Une nouvelle étude révèle qu’une consommation importante d’édulcorants artificiels est liée à un risque accru de cancer. Des études sur la population humaine ont montré dans le passé que les édulcorants artificiels étaient sans danger, mais les résultats d’études in vitro et d’études sur les animaux suscitaient quelques inquiétudes. Une nouvelle étude de grande envergure sur les consommateurs d’édulcorants artificiels révèle que ces produits sont associés à un risque accru de cancer. Cette étude d’observation de grande envergure a mis en évidence un lien entre la consommation d’édulcorants artificiels, en particulier l’aspartame et l’acésulfame-K, et le cancer.
En effet, l’étude a révélé un risque accru de 13% de cancer en général, avec la plus forte probabilité de développer un cancer du sein et des cancers liés à l’obésité, pour les personnes consommant de grandes quantités d’édulcorants artificiels. Le marché mondial des édulcorants artificiels est estimé à 22,2 milliards de dollars et en hausse, soit une augmentation de près de trois milliards de dollars rien qu’au cours des deux dernières années. Une étude de 2017 a révélé que, par exemple, 41,4% des adultes américains et 25,1% des enfants utilisent des édulcorants artificiels, ingrédients d’un large éventail de produits commerciaux.
De nombreuses autorités et organisations médicales respectées considèrent aujourd’hui que les édulcorants artificiels sont sans danger après des recherches épidémiologiques approfondies sur des populations humaines. Pourtant, il existe des preuves solides de la cancérogénicité de l’aspartame dans des études animales, mais aucune confirmation épidémiologique solide n’était crédible jusqu’à présent. Pour cette raison, cette étude est très importante et a de grandes implications pour la santé publique. L’un des points particulièrement inquiétant est le fait que dans les études animales, même de très faibles doses d’aspartame dans l’alimentation d’un rat femelle gestante sont puissamment cancérigènes pour sa progéniture relèvent les chercheurs. Cette nouvelle étude est publiée dans la revue Plos Medecine.
Une étude menée en France par des équipes de l’INSERM, du CNAM et l’INRAE
L’étude a été rédigée par des chercheurs associés à l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) de l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (INSERM) de l’université Sorbonne Paris Nord, du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et de l’Institut national de recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) en France. Les chercheurs ont analysé les antécédents de 102 865 adultes participant à l’étude NutriNet-Santé qui a commencé à recueillir des données en 2009. Les participants ont été suivis pour la nouvelle recherche sur une période moyenne de 7,8 ans. Les résultats de cette étude sont très originaux car aucune étude de cohorte précédente n’avait directement examiné l’association entre les apports quantitatifs d’édulcorants artificiels en soi, de toutes les sources alimentaires, en distinguant les différents types d’édulcorants, et le risque de cancer.
La raison de cette étude est qu’il y avait déjà des inquiétudes
Certaines études d’observation ont précédemment examiné les associations entre le risque de cancer et la consommation de boissons sucrées artificiellement. Ces études avaient déjà trouvé un risque accru de cancer, ce qui suggère que les édulcorants artificiels présents dans ces types de boissons pourraient jouer un rôle dans le développement du cancer. En outre, des résultats antérieurs sur des modèles animaux et des études in vitro / in vivo ont également suggéré leur cancérogénicité.
Aspartame et acésulfame-K
Les chercheurs ont effectué des analyses pour le « total des édulcorants artificiels » dans son ensemble. C’est-à-dire: de l’acésulfame-K, de l’aspartame, du sucralose, des cyclamates, de la saccharine, des glycosides de stéviol et du sel d’aspartame-acesulfame, puis séparément pour les édulcorants artificiels les plus représentés dans la cohorte (c’est-à-dire l’acésulfame-K, l’aspartame et le sucralose). En examinant plus en profondeur le risque plus élevé de l’aspartame et de l’acésulfame-K. Les chercheurs ont relevé que l’aspartame et l’acésulfame-K étaient de loin les édulcorants artificiels les plus fréquemment consommés.
Les conclusions de l’étude
Pour le moment, les chercheurs concluent que sur la base de cette seule étude, il n’est pas possible d’établir la causalité de l’association. POur le moment, il n’est pas possible d’établir une « dose à laquelle le risque apparaît ». Ce que les chercheurs peuvent dire c’est que, dans cette étude, les plus grands consommateurs d’édulcorants artificiels, au-dessus de la consommation médiane de 18 mg/j et pour lesquels la consommation moyenne était de 79,43 mg/j, présentaient un risque de cancer significativement accru par rapport aux non-consommateurs. »
Source
Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population-based cohort study