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Quel est le lien établi entre l’asthme infantile et la cuisson au gaz ?

Margot Fontenive

Depuis des décennies, la cuisson au gaz est un moyen pratique, efficace et peu coûteux de préparer les repas des familles du monde entier. Cependant, des recherches récentes suggèrent que ce mode de cuisson populaire pourrait présenter des risques sanitaires graves, notamment pour le développement du système immunitaire des jeunes enfants. Existe-t-il un lien entre les symptômes d’asthme chez les enfants et l’utilisation de la cuisson au gaz à la maison ? Dans cet article, nous examinons les preuves qui sous-tendent cette affirmation controversée.

Un rapport récent a confirmé que le lien entre l’utilisation d’une cuisinière à gaz et l’asthme infantile est vrai. Selon le rapport, 12 % des cas d’asthme chez les enfants de l’Union européenne sont liés à l’utilisation d’une cuisinière à gaz. Cela confirme deux études précédentes qui ont mis en évidence l’impact de la cuisson au gaz sur l’asthme chez les enfants.

Quelles sont les causes potentielles de ce danger ?

Il s’agit d’un problème pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la cuisine est une activité quotidienne et la cuisson au gaz est courante dans les foyers. Deuxièmement, la cuisine se fait normalement à l’intérieur, où les irritants provenant de la cuisson au gaz peuvent s’accumuler, surtout en hiver lorsque nous gardons nos portes et nos fenêtres fermées. Enfin, il s’agit d’une question qui a été peu couverte en dehors des cercles universitaires, de sorte que la plupart des gens ne sont toujours pas conscients des risques que la cuisson au gaz peut présenter.

Comment la combustion du gaz peut-elle provoquer de l’asthme ?

La cuisson au gaz libère des substances chimiques telles que le dioxyde d’azote et le formaldéhyde, qui peuvent provoquer une inflammation des voies respiratoires et aggraver les symptômes de l’asthme.

Et pire encore ! même éteinte, la cuisinière à gaz laisse échapper certaines substances dangereuses.

En octobre 2022, une étude américaine a publié ses conclusions selon lesquelles une cuisinière à gaz – même éteinte – pouvait libérer des polluants atmosphériques connus pour avoir un impact négatif sur la santé humaine. L’étude indique que les émissions de la cuisinière comprennent du benzène, qui est un agent cancérigène connu et qui peut favoriser le développement de la leucémie.

La recherche a révélé que ces émissions peuvent se produire lorsque le brûleur de la cuisinière est éteint mais que la veilleuse est toujours allumée, ou lorsque les brûleurs ne sont tout simplement pas nettoyés pendant de longues périodes. Les chercheurs ont étudié différents niveaux d’exposition et de concentration, mais ont conclu que toute exposition au benzène, quelle qu’elle soit, peut avoir des effets dangereux. L’exposition au benzène a été liée à un risque accru de leucémies myéloïdes telles que la leucémie myéloïde aiguë (LMA), ainsi que de certains lymphomes.

Outre l’asthme et la leucémie, d’autres effets secondaires font surface.

Selon un communiqué de presse de l’association Respire, les effets négatifs des polluants émis par la cuisson au gaz vont bien au-delà de son impact sur l’asthme. Des études récentes ont démontré que ces polluants sont néfastes pour les adultes, impactant non seulement leur système respiratoire et nerveux, mais aussi leur cerveau. Les résultats de ces études restent pour l’instant provisoires, et les lobbies du gaz aux États-Unis – où 35 % des ménages cuisinent au gaz – les ont rejetées comme « un pur exercice mathématique de plaidoyer, sans rien de nouveau dans la science ».

Toutefois, il semble que des conclusions plus concrètes pourraient bientôt être tirées. Le directeur général de Respire, Tony Renucci, a annoncé les plans d’une étude qui devrait débuter à l’été 2023 et qui comprendra des mesures effectuées dans 40 logements à travers la France dans des scénarios réels. Ce type d’expérience devrait apporter des réponses très attendues sur les effets néfastes de la cuisson au gaz.

Afin de garantir des résultats fiables, ces expériences mesureront non seulement les niveaux de monoxyde de carbone, mais aussi ceux de dioxyde d’azote et d’autres composés volatils que l’on trouve habituellement dans divers environnements domestiques. Comme il s’agit d’une étude à long terme, Renucci estime que les résultats devraient être disponibles vers le milieu ou la fin de l’année 2024 au plus tard.

Les conclusions de cette étude pourraient avoir des répercussions majeures sur la santé publique à l’avenir. Il est essentiel que ces recherches se poursuivent afin que les gens du monde entier puissent prendre des décisions éclairées sur la façon dont ils cuisinent et chauffent leur maison sans mettre leur santé en danger.

Mesures pour réduire l’exposition.

Il existe une série de mesures simples que vous pouvez prendre pour réduire l’effet des cuisinières à gaz sur les symptômes de l’asthme de votre enfant. Ces mesures comprennent :

  • L’utilisation d’une hotte de cuisine lors de la cuisson, en notant que les hottes de cuisine à haut rendement qui sont ventilées à l’extérieur sont meilleures que celles qui ne font que recirculer l’air.
  • Ouvrir les fenêtres pendant et après la cuisson. Cela est particulièrement vrai si votre maison n’est pas équipée d’une hotte de cuisine.
  • Ouvrir les fenêtres des côtés opposés de la cuisine peut aider à éliminer les polluants plus rapidement.

Il est important de reconnaître qu’une meilleure ventilation joue un rôle important dans la réduction de l’exposition au benzène et aux autres irritants provenant des cuisinières à gaz. Il est également utile que les ménages entretiennent régulièrement leurs cuisinières à gaz et nettoient les brûleurs afin de réduire les émissions.

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