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Démence, Alzheimer : Le bruit de la circulation augmente le risque

Dans un article paru dans le BMJ, des chercheurs ont établi un lien entre la pollution sonore et des problèmes de santé dont la survenue de la démence

Marie Desange

Les facteurs de risque modifiables de démence font l’objet d’une attention croissante. Les chercheurs ont établi un lien entre la pollution sonore et plusieurs problèmes de santé.
Une étude danoise montre un lien possible entre le bruit des transports et un risque accru de diverses formes de démence, notamment la maladie d’Alzheimer.
Plus de 55 millions de personnes de personnes dans le monde sont atteintes d’une forme de démence, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Avec le vieillissement de la population mondiale, les experts s’attendent à ce que ce nombre dépasse 150 millions d’ici 2050.

Facteurs de risque modifiables pour la démence

L’identification des facteurs de risque potentiellement modifiables de démence est essentielle pour prévenir et gérer cette crise sanitaire mondiale croissante.
Une nouvelle étude danoise parue dans la revue The BMJ suggère que l’exposition au bruit de la circulation augmente le risque de développer une démence toutes causes confondues, en particulier la maladie d’Alzheimer. De nombreuses études ont établi un lien constant entre la pollution sonore et divers problèmes de santé comme l’obésité, le diabète et les maladies coronariennes. Cependant, les recherches sur les effets du bruit sur la démence sont rares.

Conscients de la nécessité d’effectuer des tests plus contrôlés, les chercheurs ont étudié l’association potentielle entre l’exposition résidentielle à long terme au bruit des transports et le risque de démence. Le bruit des transports est le deuxième facteur de risque environnemental pour la santé publique en Europe, après la pollution atmosphérique. Environ 20 % de la population européenne est exposée à un bruit de transport supérieur au niveau recommandé de 55 décibels.

Effets d’un sommeil perturbé

L’exposition à ce niveau de bruit pendant la nuit est particulièrement préoccupante, car le sommeil est une période critique pour la restauration mentale et cognitive.
Des études expérimentales suggèrent que le sommeil fragmenté résultant des perturbations sonores est associé à une augmentation du stress oxydatif, à des altérations du système immunitaire et à une inflammation systémique accrue. Les experts considèrent toutes ces conditions comme des événements précoces dans l’apparition de la démence et de la maladie d’Alzheimer.

La nouvelle étude a porté sur près de 2 millions d’adultes, âgés de 60 ans ou plus, qui vivaient au Danemark entre 2004 et 2017. Les chercheurs ont estimé l’exposition au trafic routier et au bruit ferroviaire pour toutes les adresses résidentielles des participants et se sont concentrés sur les côtés les plus et les moins exposés des bâtiments.

L’équipe a utilisé les registres nationaux de santé de haute qualité du Danemark pour identifier les cas de démence toutes causes confondues et d’autres types de démence signalés pendant une période de 8,5 ans. Ces pathologies comprenaient la maladie d’Alzheimer, la démence vasculaire et la maladie de Parkinson. Plus de 103 000 nouveaux cas de démence sont apparus au cours de cette période. Une analyse plus approfondie des données de l’étude a révélé que le bruit de la circulation routière et des chemins de fer était associé à un risque plus élevé de toutes les formes de démence, notamment la maladie d’Alzheimer. Plusieurs études animales indiquent que l’exposition continue au bruit active la formation de gènes clés qui peuvent entraîner des changements neuropathologiques liés à la maladie d’Alzheimer dans l’hippocampe des souris.

Réduire les effets négatifs du bruit

Les auteurs de l’étude notent également une stabilisation ou une diminution des ratios de risque sur les côtés les plus exposés des bâtiments. Ces données apparemment contradictoires sont potentiellement le résultat d’investissements dans une meilleure isolation acoustique à des niveaux de bruit plus élevés. L’apparente priorité accordée aux mesures de réduction du bruit explique peut-être d’autres résultats de l’étude qui suggèrent un risque de démence plus élevé pour les personnes vivant dans des zones suburbaines que pour celles vivant dans des zones urbaines.

Même si elle était vaste et complète, cette étude était basée sur l’observation. Pour cette raison, il n’est pas possible d’établir une causalité.
Parmi les autres limites de l’étude figure le manque d’informations sur les habitudes de vie, qui peuvent jouer un rôle clé dans le risque de démence d’une personne. En outre, les auteurs de l’étude n’ont pas pris en compte le bruit des aéroports, le bruit des activités industrielles ou l’exposition au bruit en milieu professionnel. Les chercheurs concluent en notant que de futures études sont nécessaires pour élargir les connaissances mondiales sur les effets nocifs sur la santé et les coûts de santé attribués à la pollution sonore.

Si certains facteurs ne peuvent pas être contrôlés au niveau individuel, ils peuvent certainement être abordés au niveau de la population par le biais de politiques de lutte contre la pollution sonore. »
Dans un éditorial lié des chercheurs américains conviennent de la nécessité de faire de la réduction du bruit une priorité de santé publique. Ils déclarent : « Les expositions au bruit répandues et substantielles dans le monde entier, la gravité des conséquences sanitaires associées et le peu d’outils dont disposent les gens pour se protéger soutiennent fortement l’argument de l’OMS selon lequel « la pollution sonore n’est pas seulement une nuisance environnementale, mais aussi une menace pour la santé publique.La réduction du bruit par des programmes de transport et d’aménagement du territoire ou des codes de construction devrait devenir une priorité de santé publique. »

Sources

Exposition résidentielle au bruit des transports au Danemark et incidence de la démence : étude de cohorte nationale.

Charge de morbidité environnementale (CME)

 

 

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