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L’activité physique, un bénéfice contre certains effets secondaires de la chimiothérapie

Cette étude révolutionnaire démontre que l'entraînement neuromusculaire peut réduire de manière significative l'incidence de la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie

Le traitement du cancer par chimiothérapie représente souvent un véritable défi pour les patients, non seulement en raison de la maladie elle-même, mais aussi des nombreux effets secondaires potentiellement graves qui peuvent en découler. Parmi ceux-ci, la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie (NPIC) est particulièrement préoccupante. Cette affection, qui peut causer des douleurs chroniques et des problèmes d’équilibre, peut même interrompre le traitement et avoir un impact négatif sur la qualité de vie et les chances de survie des patients. Cependant, une récente étude révolutionnaire a mis en lumière une solution étonnamment simple et abordable pour prévenir et réduire les symptômes de la NPIC : l’entraînement neuromusculaire.

La neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie (NPIC) : un défi majeur

La NPIC est un effet secondaire fréquent chez les patients recevant certains traitements de chimiothérapie, tels que l’oxaliplatine ou les alcaloïdes de la pervenche. Cette affection peut se manifester par divers degrés de douleur, de picotements ou d’engourdissement, ainsi que par des problèmes d’équilibre. Près de la moitié des patients traités par ces médicaments en souffrent de manière chronique, ce qui peut avoir de graves répercussions sur leur qualité de vie et la poursuite de leur traitement.

L’étude révolutionnaire : une percée dans le traitement de la NPIC

Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Bâle et de l’Université allemande des sports de Cologne a apporté une lueur d’espoir dans la prise en charge de la NPIC. Les résultats de cette étude, publiés dans la revue JAMA Internal Medicine, ont révélé que l’entraînement neuromusculaire pouvait réduire l’incidence de la NPIC de 50 à 70 %.

Les groupes de l’étude et leurs résultats

Les chercheurs ont réparti 158 participants recevant une chimiothérapie à base d’oxaliplatine ou d’alcaloïdes de la pervenche en trois groupes :

Le groupe de contrôle, qui a bénéficié des soins standard (traitement habituel)
Le groupe d’entraînement sensori-moteur (ESM), qui a suivi un entraînement axé sur les défis d’équilibre
Le groupe d’entraînement par vibrations corporelles totales (VCT), qui a effectué un entraînement sur un plan vibrant

Au terme de la période d’étude de cinq ans, les chercheurs ont constaté que le groupe de contrôle avait développé près du double de cas de NPIC par rapport aux deux autres groupes ayant bénéficié d’un entraînement spécifique. De plus, les participants des groupes d’entraînement ont présenté une meilleure qualité de vie, des taux de mortalité plus faibles et une moindre nécessité d’ajuster leur médication, souvent requise lorsque la NPIC a un impact significatif sur le patient.

L’importance des résultats de l’étude

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Cette étude représente une avancée majeure dans la prise en charge de la NPIC, d’autant plus qu’il n’existe actuellement aucun traitement pharmacologique efficace contre cette affection. Jusqu’à présent, les patients atteints de NPIC n’avaient d’autre choix que de subir les conséquences de cette complication, pouvant même être contraints d’interrompre leur traitement de chimiothérapie.

Les bénéfices de l’activité physique pour les patients atteints de cancer

Les experts soulignent que les résultats de cette étude s’inscrivent dans une tendance plus large visant à reconnaître les bienfaits de l’activité physique pour les patients atteints de cancer. En effet, de nombreuses études ont démontré que la pratique régulière d’exercice physique peut réduire le risque global de cancer, le taux de mortalité et les risques de récidive, en particulier pour les cancers du sein et du côlon.

L’entraînement neuromusculaire, une solution abordable et facile à mettre en œuvre

L’un des principaux avantages de cette approche est sa facilité de mise en œuvre et son faible coût. Les sessions d’entraînement, d’une durée de 15 à 30 minutes seulement, deux fois par semaine, se sont révélées suffisantes pour obtenir des résultats significatifs et cliniquement pertinents. Cela en fait une solution accessible et facile à intégrer dans la prise en charge des patients pendant leur traitement par chimiothérapie.

Les experts recommandent généralement 30 minutes d’exercice modéré par jour, de préférence une activité que le patient apprécie et peut donc pratiquer de manière régulière. Un programme validé comme l’Exercise for Cancer Patients (EXCAP), qui combine marche aérobie et renforcement musculaire, peut être une excellente option.

Comprendre les mécanismes d’action de l’activité physique

Bien que les mécanismes exacts par lesquels l’activité physique agit sur la NPIC ne soient pas encore complètement élucidés, plusieurs hypothèses ont été avancées. Il pourrait s’agir notamment du maintien de la force musculaire pendant le traitement et/ou de l’augmentation du flux sanguin vers les nerfs périphériques.

L’activité physique, un atout pour la survie des patients

Au-delà de la prévention et du traitement de la NPIC, l’activité physique semble également avoir un impact positif sur les taux de survie des patients atteints de cancer. En effet, en les rendant plus résilients et adaptables à la chimiothérapie, l’exercice pourrait améliorer les chances de survie à long terme.

Perspectives et recommandations pour de futures recherches

Bien que les résultats de cette étude soient très encourageants, les experts soulignent la nécessité de mener des recherches supplémentaires, notamment sur des échantillons plus importants, en différenciant les types de cancer et les traitements de chimiothérapie utilisés. Ces études permettraient de mieux comprendre le potentiel de l’activité physique pour atténuer les symptômes de la NPIC.

 

Cette étude révolutionnaire démontre que l’entraînement neuromusculaire peut réduire de manière significative l’incidence de la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie, offrant ainsi une solution abordable et accessible aux patients atteints de cancer. Avec ses bénéfices en termes de qualité de vie, de mortalité et de poursuite du traitement, l’activité physique s’impose comme un allié de choix dans la prise en charge globale des patients cancéreux.

 

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François Lehn

François Lehn, journaliste science/santé depuis 20 ans, auteur, il a notamment été la "Plume" et l'assistant du Pr David Servan-Schreiber.

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