Viande rouge: de 50 à 250% de risque en plus de développer un cancer du sein

Les viandes rouges sont parmi les aliments le plus souvent associés à une augmentation du risque de cancer, en particulier le cancer du côlon.

Mais les effets négatifs de ces viandes ne se limitent cependant pas à ce cancer, elles constituent également un facteur de risque majeur pour le développement de certains types de cancers du sein.

On peut diviser les cancers du sein en deux grands types, caractérisés par l’absence ou la présence de certaines protéines qui se lient aux œstrogènes (les hormones sexuelles féminines). Ainsi, certains types de cancers du sein ne possèdent pas ces protéines de liaison et sont appelés ER –, alors que d’autres en expriment de grandes quantités et sont appelés ER +. Plusieurs observations indiquent que ce sont surtout les cancers du sein ER + qui ont augmenté au cours des dernières années, particulièrement chez les femmes âgées de 40 à 69 ans.

Comme la progression de ces cancers dépend des œstrogènes (on les décrit alors comme des cancers hormonodépendants), ceci suggère que des facteurs hormonaux liés au mode de vie seraient responsables de cette hausse. Par exemple, la nulliparité (absence de grossesse), le déclenchement des menstruations à un âge précoce ainsi que l’utilisation de l’hormonothérapie lors de la ménopause sont tous des facteurs qui semblent augmenter les  quantités d’œstrogènes dans le sang et qui participent ainsi à une hausse de fréquence du cancer du sein.

Cependant, en plus de ces facteurs, de nombreuses observations suggèrent que les modifications importantes au mode d’alimentation au cours des dernières décennies pourraient également jouer un rôle important dans l’augmentation du risque de contracter le cancer du sein hormonodépendant.

En fonction de la viande et de la quantité, le risque s’envole

Les chercheurs de l’Université Harvard ont examiné pendant 12 ans la relation qui existe entre la consommation de viandes rouges et la fréquence du cancer du sein chez près de 100 000 femmes âgées de 26 à 46 ans. Ils ont observé que les femmes qui mangeaient de la viande rouge chaque jour couraient 50 % plus de risques de développer un cancer du sein hormonodépendant que celles qui en consommaient moins de 3 fois par semaine.

Pour les grandes carnivores (plus d’un repas de viande par jour), l’augmentation du risque atteint même les 100 % ! Cette augmentation est observée pour tous les types de viandes rouges (agneau, porc, bœuf), mais elle est particulièrement impressionnante dans les cas de consommation de charcuteries (saucisses, salami, saucissons). Par exemple, les femmes qui mangeaient ces charcuteries plus de trois fois par semaine couraient 250 % plus de risques d’être touchées par un cancer du sein hormonodépendant!

Trois raisons qui expliquent la dangerosité de la viande rouge dans la survenue du cancer du sein

Il existe plusieurs raisons pouvant expliquer le caractère cancérigène de la viande rouge.

Premièrement, la viande cuite ou encore présente dans les charcuteries est une source de molécules cancérigènes, notamment les amines hétérocycliques, les nitrosamines ainsi que les hydrocarbures polycycliques aromatiques. Tous ces composés augmentent la croissance de tumeurs mammaires chez les animaux de laboratoire et pourraient donc participer à la croissance des tumeurs du sein chez les humains, tel que démontré dans plusieurs études.

Deuxièmement, la viande rouge est une source exceptionnelle de fer hémique, c’est-à-dire une forme de fer lié à une molécule appelée hémoglobine. Ce fer est très bien assimilé par nos cellules et est essentiel au bon fonctionnement de l’organisme. Mais il pourrait cependant participer à la croissance des cellules cancéreuses lorsqu’il est présent en trop grandes quantités (comme chez les grands mangeurs de viande). D’ailleurs, il semble que le fer hémique soit un des principaux responsables de l’effet pro-cancérigène de la viande rouge sur le cancer colorectal.

Troisièmement, puisque la viande rouge contient beaucoup de gras saturés et que ces graisses sont depuis longtemps soupçonnées de soutenir la croissance des cancers du sein, il est également fort possible que la consommation abondante de viandes rouges entraîne un surplus de ces matières grasses et une augmentation du risque de cancer.

La meilleure combinaison alimentaire pour éviter ce cancer

La prévention du cancer du sein est une tâche complexe, car le développement de cette maladie dépend de plusieurs facettes du mode de vie. Du point de vue alimentaire, on sait que les légumes crucifères (famille du chou) et certains aliments riches en phytoestrogènes (graines de lin) contiennent des molécules qui bloquent la progression de tumeurs mammaires. La consommation abondante de ces aliments peut donc jouer un rôle préventif important.

De la même façon, la mise en évidence qu’une faible consommation de viandes rouges peut également réduire significativement le risque de cancer du sein chez des femmes encore jeunes (25-50 ans) représente une autre avancée majeure dans notre compréhension de l’impact important de l’alimentation sur le risque de développer ce cancer.

À la lumière de ces résultats, il n’y a aucun doute qu’une augmentation de l’apport en fruits et légumes (surtout les crucifères) couplée à une diminution des viandes rouges, en particulier les charcuteries, représente la meilleure combinaison connue à ce jour pour réduire les risques d’être touchée par cette terrible maladie.

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Hélène Leroy
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