Blues hivernal et trouble affectif saisonnier : quelle différence ?
Blues hivernal et trouble affectif saisonnier sont liés à la saisonnalité mais présentent des différences importantes. Nommer blues hivernal un trouble TAS est une erreur commune.

Pour faire la différence entre blues hivernal et trouble affectif saisonnier (TAS), il faut passer par leur description précise car parfois on a tendance à prendre l’un pour l’autre :
- le blues hivernal se manifeste par une humeur maussade liée à la saison, peu intense et surtout peu durable (quelques jours par mois). Certaines recherchent considèrent que le blues hivernal est une forme légère de TAS. L’appellation médicale du blues hivernal est trouble affectif saisonnier subsyndromique, ce qui signifie que les symptômes ressentis sont comparables à ceux du TAS mais ne sont pas aussi sévères.
- Le trouble affectif saisonnier (TAS) répond à un diagnostic médical précis et l’expression blues hivernal ne lui convient pas. C’est un type de dépression récurrente : des épisodes dépressifs se produisent chaque année. Il serait associé à la diminution de la luminosité durant les mois d’hiver et, bien que cela soit rare, il peut se produire en été. Il est marqué par une composante génétique et un schéma prédominant. Les examens révèlent aussi un taux affaibli de sérotonine et des déséquilibres de la mélatonine. Cette affection se traite par des médicaments et la luminothérapie.
Comment faire la part des choses entre blues hivernal et trouble affectif saisonnier ?
Se sentir triste ou morose en hiver pourrait évoquer le blues hivernal. Si ces symptômes empêchent de vivre normalement, il peut s’agir d’un trouble plus grave : le TAS.
Le TAS est un malaise complexe, bien plus que de la tristesse. Il se manifeste par les symptômes des troubles dépressifs majeurs : problèmes récurrents de sommeil, fluctuation de la motivation, de l’énergie, perte d’appétit et de poids. Ces problèmes peuvent conduire à s’isoler et à l’incapacité de ressentir de la joie de vivre et du plaisir (appelé anhédonie).
3 % de la population est atteinte de trouble affectif saisonnier soit :
- 10 à 20 % des personnes affectées de troubles dépressifs majeurs : un trouble dépressif majeur est une humeur dépressive persistante, une perte d’intérêt pour des activités autrefois appréciées qui durent au moins deux semaines de suite. Une faible estime de soi, une baisse d’énergie, des douleurs corporelles sans raisons établies font aussi partie du tableau clinique. Des traitements médicamenteux et de la psychothérapie sont prescrits.
- 25 % de celles souffrant de bipolarité : il s’agit d’une pathologie mentale qui provoque des changements inhabituels d’humeur, de l’énergie, de la concentration et de l’activité. La vie quotidienne peut être lourdement impactée. La maladie bipolaire peut se manifester par des épisodes maniaques, très énergiques, des phases dépressives et hypomaniaques. Les femmes, les jeunes adultes sont plus touchés que les hommes et les personnes âgés.
Le trouble affectif saisonnier est parfois une pathologie familiale : 15 % des personnes atteintes ont un parent de premier degré touché par la maladie.
Un TAS très sévère peut conduire à l’alcoolisme, aux drogues, à l’automutilation et aux idées suicidaires. Dans un cas semblable, il faut immédiatement consulter un spécialiste de la santé mentale.
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Quels autres facteurs sont déclencheurs du trouble affectif saisonnier ?
Changements du rythme circadien ou horloge biologique
La diminution de la lumière en automne et en hiver peut déclencher l’apparition du TAS hivernal. La maladie affecte l’horloge corporelle interne, ce qui provoque des sentiments dépressifs.
Niveau du taux de sérotonine
La sérotonine est une substance chimique du cerveau qui joue sur l’humeur. La réduction de la luminosité solaire peut entraîner une chute de la sérotonine et déclencher une dépression.
Niveau du taux de mélatonine
La mélatonine est une hormone qui affecte l’humeur du corps et les habitudes de sommeil. Les changements saisonniers peuvent déséquilibrer le niveau de mélatonine et conduire à des symptômes dépressifs.
Antécédents personnels ou familiaux
Il peut s’agir de dépression majeure ou de troubles bipolaires. Ces pathologies peuvent s’aggraver avec la saison hivernale. Les personnes qui ont des antécédents de ce type sont plus susceptibles de souffrir de TAS.
Lieu de vie
Le TAS est plus fréquent dans les zones très au nord ou très au sud de l’équateur. La diminution de la lumière du soleil en hiver et la longueur des jours d’été peuvent être en cause.
Teneur en vitamine D
Une partie de la vitamine D est produite lorsque la peau est exposée au soleil. La vitamine D peut stimuler la sérotonine. Une lumière solaire réduite et un apport insuffisant en vitamine D par les aliments peuvent provoquer le TAS.
Stress
La tensions nerveuse, les pensées et sentiments négatifs durant la saison du TAS sont des déclencheurs.
Que veut dire schéma du TAS ?
Une tendance saisonnière
Le diagnostic est posé dès lors qu’une personne ressent un trouble dépressif majeur au cours de 2 saisons particulières pendant au moins 2 ans. Ces épisodes se produisent le plus souvent à l’automne et en hiver alors que l’humeur reste stable le reste de l’année.
Une prévalence selon le lieu de vie, l’âge ou le sexe
- altitudes élevées ou au nord du globe,
- jeunes adultes
- population féminine de naissance
Quels sont les signes et symptômes du TAS ?
Ils sont variables selon les personnes et la saison, chaque TAS est individuel et unique :
- sentiment de tristesse, d’anxiété, de vide d’engourdissement : la plupart des jours ou presque pendant au moins deux semaines,
- sentiment d’impuissance ou de désespoir,
- irritabilité, frustration ou agitation,
- perte d’intérêt pour des activités habituellement pratiquées,
- fatigue, baisse d’énergie, manque de motivation, retrait social,
- difficulté de concentration, mémorisation et de décision,
- changement dans les habitudes de sommeil ou troubles du sommeil, sommeil excessif,
- perte ou excès d’appétit et changements de poids inexpliqués,
- consommation d’alcool ou de drogues,
- pensées noires ou suicidaires,
- douleurs, maux de tête, troubles digestifs sans causes évidentes qui ne s’améliorent pas avec le traitement
Quand est-ce que les symptômes vont s’améliorer ?
Le TAS : les troubles s’améliorent au retour des beaux jours. Les mois les plus sévères en Europe sont janvier et février, en plein cœur de l’hiver. Le TAS dure en général toute la saison. Certaines personnes éprouvent une forme plus rare par temps chaud : le trouble affectif saisonner estival début au printemps et se termine en automne.
Le blues hivernal : comme il cause une légère dépression plus courte et sporadique, les symptômes s’améliorent en 1 à 2 jours.
Quand consulter pour un blues hivernal ou un trouble affectif saisonnier ?
Si le mal-être dure des jours et des jours, il faut consulter un médecin pour se faire aider. Il saura faire la différence entre le blues hivernal et le trouble affectif saisonnier.
Il existe une méthode pour dépister le TAS : entretien clinique, questionnaires standards permettant de comparer avec des bases de données, examens physiques.
Le praticien établira un diagnostic précis et proposera un plan de traitement adapté aux besoins. Les options principales sont la luminothérapie, la psychothérapie, un supplément de vitamine D et des antidépresseurs :
- exposition à la lumière : stimule les substances chimiques du cerveau liées à l’humeur,
- psychothérapie : aide à faire face au stress et aux pensées négatives,
- antidépresseurs : utilisés seuls ou avec la psychothérapie, modifient la façon dont le cerveau produit les molécules chimiques impliquées dans l’humeur,
- vitamine D : le TAS peut être lié à une carence de cette vitamine.
Le praticien est aussi de bon conseil pour les habitudes de vie :
- sortir à la lumière de jour le plus possible : stimule la sérotonine,
- faire de l’activité physique régulièrement 30 à 60 minutes chaque jour : l’exercice libère de la sérotonine, des endorphines et des hormones bien-être. Il améliore l’estime de soi et le sommeil,
- rencontrer des proches : participer à des activités sociales même si c’est difficile, parler aux autres peut faire beaucoup de bien,
- manger équilibré : fruits et légumes, acides gras omégas-3 agissent sur l’humeur et augmentent l’efficacité des antidépresseurs,
- utiliser des techniques antistress : relaxation et méditation calment le mental et augmentent le ressenti positif,
- rester actif : avoir une activité tous les jours comme la lecture, la peinture, le jardinage aide à faire face et à s’évader dans la tête.
Sources
American psychological association : le TAS, bien plus qu’un blues hivernal
Royal college of Psychiatrists : troubles affectifs saisonniers
National Alliance of Mental Illness : trouble dépressif majeur avec profil saisonnier
Science Direct : comment le stress peut conduire à la dépression