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Médecine douce

Survivre au cancer colorectal grâce à l’aspirine

Une importante étude européenne montre que la consommation régulière d’aspirine double la probabilité de survivre à plusieurs cancers gastro-intestinaux, en particulier le cancer colorectal.

Hélène Leroy

La détection précoce de plusieurs cancers, combinée à une amélioration significative de l’efficacité des traitements, fait en sorte que de plus en plus de patients survivent à ces maladies. Par exemple, les deux tiers des personnes qui sont actuellement touchées par un cancer seront encore en vie plus de cinq ans après le diagnostic, et à l’échelle mondiale, on estime que le nombre de survivants du cancer atteindra près de 70 millions en 2050.

Ces statistiques sont une excellente nouvelle, mais il faut toutefois réaliser que la guerre n’est pas complètement gagnée, car les survivants de plusieurs types de cancer demeurent à haut risque d’être touchés à nouveau par la maladie au cours de leur vie. Ces récidives sont très dangereuses, car les cancers qui refont surface, parfois plusieurs dizaines d’années plus tard, sont très souvent encore plus agressifs et résistants aux traitements que les cancers initiaux et sont responsables de la majorité des décès dus à cette maladie. Pour gagner la guerre au cancer, il faut donc non seulement gagner la première bataille lorsque la maladie se déclare, mais aussi continuer de découvrir de nouveaux moyens d’empêcher qu’elle puisse réapparaître quelques années plus tard.

Alimentation et exercices physiques peuvent-ils aider à lutter contre le cancer?

La bonne nouvelle est que ces moyens existent: plusieurs études ont clairement montré que l’ensemble des facteurs du mode de vie connus pour prévenir le développement de la majorité des cancers peut également empêcher les récidives de la maladie. Pour les survivants du cancer, la première chose à faire est donc d’adopter autant que possible les recommandations émises par les principales agences de lutte au cancer, en particulier modifier son alimentation et pratiquer de l’exercice physique régulier. Ces deux recommandations sont de plus en plus reconnues comme des composantes essentielles du traitement de récidive du cancer.

75% de chances de survivre au cancer grâce à l’aspirine

En plus du mode de vie, des observations récentes suggèrent que la consommation d’aspirine pourrait elle aussi participer à réduire les risques de récidives. En examinant les dossiers médicaux de 13 715 patients atteints d’un cancer du système gastro-intestinal (principalement côlon, rectum et œsophage), des savants hollandais ont remarqué que les personnes qui consommaient régulièrement de l’aspirine après le diagnostic de leur cancer avaient deux fois plus de chance de survivre à ces maladies quatre ans plus tard. Globalement, 75 % des patients sous aspirine avaient survécu (soit 853 sur 1138 patients) contre 42 % dans le groupe témoin (5282 sur 12 577 patients). Cet effet bénéfique est observé pour tous les cancers digestifs, particulièrement ceux du côlon et du rectum, à l’exception toutefois des patients atteints de cancer du pancréas qui n’ont pas bénéficié du traitement. Des études cliniques randomisées, où l’effet de l’aspirine est comparé à celui d’un placebo, sont en cours et devraient permettre de confirmer le potentiel préventif de ce médicament.

L’aspirine réduit les risques de récidive

Parmi les mécanismes responsables de cet effet protecteur de l’aspirine élucidés, l’effet antiplaquettaire de cet anti-inflammatoire est proposé comme déterminant. Des études ont révélé que les cellules cancéreuses résiduelles qui ont survécu aux traitements peuvent se «cacher» du système immunitaire en adhérant étroitement aux plaquettes présentes en grandes quantités dans le sang. En empêchant les plaquettes de s’agglomérer, l’aspirine pourrait donc détruire cette «cachette» et la consommation d’aspirine pourrait participer à réduire les risques de récidives ainsi permettre aux cellules immunitaires d’éliminer ces cellules tumorales et d’empêcher le développement de récidives.

Pas de prise régulière d’aspirine sans avis médical

En attendant la confirmation des effets protecteurs de l’aspirine, les patients en rémission d’un cancer qui désirent ajouter la prise d’aspirine à leur quotidien doivent consulter leur médecin traitant avant de passer à l’action, surtout s’ils ne consommaient jamais ce médicament auparavant. Bien qu’il s’agisse d’une médicament bon marché, en vente libre et généralement bien tolérée, l’aspirine peut avoir des effets secondaires importants (notamment des saignements gastro-intestinaux) et comme pour tous les médicaments, la prudence demeure de mise.

Source:

Frouws M et coll. Aspirin and gastro intestinal malignacies, improved survival not only in colorectal cancer. European Cancer Congress.

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