Les relations sexuelles ont le pouvoir de nous apporter un immense plaisir, de la joie et une satisfaction physique. Mais parfois, après avoir pratiqué certains types d’activités sexuelles, ces sentiments peuvent rapidement se transformer en culpabilité et en honte, voire en regret. De nombreux facteurs entrent en jeu lorsqu’il s’agit d’évaluer pourquoi certaines expériences sexuelles nous mettent dans l’embarras et d’autres non, qu’il s’agisse de croyances culturelles, d’expériences passées ou d’anxiété liée à notre propre sens de la moralité. Dans cet article, nous allons examiner plus en détail le rôle important que joue la honte dans la vie sexuelle de nombreuses personnes et ce que nous pouvons faire pour y remédier.
Ce phénomène s’appelle : la dysphorie post-coïtale.
La dysphorie post-coïtale (DPC) est un état peu étudié qui peut affecter de nombreuses personnes et qui est souvent attribué à tort au regret, à la culpabilité ou à la toxicomanie. Elle se caractérise par des sentiments de dépression, d’agitation ou d’anxiété qui surviennent peu après la fin de l’activité sexuelle. Ces émotions peuvent durer de quelques minutes à quelques heures et laissent les personnes concernées dans un état d’instabilité émotionnelle. Bien que la cause exacte du DPC reste inconnue, on pense qu’il est dû à des changements physiques et hormonaux dans le corps qui se produisent après un rapport sexuel. Enfin, comme le trouble de la personnalité limite est relativement peu connu des cliniciens, les patients ont souvent du mal à faire face à ces émotions post-sexuelles sans l’aide de professionnels.
Voici 6 raisons récurrentes qui déclenchent la dysphorie post-coïtale.
Anxiété :
Les personnes souffrant d’anxiété ou de dépression clinique peuvent être plus sujettes à l’apparition de la dysphorie post-coïtale, car leur état mental général peut être plus sensible et facilement susceptible de ressentir des émotions négatives. Pendant l’acte sexuel, leur esprit peut être envahi de pensées anxieuses et d’inquiétudes concernant la situation, ce qui les amène à se sentir accablés après l’acte lui-même. Pour aggraver les choses, ces personnes anxieuses peuvent également ressentir des symptômes physiologiques tels qu’une accélération du rythme cardiaque ou de la respiration, qui peuvent exacerber leur détresse émotionnelle.
Abus de substances :
Certaines substances comme les drogues ou l’alcool peuvent jouer un rôle dans la dysphorie post-coïtale en raison de leur capacité à provoquer des changements d’humeur chez ceux qui les consomment. La consommation de grandes quantités d’alcool ou la prise de certains médicaments sur ordonnance avant un rapport sexuel peut entraîner des changements de mentalité qui font que la personne se sent déprimée une fois l’activité terminée. De plus, l’utilisation de drogues ou d’alcool comme forme d’automédication pour des problèmes de santé mentale préexistants peut contribuer à la vulnérabilité d’une personne à ce problème.
Déséquilibre hormonal :
Les personnes souffrant de déséquilibres hormonaux causés par des pathologies telles que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) connaissent souvent une augmentation des émotions négatives et de la dépression avant et pendant leur cycle menstruel. Comme il est courant que ces symptômes s’aggravent après un rapport sexuel, les personnes atteintes de ces pathologies sont particulièrement vulnérables à la dysphorie post-coïtale pendant cette période chaque mois.
Inconfort physique :
Si une personne se sent mal à l’aise pendant les rapports sexuels en raison d’un certain nombre de problèmes physiques – qu’il s’agisse d’une douleur due à l’endométriose, d’une sécheresse vaginale due à la ménopause ou simplement du fait qu’elle n’apprécie pas certaines positions – cela peut contribuer grandement aux sentiments de tristesse qui suivent. Le fait de ne pas pouvoir profiter pleinement de l’expérience peut conduire une personne à un état de dépression post-coïtale où elle ne peut s’empêcher de repenser à ce qui n’a pas fonctionné pendant le rapport lui-même.
Manque de connexion :
La dysphorie post-coïtale est un symptôme qui survient souvent lorsque deux personnes ne partagent pas beaucoup d’intimité émotionnelle avant de s’engager dans des activités sexuelles ensemble et qu’elles en ressortent déconnectées l’une de l’autre après coup. Ce manque de connexion peut donner à l’une des personnes un sentiment d’insatisfaction et l’amener à désirer plus que le simple plaisir physique, ce qui la conduit à un état dépressif après la fin des rapports sexuels entre les deux parties concernées.
Culpabilité et honte :
Les personnes qui se débattent avec des problèmes tels que la culpabilité de leurs erreurs passées, la honte de leur image corporelle ou de leurs préférences sexuelles, ou même le regret de certaines décisions prises dans le cadre de leur relation, risquent davantage de développer une dysphorie post-coïtale après s’être engagées dans une intimité physique avec quelqu’un d’autre, en raison de ces fortes émotions négatives entourant le sexe lui-même qu’elles ont intériorisées au fil du temps.
Malgré que ce phénomène soit pourtant plus connu chez les femmes, mais les hommes peuvent aussi en subir.
Les conclusions de l’étude, publiée dans le Journal of Sexual Medicine, montrent que les femmes sont plus susceptibles de souffrir d’émotions négatives telles que la tristesse et la frustration après un rapport sexuel consensuel que les hommes. Elles peuvent également éprouver des sentiments de dévalorisation ou de désespoir. Les hommes, quant à eux, ont tendance à déclarer se sentir malheureux ou manquer d’énergie après une activité sexuelle. Malgré ces différences entre les sexes, l’étude a montré qu’il n’y avait pas de signification statistique entre eux.
Dans 73,5 % des cas, les participants interrogés dans le cadre de cette étude ont déclaré ressentir des symptômes émotionnels après un rapport sexuel consensuel. Après des séances de masturbation, 46 % ont exprimé des symptômes similaires. Au total, 33 % de l’ensemble des participants ont déclaré ressentir des symptômes exclusivement après un orgasme et 5 % uniquement après des séances de masturbation. Il est intéressant de noter que les hommes étaient beaucoup plus susceptibles de signaler des symptômes émotionnels que les femmes, respectivement 60 % et 25 %.
Dysphorie post-coïtale : quelle est la solution ?
Bien que la cause exacte de la DPC reste obscure, il existe quelques solutions potentielles pour remédier à cette détresse.
Favoriser la communication ouverte :
Tout d’abord, parler à un partenaire qui vous soutient et vous comprend peut être d’une grande aide pour surmonter ces sentiments. Une communication ouverte peut permettre aux individus de mieux exprimer leurs émotions et de s’engager dans une réflexion sur les raisons pour lesquelles ils ont vécu une DPC. Un partenaire compréhensif peut aider à créer un sentiment d’acceptation et de compréhension qui peut faire toute la différence lorsqu’il s’agit de faire face à des émotions aussi difficiles.
Misez sur les techniques de relaxation :
Outre une communication ouverte avec le partenaire, les techniques de relaxation telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), la méditation de pleine conscience, le yoga et d’autres formes d’exercice peuvent être extrêmement bénéfiques pour atténuer les symptômes associés à la dysphorie post-coïtale. Ces activités contribuent à rétablir l’équilibre du corps et de l’esprit, tout en aidant à développer des capacités d’adaptation saines qui permettent aux individus de réagir positivement à des situations qui pouvaient auparavant être source de détresse. En outre, s’éloigner des relations ou des situations épuisantes peut être bénéfique pour les personnes souffrant de DPC, car cela leur permet de prendre soin d’elles-mêmes sans être freinées par des pressions ou des attentes extérieures.
Demandez une aide professionnelle :
Enfin, si nécessaire, la recherche d’une aide professionnelle auprès d’un praticien de la santé mentale qualifié, tel qu’un thérapeute ou un psychologue, peut s’avérer inestimable pour les personnes qui luttent contre la dysphorie post-coïtale. Les professionnels ont l’habitude de proposer des stratégies qui encouragent les gens à mieux comprendre leurs sentiments afin qu’ils puissent mieux les gérer à l’avenir. De nombreux traitements sont disponibles en fonction des besoins individuels, notamment la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), la psychothérapie, la psychoéducation ou même les médicaments si un clinicien expert les juge appropriés.