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ActualitéMédecine douce

Etude : Solitude et divorce dégradent plus la santé des hommes que des femmes

Le divorce ou les ruptures relationnelles sont associés à une moins bonne santé chez les hommes.

Marie Desange

Une étude récente a examiné les liens entre les ruptures relationnelles et l’inflammation. Le divorce ou les ruptures relationnelles sont associés à une moins bonne santé chez les hommes.
Une nouvelle étude portant sur des adultes d’âge moyen au Danemark a révélé que le fait de vivre seul et de connaître plus de ruptures relationnelles est lié à des niveaux plus élevés d’inflammation chez les hommes. L’étude n’a révélé aucun lien de ce type chez les femmes.

Les scientifiques ont déjà montré que, chez les hommes, le divorce ou la rupture d’une relation entraîne souvent un déclin de la santé et est associé à une mortalité accrue. La rupture d’une relation conduit souvent à vivre seul, ce qui est également lié à des problèmes de santé.

Des études précédentes ont trouvé une association entre l’isolement social et des niveaux plus élevés d’inflammation, suggérant une voie physiologique potentielle. Toutefois, peu d’études antérieures se sont penchées sur la manière dont cette association pourrait fonctionner sur une plus longue période. Comme le nombre de personnes vivant seules augmente dans les populations occidentales, les scientifiques sont désireux de comprendre les liens entre les relations personnelles et les états pathologiques. Une étude récente et de grande envergure menée au Danemark vient enrichir nos connaissances. Les auteurs ont identifié une association significative entre les ruptures de partenariat ou les années vécues seules et l’augmentation des niveaux d’inflammation chez les hommes. L’étude est publiée dans le Journal of Epidemiology & Community Health.

Le professeur Rikke Lund de l’université de Copenhague au Danemark, l’un des principaux auteurs de l’étude, a expliqué : « Étant donné que l’augmentation des niveaux d’inflammation est associée à une mortalité et une morbidité accrues pour un certain nombre de maladies chroniques, notre étude contribue […] à un mécanisme de liaison potentiel ». L’étude a utilisé les données de personnes d’âge moyen couvrant 26 années de vie adulte. C’est la première étude à examiner les effets de vivre seul pendant une période plus ou moins longue et de connaître zéro, un ou plusieurs divorces ou ruptures de relations de cohabitation.

Marqueurs de l’inflammation en hausse: dégradation de la santé accentuée

L’inflammation est la façon dont l’organisme se défend contre les toxines, les blessures et les infections. L’inflammation aiguë dure quelques heures ou quelques jours, par exemple après une coupure au genou. L’inflammation chronique est la persistance de la réaction d’inflammation. Les globules blancs peuvent inonder le système et attaquer les tissus sains. L’interleukine 6 (IL-6)et la protéine C-réactive (CRP) sont deux molécules impliquées dans la réaction d’inflammation. Des taux élevés d’IL-6 et de CRP sont associés à de nombreux effets néfastes sur la santé, tels qu’un risque accru d’événements cardiovasculaires, une diminution des performances physiques et cognitives et un risque plus élevé de décès.

Données provenant d’un suivi durant 26 ans de milliers d’adultes

L’équipe de l’étude, basée à l’Université de Copenhague, a analysé les données de la Copenhagen Aging and Midlife Biobank. Au total, ils ont utilisé les données de 4 835 participants, tous âgés de 48 à 62 ans. Les données s’étendaient sur 26 ans, de 1986 à 2011. Pour 4 612 personnes (3 170 hommes et 1 442 femmes), les données comprenaient des informations sur le nombre de ruptures. Pour 4 835 personnes (3 336 hommes et 1 499 femmes), les données comprenaient des informations sur le nombre d’années vécues seules.

Les chercheurs ont également recueilli des informations sur les facteurs susceptibles d’influencer les résultats de l’étude. Il s’agissait notamment du niveau d’éducation, du poids, des conditions médicales, des premiers événements majeurs de la vie, des médicaments susceptibles d’influencer l’inflammation, des traits de personnalité et de tout épisode récent d’inflammation. Les participants ont fourni des échantillons de sang afin d’évaluer les niveaux d’IL-6 et de CRP comme indication des niveaux d’inflammation.

Des résultats différents chez les hommes et les femmes

Après avoir ajusté une série de variables potentiellement confusionnelles, les scientifiques ont constaté que chez les hommes, un plus grand nombre de ruptures relationnelles ou d’années de vie en solitaire était associé à une augmentation des marqueurs inflammatoires par rapport à un groupe de référence d’hommes n’ayant pas connu de rupture relationnelle ou ayant vécu seuls pendant 0 à 1 an.
L’augmentation la plus importante des niveaux d’inflammation s’est produite dans le groupe d’hommes ayant connu le plus de ruptures: deux ou plus. Par rapport au groupe de référence, ils présentaient des niveaux de marqueurs inflammatoires 17 % plus élevés. De même, les hommes qui avaient vécu seuls le plus longtemps, 7 ans ou plus, présentaient des niveaux d’inflammation supérieurs de 12 % à ceux du groupe de référence. L’étude n’a révélé aucun effet de ce type chez les femmes. Ces résultats suggèrent que les hommes, et non les femmes, sont considérablement désavantagés par les ruptures de relation ou le fait de vivre seul.

Quelques années de solitude ou quelques ruptures ne sont pas des facteurs de risque pour la santé en soi, mais la combinaison de plusieurs années de solitude et de plusieurs ruptures crée un risque accru de marqueurs inflammatoires élevés chez les hommes.

Pourquoi les résultats sont-ils différents chez les femmes ?

Les auteurs proposent un certain nombre d’explications possibles pour expliquer pourquoi les femmes n’ont pas été touchées de la même manière que les hommes. Tout d’abord, il se pourrait que les femmes tirent moins de bénéfices de leur mariage sur le plan de la santé. Si tel est le cas, une rupture entraînerait moins de risque de dégradation de la santé. Deuxièmement, il est prouvé que les jeunes hommes ont une réponse inflammatoire plus importante que les femmes, ce qui peut persister plus tard dans la vie. Les auteurs notent également que le groupe de femmes participant à l’étude était relativement restreint, ce qui pourrait signifier qu’une véritable association n’a pas été décelée.

Source

 

Do partnership dissolutions and living alone affect systemic chronic inflammation? A cohort study of Danish adults

 

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