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La transplantation fécale améliorerles symptômes moteurs de la maladie de parkinson

Une nouvelle étude suggère que les transplantations fécales pourraient avoir un effet sur les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson.

Francois Lehn

La maladie de Parkinson est l’une des principales causes d’invalidité dans le monde, et bien que des options de traitement soient disponibles, elles peuvent devenir moins efficaces avec le temps. Cependant, une nouvelle étude suggère que les transplantations fécales pourraient avoir un effet sur les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Cette étude ouvre la voie à de nouvelles recherches sur le rôle du microbiome intestinal dans les maladies neurodégénératives.

La transplantation fécale dans la maladie de parkinson

Une petite étude clinique menée en Belgique a révélé que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui ont reçu une transplantation fécale d’un donneur sain ont constaté une amélioration de leurs symptômes par rapport à celles qui ont reçu un placebo. Les résultats de l’étude ont montré une amélioration de 5,8 points du score moteur chez les personnes ayant reçu une transplantation fécale, contre une amélioration de 2,7 points chez celles ayant reçu un placebo.

De plus, des améliorations significatives ont également été observées pour un indicateur objectif de la constipation (temps de transit colique), bien qu’aucune différence significative n’ait été constatée dans les scores rapportés par les patients pour la constipation. Cependant, des symptômes gastro-intestinaux légers ont été observés chez les personnes ayant reçu une transplantation fécale, et une fatigue accrue a été constatée après 12 mois chez les receveurs de la transplantation fécale.

La fatigue comme effet secondaire négatif

Les participants à l’étude ont signalé une amélioration de leurs symptômes moteurs, mais ont également fait état d’une augmentation de la fatigue. Les raisons de cet effet secondaire négatif ne sont pas clairement établies, mais il est possible que des mécanismes inflammatoires soient impliqués. La fatigue est fréquente dans les troubles inflammatoires de l’intestin.

Les effets placebo des transplantations fécales

Une limitation de l’étude est l’importante réaction placebo observée, probablement en raison de la perception invasive du traitement placebo par les participants. Des études antérieures ont montré que plus le traitement placebo est invasif, plus l’effet placebo est important. Il est également possible que certains effets observés dans le groupe placebo ne soient pas uniquement dus à l’effet placebo, mais plutôt à l’effet positif limité d’une transplantation fécale avec ses propres selles sur la fonction intestinale.

L’axe intestin-cerveau dans la maladie de parkinson

Des améliorations ont été observées dans d’autres études sur les transplantations fécales chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. Les perturbations du microbiome chez les patients atteints de la maladie de Parkinson sont connues depuis des années, et il existe plusieurs façons dont l’intestin peut affecter la maladie de Parkinson1. L’une de ces voies est le système nerveux central, par l’intermédiaire du nerf vague jusqu’au système nerveux entérique, puis par les nerfs spinaux jusqu’au cerveau. L’autre voie est le système immunitaire, car 80% des cellules immunitaires du corps se trouvent dans le tractus gastro-intestinal, et notre réponse immunitaire dépend d’un microbiome sain. Enfin, la production d’hormones peut également être affectée par l’intestin1.

L’hypothèse de braak dans la maladie de parkinson

L’hypothèse de Braak dans la maladie de Parkinson est pertinente dans le contexte de cette recherche. Selon cette hypothèse, la maladie de Parkinson commence à se développer lorsqu’un agent pathogène pénètre dans le corps par le nez, atteint l’intestin et initie l’accumulation d’alpha-synucléine dans le nez et le tractus digestif. Certains chercheurs pensent que cette accumulation se propage ensuite au système nerveux et au cerveau, provoquant potentiellement la maladie de Parkinson.

Une seule dose de matière fécale pour améliorer les symptômes

Selon l’auteur principal de l’étude, Herbert DuPont, il est important de montrer qu’une seule dose de transplantation fécale peut avoir un effet durable. Des études antérieures ont utilisé plusieurs doses de transplantation fécale pour obtenir des effets positifs, mais cette étude démontre qu’une seule dose peut également avoir un effet. Cela pourrait avoir des implications importantes pour les futures recherches et les applications cliniques de cette thérapie.

Cependant, si plusieurs doses sont nécessaires, il peut être nécessaire de fournir la transplantation par le biais de capsules, par exemple, ce qui impliquerait de traiter la matière fécale d’une manière qui pourrait détruire de nombreuses cellules, micro-organismes, enzymes et substances biochimiques qui pourraient être bénéfiques. Les recherches futures pourraient également explorer l’utilisation de prélèvements frais ou congelés pour améliorer les résultats de la transplantation fécale.

La transplantation fécale pourrait être une option de traitement prometteuse pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Bien que des résultats positifs aient été observés dans cette étude, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle du microbiome intestinal dans la maladie de Parkinson et pour optimiser les protocoles de transplantation fécale. Cependant, ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles perspectives de traitement pour les patients atteints de cette maladie débilitante.

 

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