dont la motricité est inhibée, le tonus réduit, une verticalité défaillante, des rigidités des membres supérieurs avec les bras collés au corps ou des défauts posturaux. Les mauvaises habitudes posturales et motrices sont également bien souvent induites par mimétisme de la posture des parents.

Quels sont les grands points qui caractérisent une marche pathogène ?

La marche est un acte inconscient, automatique qui répète toujours la même mécanique. Par exemple, si elle est initiée à partir du mauvais endroit du corps, l’impulsion motrice devient pathogène et l’on se met alors à développer de l’arthrose des hanches, du genou, on voit apparaître des compressions du tharse postérieur, des cervicalgies et même des troubles respiratoires. Si la marche n’est pas portante, elle ne porte pas le corps mais accentue les pressions et compressions articulaires et musculaires que l’on impose à son corps. Tout se passe comme si nous étions en permanence en situation de toujours porter une charge lourde. Trop de muscles des membres inférieurs, supérieurs et dorsaux sont, inconsciemment contractés en permanence. Cet état de tension va aussi se traduire par une fatigabilité excessive, une sensation que chaque effort est compliqué, et que le corps pèse lourd. Mon travail en cabinet et l’intuition traduite dans mon livre est qu’il suffit de réveiller la conscience du porté pour que le corps se mette à adopter une marche saine. En quelques jours, j’ai vu des patients redéployer leur corps, adopter une légèreté que je ne leur avais jamais vue et avoir un soulagement des douleurs osthéo-musculaires qui les handicapaient dans leur quotidien. Chaque cas est particulier car en fait, les désordres de la marche, de la tenue du corps et l’apparition des troubles osthéo-musculaires et dégénérescences articulaires proviennent de l’histoire personnelle de la personne. Mais j’ai tout de même constaté des constantes chez la plupart de mes patients comme par exemple, lorsque le bassin est en arrière du tronc et de l’abdomen, qu’un bras ne se balance plus, restant « collé » au corps, qu’une talonnade reste exagérément sonore, lorsque le tronc et les deux bras restent immobiles dans les déplacements. lorsque le premier impuls démarre d’un genou, ou encore du bassin ou d’une hanche, lorsqu’il s’initie au niveau de la région abdominale, si ce premier impuls démarre du thorax ou d’une épaule, ou encore de la zone cervico-céphalique et des yeux.
Lorsque le bassin n’est pas tenu ni porté, par le tonus de base cela va à terme fragiliser les lombaires. De même, de mauvais appuis sur la plante des pieds génèrent des tensions articulaires par compensation. Le corps faisant ce qu’il faut pour garder l’équilibre malgré les déséquilibres liés aux mauvais appuis.

Pouvez-vous nous expliquer comment développer une marche saine, portante ?

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Apprendre à bien marcher se fait en 4 grands axes. Nous sommes habitués à avoir une marche par « traction » c’est à dire qu’habituellement, nous initions le mouvement à partir du genoux, nous tendons une jambe vers l’avant, nous prenons appui puis nous tirons la jambe arrière pour qu’elle passe vers l’avant et reproduise ce mouvement, ainsi de suite. L’idéal serait de passer d’un mode traction à un mode de propulsion c’est à dire que ce soit la jambe arrière qui soit à l’origine du mouvement de la jambe avant. Je m’explique.
Il vaut mieux initier le premier mouvement de la marche en poussant sur un pied afin de lancer la jambe opposée, et plutôt que de tirer sur la jambe avant pour ramener la jambe arrière, continuer à pousser avec la jambe arrière et les orteils pour lancer le mouvement de la jambe arrière vers l’avant. Ce type de propulsion soulage les articulations, repose les jambes et facilite l’ancrage et l’appui des pieds, ce qui a une incidence directe sur la diminution des risques de chute. Cette façon de marcher induit également une sensation de verticalisation qui aide à se tenir droit, sans tension particulière.

Deuxièmement, pour mettre en action une marche saine, mieux vaut solliciter le tonus abdo-pelvien. Le tonus de base abdominal n’a pas de lien avec la force musculaire de la ceinture abdominale. Il intervient déjà pour nous soutenir dans une juste verticalité en position assise, en nous évitant ainsi d’être simplement portés passivement par le rachis lombaire et le sacrum. La sollicitation, le recrutement de ce bon tonus de base permet de modifier immédiatement et avec précision la station debout et globalise l’appui et la répartition des appuis sur l’ensemble de la voûte plantaire. Le recrutement conjoint du tonus de base abdominal et de la présence du jeu des orteils stimule le réflexe de relèvement du regard. Ce processus réflexe est fondamental dans le travail de prévention des chutes.

Troisièmement, lors de la marche, solliciter le mouvement naturel de balancier du buste en bougeant les mains. En lançant les mains on va amplifier le travail de propulsion des jambes et soulager l’effort des jambes. Pour se donner une idée, c’est très proche de la façon de marcher des randonneurs qui se munissent de bâtons. En se servant des bâtons, ils introduisent dans leur marche le bénéfice du mouvement des mains. Le développement de la présence spatiale des deux mains est un processus central car il renvoie au sentiment d’entièreté et de légèreté. La conscience de la présence des deux mains permet au sujet de percevoir l’espace tout entier et s’associe à la sensation de légèreté provenant d’une marche qui est portante.

Quatrième paramètre, le travail du regard. Je me suis aperçu et je ne suis pas le seul, que la plupart des personnes âgées qui chutent fréquemment, ont pour habitude de ne fixer qu’un seul point de leur champ de vision lorsqu’elles marchent. En réduisant son champ de vision et en ne focalisant que sur un seul point, on limite sa représentation de l’espace et on ne donne pas suffisamment d’information au corps sur son environnement : les creux, les bosses, les angles, les objets, les personnes, etc.. Un regard qui prends en compte différents points dans son champs de vision, des globes oculaires mobiles, vont augmenter la souplesse du déplacement et permettre d’identifier les obstacles dans l’environnement ainsi qu’une nouvelle capacité à s’y adapter en les anticipant ou les évitant. Il existe une «  boucle tonique, œil-mains-pieds » qui assure l’harmonisation du tonus global du corps lors de la marche.

Y a t-il un bénéfice, interne, psychique, à élaborer une marche saine ?

Une marche portante est une marche au cours de laquelle la personne se sent « portée » depuis ses pieds jusqu’au sommet du crâne dans un mouvement fluide, dansé, comme un swing. Traditionnellement, la légèreté n’est perçue que lorsque la sensation de charge n’est plus, c’est donc un mouvement perçu comme agréable. Dans ce mouvement précis, initié au bon endroit, les sensations perçues changent. Pour résumer, lorsque l’on met en place une marche portant, on observe que la présence de la personne change considérablement au point que son regard se lève et se porte au loin, devant, la perception de l’espace environnant se manifeste clairement, les déplacements sont perçus dans une très grande légèreté. Autre point important, c’est que les cogitations négatives, l’excès de mentalisation semblent impossibles et la pensée devient harmonieuse.

Il y a tout un aspect psychologique à ne pas négliger lorsque l’on retrouve une marche portante. Selon mon expérience de trente ans, tant que l’on ne se porte pas, on peut faire vingt ans de thérapie, ça ne change rien. L’importance d’être dans son corps, dans un mouvement harmonieux, avec une sensation d’encrage et de dynamisme change profondément la perception que nous avons de nous même. Savoir porter, se comporter induit un effet dans les relations humaines. Car en ayant la sensation profonde de pouvoir se porter soi-même, on mets fin au sentiment d’insécurité qui nous freine, nous et nous restreins dans la vie. La peur nous inhibe et induit des mécanismes de compensations comme des comportements agressifs, violents contre soi ou les autres. Le sentiment de sécurité doit s’enraciner dans la chaire pour mettre fin au sentiment intellectuel et psychique d’errance. La marche portante aide à trouver sa place.

 

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Photo de Hélène Leroy

Hélène Leroy

J'adore me plonger dans les recherches scientifiques en nutrition afin de comprendre comment l'alimentation peut optimiser les performances physiques et le bien-être.

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