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Science

Rajeunir : la révolution de l’anti-âging

Hélène Leroy

Et si le rajeunissement n’était plus une chimère mais devenait une réalité. Des chercheurs ont d’ailleurs reçu la prix Nobel de médecine 2009 pour la découverte du processus de vieillissement télomérique. Aujourd’hui, il est possible de préserver les cellules du vieillissement et de la mort grâce à une enzyme bien particulière, la télomérase et un activateur naturel qui stimule sa production. Les cellules, organes et fonctions peuvent se régénérer et le corps rajeunir.

L’anti-aging est à la mode. Mais le botox et la chirurgie esthétique qui constituent 90% des solutions anti-aging proposées actuellement n’apportent pas de solution de fond. A l’encontre d’une vision uniquement esthétique de l’anti-aging, les médecines complémentaires développent un tout autre point de vue qui lui, prends en compte les  éléments essentiels d’une stratégie  anti-aging : les facteurs majeurs d’un vieillissement prématuré de l’organisme.

Car si le vieillissement est un phénomène naturel, son accélération, lui, est bien lié à notre mode vie, les polluants de l’environnement, l’alimentation et une hygiène quotidienne.  L’Occident vieilli et l’espérance de vie n’a jamais été aussi longue.

Mais dans quelles conditions de santé se retrouvent nos ainés et nous retrouverons-nous plus tard ? Un anti-aging  pérenne revient à se demander comment, le plus tôt possible, enrayer les facteurs essentiels qui causent un vieillissement prématuré et mettre en pratique les solutions maintenant reconnues qui permettent au corps de garder le plus longtemps possible un fonctionnement optimal, une apparence qui corresponde au plus beau potentiel de son âge réel et même à régénérer, de l’intérieur, les cellules du corps.

« l’Inflammaging » ou quand l’inflammation précipite le vieillissement

Quel est le point commun entre les éléments suivants : un repas riche en calories, en sucre, en mauvais gras et en produits transformés par l’industrie agro-alimentaire, le stress émotionnel, le manque de sommeil et d’exercice? Outre qu’ils soient tous de mauvaises habitudes de vie. Tous ces facteurs ont pour effet de stimuler inutilement les « médiateurs de l’inflammation » dans notre organisme. Il y a une différence entre l’inflammation aigüe (lors d’une coupure, d’un choc) et inflammation chronique. C’est le même processus physiologique mais dans le second cas: il ne s’arrête pas. Lorsque le processus ne s’arrête plus, la mécanique s’emballe. L’inflammation persiste et déclenche ainsi un état d’inflammation chronique, facteur majeur de vieillissement prématuré.

Les chercheurs américains travaillant sur ce sujet ont baptisé ce phénomène « l’Inflammaging » , contraction entre deux mots anglais : « inflammation » et « aging » (soit inflammation et âge).  La particularité de ces recherches et d’avoir pu identifier clairement l’inflammation chronique comme étant le facteur de vieillissement prématuré le plus important. Le postulat étant que tout ce qui va accélérer et stimuler la division cellulaire va de fait accélérer le vieillissement de l’organisme.

Car chaque cellule a non seulement une durée de vie programmée mais aussi une capacité de division limitée. Quand cette limite de renouvellement est atteinte, la cellule ne se divise plus, elle meurt. Et le non renouvellement cellulaire, c’est le vieillissement. Dès lors, lorsque notre mode vie, la pollution, l’alimentation, les infections, le manque de sommeil et d’exercice pèsent de tout leur poids sur l’organisme, celui-ci réagit en se défendant par le processus physiologique le plus naturel, l’inflammation.

Mais si l’inflammation protège et répare le corps ponctuellement, lorsqu ‘elle est à l’œuvre en permanence, tout dégénère en mode accéléré et le vieillissement prématuré apparaît, faisant en plus le lit de multiples pathologies qui ne devraient pas apparaître dès 45 ou 50 ans.

L’inflammation, amie ou ennemie

Première à agir sur les lieux de l’agression, l’inflammation permet notre survie. Dès qu’une lésion affecte un tissu : choc, coupure, brûlure, empoisonnement, infection, elle est détectée par les plaquettes du sang qui s’agglutinent autour du tissu endommagé .

Elles s’assemblent et libérent une substance chimique le PDGF :  (Plated-derived growth factor) qui alerte les cellules blanches du système immunitaire. Celles-ci produisent à leur tour une série de médiateurs chimiques : cytokines, chémokines, prostaglandines, leukotriènes, interleukines et thromoxanes qui vont alors démarrer la réparation. Elles dilatent d’abord les vaisseaux avoisinant la blessure afin d’assurer l’afflux d’autres cellules immunitaires appelées en renfort.

Ensuite elle colmatent la brèche en activant la coagulation du sang autour du tas de plaquettes. Puis elles rendent les tissus avoisinants perméables pour que les cellules immunitaires pourchassent les intrus partout où ils ont pu se loger. Enfin, elles déclenchent la multiplication des cellules du tissu endommagé pour qu’il reconstruise le morceau manquant et fabrique de petits vaisseaux sanguins pour permettre l’arrivée d’oxygène et de nutriments sur le site de la construction.

Ces mécanismes sont absolument essentiels à l’intégrité du corps et à sa reconstruction permanente face aux inévitables agressions. Lorsque ces mécanismes sont bien réglés et en équilibre avec les autres fonctions des cellules, ces processus sont harmonieux et autolimités. C’est à dire que la multiplication cellulaire et la croissance des nouveaux tissus s’arrête d’elle même dès que le remplacement a été effectué.

Les cellules immunitaires qui s’étaient activées face aux intrus se remettent en veille afin d’éviter qu’elles ne s’attaquent à des tissus sains. Les sécrétions des médiateurs chimiques de l’inflammation cessent également.

Lorsque ce mécanisme usuel de sauvegarde et d’entretien de l’organisme s’emballe, l’inflammation chronique ou systémique se retourne contre lui. Elle cause alors  des dommages aux tissus. Ce phénomène est connu depuis longtemps. On le retrouve par exemple dans les cas  d’arthrite rhumatoïde, de maladies inflammatoires de l’intestin ou d’asthme.

Le vieillissement prématuré, la voie royale des pathologies lourdes

Les médecins et chercheurs pointent aujourd’hui l’inflammation chronique comme facteur de risque majeur de plusieurs autres maladies, dont les maladies du coeur, le cancer et le diabète de type II, l’ostéoporeose, Parkinson ou Alzheimer.

Si un taux élevé de mauvais cholestérol dans le sang augmente le risque de maladie cardiovasculaire, il ne l’explique pas à lui seul. En effet, comment se fait-il que la moitié des crises cardiaques surviennent chez des gens qui ont un taux de cholestérol normal ou faible? Bien que présent en petite quantité, le cholestérol qui adhère aux parois des vaisseaux sanguins attire les médiateurs de l’inflammation. Chez une personne dont l’inflammation est stimulée exagérément, des plaques se forment plus facilement. Avec le temps, celles-ci risquent de créer un caillot, augmentant les chances de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral.

Autre découverte importante, cette fois pour les maladies cancéreuses : les agents pro-cancer, comme les produits chimiques, les rayons ultraviolets ou certaines infections, causeraient le cancer en stimulant les mécanismes inflammatoires. Cet état d’inflammation chronique aiderait à protéger les jeunes cellules cancéreuses. Par exemple, certaines substances libérées par les cellules immunitaires lors de l’inflammation, tels les radicaux libres, les aideraient à devenir immortelles.

Les processus inflammatoires chroniques seraient aussi en lien direct avec le diabète de type II. Actuellement, il est connu que les gens qui ont un degré élevé de marqueurs de l’inflammation (protéine C réactive, interleukine-6) dans le sang ont un risque accru de développer une maladie. Ces médiateurs interfèrent avec les signaux de l’insuline, ce qui empêche peu à peu les cellules d’absorber le sucre sanguin. Les cellules graisseuses produisent elles aussi des médiateurs de l’inflammation qui entretien l’état d’inflammation chronique.

En reconnaissant le rôle de l’inflammation chronique  dans la genèse de ces pathologies, et sûrement bien d’autres encore à identifier, et en agissant concrètement sur la

modération de l’expression du mécanisme inflammatoire chronique, on peut enrailler la genèse de maladies liées à l’âge et  le vieillissement prématuré de l’organisme.

Enrayer le processus de vieillissement et rajeunir, une découverte qui vaut un Prix Nobel

Une découverte récente  est en passe d’apporter un éclairage  révolutionnaire sur l’anti-aging. Le ralentissement du vieillissement est en passe de prendre un tournant majeur avec la découverte de la telomerase. Voici l’histoire.

Le Dr Elizabeth Blackburn et les Drs Carol Greider et Jack Szostak (prix Nobel de médecine 2009) ont découvert que les chromosomes avaient une sorte de « peau de chagrin » qu’on appelle « Télomère ». Les télomères sont des séquences d’ADN qui scellent les chromosomes et protègent leur extrémité de la détérioration. Un peu comme le petit plastique qui empêche le bout de vos lacets de s’effilocher.

Chaque fois qu’une cellule se divise, les télomères rapetissent jusqu’à éventuellement mourir. Le raccourcissement des télomères a été relié au vieillissement et à un risque de cancer plus élevé. C’est un marqueur de l’âge biologique. De nombreuses études ont déjà montré une relation entre la longueur des télomères, qui diminue normalement avec le vieillissement, et la longévité: les personnes dont les télomères sont plus grands jouissent généralement d’une meilleure santé et vivent plus longtemps.

Dans le même temps, les chercheurs ont découvert une enzyme, la Télomérase qui permet aux cellules de reconstruire une partie de cette peau de chagrin des chromosomes pour qu’elle rétrécisse moins vite. Et plusieurs études montrent que plus cette enzyme est active (particulièrement au sein des cellules du système immunitaire) et mieux le corps est protégé des processus de vieillissement, des maladies cardiaques et de plusieurs types de cancers.

Compléments alimentaires, hygiène et alimentation contre le vieillissement

Le  Dr Blackburn a collaboré à une étude publiée il y a quelques années dans le Lancet Oncology qui ouvre une autre voie nouvelle. Avec le Dr Dearn Ornish, spécialiste de médecine intégrative qui est lui aussi à l’Université de San Francisco, Blackburn a étudié l’impact d’un changement de style de vie sur l’activité de la télomérase dans les cellules immunitaires. Ornish a suivi pendant trois mois des hommes porteurs d’un cancer de la prostate à progression lente.

Pendant trois jours de séminaire intensif, ces hommes ont appris l’importance de prendre en mains leur propre santé. Ils ont appris à manger différemment : très peu de graisses saturées et un régime presque entièrement végétarien très riche en légumes, légumineuses, fruits, et féculents à base de farine complète, tout en réduisant tous les sucres raffinés et farines blanches.

Ils ont appris à faire de l’exercice modéré (marche ou autre) au moins trente minutes six fois par semaine, et à gérer leur stress avec des méthodes de relaxation comme le yoga, des exercices de respiration, ou la méditation, pratiqués au moins six jours de la semaine. Ils recevaient aussi des compléments alimentaires à base de protéine de soja, de l’huile de poisson, de la vitamine E, de la vitamine C et du sélénium chaque jour. Au bout de trois mois, l’activité de la télomérase – qui rallonge la vie des chromosomes et des cellules – avait augmenté de 30% chez ces personnes ayant suivi ce régime.

Une étude publiée récemment dans le Journal of the American Medical Association a démontré que, parmi les hommes atteints d’une maladie coronarienne stable, ceux avec le taux le plus élevé d’oméga-3 dans le sang affichaient les télomères les plus longs, d’après une évaluation faite au début de l’étude et 5 ans plus tard. Ce qui veut dire que manger du poisson ou prendre des suppléments d’oméga-3 peut nous garder jeunes plus longtemps. Une autre étude menée par des chercheurs allemands vient de montrer que l’activité physique a un effet anti-vieillissement direct sur les cellules.

Chez les souris, on a observé que l’activité physique stimule la production d’une protéine qui protège les télomères. Chez les humains, on a constaté que les télomères de coureurs de 50 ans avaient la même longueur que ceux de gens sédentaires de 40 ans. Autrement dit, on a la preuve que l’activité physique est capable de moduler le rythme de l’horloge biologique incrustée dans nos gènes et on sait comment elle le fait.

Le stress ou comment facilement vieillir de 10 ans 

Une longue période de stress psychologique réduirait la vie des cellules, au point de provoquer un vieillissement prématuré de dix ans, selon d’autres chercheurs américains. Ceux-ci ont observé l’effet du stress sur le processus de vieillissement chez 58 mères âgées de 20 à 50 ans, dont les deux tiers prenaient soin d’enfants malades chroniques. Les chercheurs émettaient l’hypothèse que les mères s’occupant d’un enfant malade chronique seraient plus sujettes à vivre un stress psychologique plus intense et plus fréquent que les mères d’enfants en santé.

Pour quantifier cet effet, ils ont mesuré la longueur des télomères des deux groupes et se sont aperçus qu’à âge égal, la longueur des telomeres des femmes s’occupant d’enfants malade était beaucoup plus court que celui des mères d’enfants normaux.  En moyenne, la longueur des telomeres des mères du premier groupe correspondait à celui des mère du second groupe dont l’âge était inférieur de dix ans. Le stress aurait donc pour effet notable d’accélérer le vieillissement cellulaire.

 La telomerase, enzyme de jouvence

Le médecin biologiste, Ronald DePinho, chercher à l’universiité de médecine a Harvard a publié dans le très sérieux journal scientifique international Nature, un article présentant le résultat de ses recherches sur la télomérase.

Il s’avère que la stimulation de la télomérase peut régénérer des organes et des tissus. Ainsi, des souris ayant la maladie d’Alzheimer ont notamment vu leurs facultés revenir à la normale et leur volume cérébrale retrouvé une dimension égale à celui d’une souris saine. D’autres études ont montré que si la télomérase est activée, on observe une régénération, donc un rajeunissement, de la peau, des cheveux, des ongles et d’organes fatigués par l’usure et le temps.

Pour en savoir plus

– On peut trouver la présentation par l’université d’Harvard des recherches publiées dans Nature :

– On trouve également des commentaires sur ces recherches par divers médecins gériatres et leurs analyses sur les effets prometteurs de la télomérase:

http://www.telomerase-anti-age.fr/l-avis-du-medecin.html

 

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