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Valérie Lorentz-Poinsot, DG des laboratoires Boiron: « Nous sommes particulièrement maltraités par les autorités »

Francois Lehn

Mme Valérie Lorentz-Poinsot, DG des laboratoires Boiron, a bien voulue répondre à cinq questions sur la situation de l’homéopathie et des laboratoires Boiron. Faisons le point ensemble sur cette médecine aussi décriée avec virulence par certains qu’utilisée quotidiennement par plus de la moitié des Français quotidiennement.

François Lehn: L’homéopathie et les laboratoires Boiron ont du traverser trois tempêtes ces derniers temps: Le dénigrement de l’homéopathie comme médecine efficace, le déremboursement et la pandémie de Covid-19. Quelles sont les conséquences pour vous: sociales, économiques, R&D? Comment se portent les laboratoires Boiron?

Nous avons en effet traversé récemment trois crises majeures qui ont mis l’entreprise sous tension. Mais nous faisons face et nous nous donnons les moyens d’aller de l’avant.
Le dénigrement de l’homéopathie suivi de l’annonce de son déremboursement ont eu des conséquences extrêmement lourdes puisque nous sommes dans l’obligation de mettre en place un PSE (NDLR: plan de sauvegarde de l’emploi). Notre activité est en recul de près de 30% en deux ans. Nous devons fermer en France une partie de nos établissements et un site de production. C’est d’autant plus scandaleux qu’avec du temps nous aurions pu procéder aux ajustements sans douleur. En jouant sur les départs naturels et sur la mobilité des salariés.

A cela est venu s’ajouter la crise du Covid. Et il faut dire que nos salariés ont démontré un engagement hors du commun et ont fait preuve d’une très forte adaptabilité. Nous avons continué à produire nos médicaments durant tout le confinement tout en initiant la production de solution hydroalcoolique pour l’établissement français du sang ou des pharmacies.

L’année 2021 sera une année d’innovations dans la continuité : l’homéopathie est et restera notre cœur de métier, notre creuset, notre expertise première.

FL: Vous ne restez visiblement pas les deux pieds dans le même sabot. Récemment, vous avez annoncé une diversification de l’activité du laboratoire et le lancement de nouveaux produits de santé. Pouvez-vous nous expliquer cette nouvelle stratégie qui est en dehors des médicaments homéopathiques classiques et nous dire quelques mots sur les nouveautés à venir?

 

Oui nous avons mis à profit la période du confinement pour travailler sans relâche et pouvoir continuer à proposer en cette fin d’année plusieurs innovations et nouveaux produits. Notre stratégie vise à nous renforcer dans notre domaine d’excellence qu’est l’homéopathie, sans nous interdire d’autres secteurs dès lors qu’ils sont en accord avec nos valeurs et notre ambition de soigner sans nuire. Notre nouvelle gamme de probiotiques « Osmobiotic Flora » en sera la première traduction. Disponible en novembre en officine, elle apporte à chaque membre de la famille une solution pour maintenir l’équilibre de son microbiote intestinale. Nous allons également proposer un spray indiqué pour les maux de gorge et un médicament contre les coliques du nourrisson. Nous sommes déterminés et mobilisés pour renforcer notre offre en homéopathie et au-delà.

FL: Je crois savoir que vous ne vous avouez pas vaincue et que vous tentez un recours auprès du Conseil d’Etat pour sauver l’homéopathie. Où en est la démarche? Avez-vous de bons contacts? De bons espoirs?

 

En effet nous avons déposé devant le Conseil d’Etat avec Rocal un recours pour demander l’annulation des décrets instaurant le déremboursement de l’homéopathie. Nous devrions avoir la réponse de la plus haute juridiction administrative avant la fin de l’année. Donc très vite maintenant. Nous n’avons aucun signe nous permettant de dire que nous allons obtenir gain de cause.

Mais au-delà de cette démarche, il faut noter que nous sommes particulièrement maltraités par les autorités qui n’ont à aucun moment bougé le petit doigt pour tenir compte de notre contexte et tenter de limiter les dégâts d’une décision brutale, incompréhensible et destructrice. D’autant plus que nous savons qu’avec un taux de remboursement à 15%, l’assurance-maladie ne rembourse plus rien aux patients du régime général qui achète des médicaments homéopathiques (cf. l’étude d’Asterès).

FL: Boiron est un acteur mondial de l’homéopathie. Si l’homéopathie a essuyé des coups très durs en France et en Europe, quel est l’état de santé de cette médecine dans le monde ?

La France est le dernier pays à avoir connu une polémique d’une grande brutalité avec des conséquences catastrophiques. Mais globalement, les choses sont en train d’évoluer et nous poussons fortement pour que les professionnels de santé adoptent une vision intégrative de la médecine. L’heure n’est plus aux oppositions stériles, aux guerres de clochers opposants telle spécialité contre telle autre. Les patients veulent naturellement le meilleur de chaque thérapeutique et veulent surtout faire entendre leur voix. L’homéopathie est pour cela la meilleure réponse : elle s’adapte à chacun et vient compléter les autres thérapeutiques.

FL: Transmettez un peu de votre optimisme aux utilisateurs et passionnés d’homéopathie. Comment voyez-vous l’avenir de l’homéopathie et des laboratoires Boiron?

 

Pour moi l’homéopathie c’est l’avenir. Elle est d’une incroyable modernité : soigner sans nuire, sans nuire au corps des patients mais sans nuire également à notre planète. Je pense que nous allons redécouvrir les vertus de cette thérapeutique dès lors que nous serons sortis de ces débats stériles. Nos équipes font un travail remarquable et je sais pouvoir compter sur leur engagement pour relever tous les challenges qui sont devant nous.

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