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Médecine douce

Dépression : lutter contre l’inflammation permet de lutter contre la dépression

Des observations surprenantes indiquent que des médicaments anti-inflammatoires améliorent de façon spectaculaire le traitement de la dépression.

Hélène Leroy

De nouveau, cette piste indiquerait que la dépression serait une maladie avec une forte composante inflammatoire et que la lutte avec des moyens naturels: régime méditerranéen, omega 3, méditation, activité physique, reconnus pour faire baisser l’état inflammatoire font aussi chuter l’intensité et la fréquence des dépressions.

Il existe encore beaucoup de préjugés face aux troubles de l’humeur comme la dépression. Alors que l’on compatit facilement avec une personne qui présente des signes extérieurs de maladie (fièvre, blessure, fracture), il est parfois plus difficile de comprendre la gravité des désordres qui touchent spécifiquement le cerveau d’une personne, sans atteinte physique apparente.

On entend parfois dire d’une personne qui souffre de dépression «qu’elle n’a qu’à se changer les idées» ou encore qu’elle profite de sa situation pour «prendre quelques semaines de vacances», comme s’il s’agissait d’une maladie imaginaire, qu’on peut facilement confronter avec un peu de bonne volonté.

Pourtant, la dépression est une véritable maladie mentale causée par un déséquilibre des niveaux de certains neurotransmetteurs, en particulier la sérotonine et la dopamine.

Ces molécules véhiculent les informations d’un neurone à l’autre et jouent un rôle très important dans une foule de processus mentaux comme l’attention, l’appétit, l’humeur et la motivation.

Un déséquilibre de ces neurotransmetteurs fait en sorte que les personnes dépressives éprouvent souvent des sentiments d’inutilité ou de culpabilité, un manque d’intérêt envers le monde extérieur, des perturbations du sommeil ou de l’appétit, une perte d’énergie et, dans les cas les plus graves, des pensées morbides ou suicidaires.

Quand des médicaments favorisant l’inflammation déclenchent des dépressions

Bien que les facteurs responsables du développement de la dépression demeurent mal compris, plusieurs observations récentes suggèrent que l’inflammation chronique pourrait jouer un rôle de déclencheur. Un bon exemple provient des études portant sur les personnes touchées par une hépatite: ces patients sont souvent traités avec l’interféron, un médicament qui provoque une forte réponse inflammatoire qui permet d’éliminer le virus responsable de l’infection. Ce traitement est très efficace, mais les scientifiques ont

toutefois observé un effet secondaire majeur: entre 30 à 40 % des personnes traitées développent une dépression sévère, comme si la brusque inflammation générée par l’interféron atteignait le cerveau et perturbait le fonctionnement normal des neurones.

L’existence d’un lien entre l’inflammation et la dépression est également suggérée par des études montrant que les personnes dépressives sont à plus haut risque d’être touchées par les maladies du cœur ou encore le diabète de type 2, deux maladies qui sont reconnues pour posséder une forte composante inflammatoire.

Les anti-inflammatoires améliorent la dépression

La contribution de l’inflammation au développement de la dépression suggère que l’utilisation d’agents anti-inflammatoires pourrait représenter une nouvelle approche pour le traitement de la maladie.

Et les résultats sont très encourageants: une analyse détaillée d’une dizaine d’études portant sur plus de 6000 personnes atteintes de dépression indique que l’ajout de médicaments anti-inflammatoires aux anti-dépresseurs couramment utilisés en clinique augmentait de façon spectaculaire (270 %) le taux de réponses positives au traitement, sans provoquer d’effets secondaires importants.

Il s’agit d’une observation très importante, car plusieurs patients dépressifs répondent mal aux antidépresseurs actuellement disponibles et très peu de nouveaux traitements ont vu le jour au cours des dernières années.

Contre l’inflammation chronique et la dépression :régime méditerranéen, activité physique, méditation,

La dépression s’ajoute donc à la longue liste de maladies causées par l’inflammation chronique, qu’il s’agisse des maladies du cœur, du diabète de type 2 ou encore plusieurs types de cancer.

Comme toutes les cellules du corps, la fonction des neurones du cerveau est fortement dépendante de l’environnement biochimique des tissus du cerveau et la création d’un climat inflammatoire ne peut qu’avoir des répercussions négatives sur les fonctions mentales.

Cette contribution de l’inflammation explique aussi pourquoi une saine alimentation  type régime Méditerranéen, une supplémentation en Omega 3, des épices comme le curcuma (curcumine) et du poivre (piperine), de l’activité physique régulière dont nous vous parlons souvent dans nos colonnes ainsi que la médiation, le yoga, etc.. sont des façons simples et efficaces de réduire les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète et de cancer, mais aussi d’améliorer également l’humeur et de diminuer la fréquence et l’intensité des épisodes de dépression.

Source :

Köhler O et coll. Effect of anti-inflammatory treatment on depression, depressive symptoms, and adverse effects: A systematic review and meta-analysis of randomized clinical trials. JAMA Psychiatry; 71: 1381-91.

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