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Les aides auditives pour réduire le risque de démence

Une perte auditive non traitée pourrait avoir des effets négatifs sur la santé cognitive.

Marie Desange

Une perte auditive non traitée pourrait avoir des effets négatifs sur la santé cognitive. L’absence de traitement efficace de la démence souligne l’importance d’identifier les facteurs de risque modifiables pour faciliter la prévention de la démence.

Une nouvelle étude observationnelle de grande envergure montre que la perte auditive est associée à un risque accru de démence et que l’utilisation d’appareils auditifs pourrait atténuer ce risque.
Le taux d’adoption des appareils auditifs est faible chez les personnes souffrant de perte auditive.Ces résultats soulignent la nécessité de politiques visant à améliorer le diagnostic de la perte auditive ainsi que l’adoption et l’accessibilité des appareils auditifs. Bien que les symptômes de la démence apparaissent souvent plus tard dans la vie, les changements sous-jacents dans le cerveau ont tendance à commencer à l’âge moyen. De même, la prévalence de la perte auditive commence à augmenter après 40 ans. Cela a conduit les scientifiques à penser que la perte auditive pouvait augmenter le risque de démence, certaines preuves venant étayer cette association.

Une vaste étude récente publiée dans The Lancet Public Health montre maintenant qu’une perte auditive non traitée est associée à un risque accru de démence toutes causes confondues et de types spécifiques de démence.
En particulier, les personnes souffrant d’une perte auditive et utilisant des appareils auditifs présentaient un risque de démence similaire à celui des personnes ne souffrant pas de perte auditive, ce qui suggère que la correction de la perte auditive pourrait réduire le risque de démence.

Le taux d’adoption des appareils auditifs est généralement faible chez les personnes souffrant de perte auditive, et ces résultats soulignent l’importance des politiques de santé publique pour augmenter l’adoption des appareils auditifs. Ces politiques pourraient inclure une sensibilisation accrue aux effets néfastes potentiels d’une perte auditive non traitée, l’accent mis sur le dépistage de la perte auditive et l’amélioration de l’accès aux appareils auditifs en les rendant plus abordables.

« Cette étude vient s’ajouter à un nombre croissant de recherches établissant un lien entre la perte auditive et un risque accru de démence et d’autres problèmes de santé chez les personnes âgées. Il est important de faire prendre conscience de ces résultats et du fait que la prise en charge de la perte auditive peut atténuer ce risque. La perte auditive pourrait constituer une approche rentable pour réduire le fardeau de la démence.

Perte auditive et démence

L’absence de traitements permettant de guérir ou d’arrêter le développement de la démence souligne la nécessité d’identifier les facteurs de risque modifiables afin de prévenir l’apparition de cette affection neurodégénérative. Tout comme la démence, la prévalence de la perte auditive tend à augmenter progressivement avec l’âge. En outre, certaines études ont montré une association entre la perte auditive et un risque accru de démence. Ainsi, l’utilisation d’aides auditives pour soulager la perte d’audition pourrait potentiellement réduire le risque de démence.

En effet, certaines données suggèrent que l’utilisation d’appareils auditifs peut retarder le déclin cognitif et réduire le risque de démence. En revanche, d’autres études ont montré qu’il n’y avait pas de lien entre l’utilisation d’appareils auditifs et le risque de démence. L’une des raisons de ces résultats contradictoires est la petite taille de l’échantillon utilisé dans les études précédentes. En outre, l’association entre l’utilisation d’appareils auditifs et des types spécifiques de démence n’a pas fait l’objet d’études approfondies. Dans la présente étude, les chercheurs ont utilisé un vaste échantillon pour examiner l’association entre l’utilisation d’appareils auditifs et le risque de démence. Ils ont également évalué l’impact de l’utilisation d’appareils auditifs sur le risque de certains types de démence.

Utilisation d’appareils auditifs et risque de démence

L’étude a porté sur les données de 437 704 personnes collectées par la UK Biobank, une grande base de données biomédicales qui recueille des informations sur la génétique, la santé et l’environnement des participants. Les participants ne présentaient aucun symptôme de démence au début de l’étude et avaient un âge moyen de 56 ans au départ. Les chercheurs ont obtenu des données sur la perte auditive par le biais d’auto-évaluations au début de l’étude, tandis que les informations sur le diagnostic de démence ont été obtenues à partir des dossiers médicaux et des registres de décès. Ils ont également recueilli des données sur d’autres variables, telles que le niveau d’éducation, le niveau de revenu, les conditions médicales, l’isolement social, etc., susceptibles d’influencer le risque de démence ou de perte auditive sur une période de suivi moyenne de 12,1 ans.

Les chercheurs ont constaté que la perte auditive était plus fréquente chez les hommes que chez les femmes et chez les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, d’obésité, d’humeur dépressive et de solitude. Les personnes souffrant d’une perte auditive avaient 42 % plus de chances de développer une démence toutes causes confondues au cours de la période de suivi que les personnes dont l’audition n’était pas altérée. Les personnes souffrant de perte auditive et utilisant des appareils auditifs ne présentaient pas un risque plus élevé de démence toutes causes confondues que les personnes ne souffrant pas de perte auditive. De même, les personnes souffrant d’une perte auditive non traitée, mais pas celles utilisant des appareils auditifs, présentaient un risque accru de maladie d’Alzheimer, de démence vasculaire et de démence non vasculaire autre que la maladie d’Alzheimer.

L’absence de traitement de la perte auditive peut augmenter le risque

Ces résultats pourraient suggérer qu’une déficience auditive non traitée pourrait augmenter le risque de démence. Étant donné la conception observationnelle de l’étude, l’association entre la perte auditive et la démence pourrait également s’expliquer par le fait que les facteurs associés à la démence augmentent le risque de perte auditive. Par conséquent, les chercheurs ont réanalysé les données en excluant les cas de démence apparus avant 5 ou 10 ans après le début de l’étude. La déficience auditive non traitée était toujours associée à la démence dans ces analyses de suivi, suggérant que la perte auditive était plus probablement un facteur de risque de démence. Plusieurs mécanismes pourraient potentiellement contribuer à l’augmentation du risque de démence due à la perte auditive. Par exemple, la perte auditive peut nécessiter une allocation compensatoire des ressources cérébrales impliquées dans d’autres processus cognitifs. Par ailleurs, l’absence d’informations auditives due à la perte auditive peut entraîner la dégénérescence des régions du cerveau impliquées dans le traitement des informations auditives et, par conséquent, des fonctions cognitives.

La perte auditive peut également entraver la communication et conduire à la solitude et à la dépression. Ces facteurs de santé mentale sont également associés à un risque accru de démence. Dans la présente étude, l’analyse suggère que seulement 11 % de la réduction du risque de démence due à l’utilisation d’aides auditives peut être attribuée à l’amélioration des facteurs psychosociaux, tels que la solitude, l’isolement social et la dépression. Cela suggère que la perte auditive peut directement augmenter le risque de démence en affectant les régions du cerveau impliquées dans la cognition.

Points forts et limites

L’analyse, qui a évalué les risques de différentes formes de démence, indique que le traitement de la perte auditive peut réduire le risque de démence [en] atténuant l’impact de la perte auditive sur le cerveau. Cela pourrait réduire la vulnérabilité du cerveau aux processus pathologiques liés à ces démences. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour mieux comprendre le mécanisme par lequel la perte auditive est liée à la démence.

Les points forts de l’étude sont l’utilisation d’un vaste échantillon, la longue durée du suivi et la détermination de la démence sur la base de rapports médicaux plutôt que d’autodéclarations.

Les auteurs reconnaissent que l’étude présente quelques limites. Il s’agit notamment de l’utilisation de données autodéclarées sur la perte d’audition, qui peuvent être inexactes. En outre, les données sur l’utilisation des appareils auditifs n’ont été recueillies qu’au début de l’étude. Par conséquent, l’analyse n’a pas pu tenir compte des personnes qui ont commencé à utiliser des appareils auditifs après le début de l’étude.
L’analyse n’a pas non plus tenu compte de la durée d’utilisation des appareils auditifs, qui aurait pu influencer le risque de démence.

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