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Médecine douce

Gueule de bois à répétition, c’est le coeur qui trinque

Hélène Leroy

La gueule de bois est certainement l’effet secondaire le plus fréquemment associé à la consommation excessive d’alcool.  Même si on croit souvent que cet état désagréable est causé par la déshydratation, il s’agit en fait d’un phénomène beaucoup plus complexe qui fait intervenir des processus inflammatoires qui finissent par nuire au cœur.

La « gueule de bois », connue en médecine sous le nom de « veisalgie », touche au moins une fois par année 75 % des personnes qui consomment de l’alcool, 15 % des buveurs allant même jusqu’à expérimenter cet état une fois par mois. La veisalgie débute généralement de six à huit heures après la fin de la consommation d’alcool, c’est-à-dire lorsque le niveau d’alcool dans le sang diminue, et atteint un maximum lorsque les dernières traces d’alcool sont éliminées de la circulation. Les symptômes de la veisalgie peuvent varier d’une personne à l’autre.  Il n’est pas rare que ces malaises persistent plus de 24 h après la fin des festivités.

Bouche sèche: cette impression de « gueule de bois »

La consommation excessive d’alcool provoque une acidose métabolique (réduction du pH sanguin due à une hausse de lactate et d’acides gras libres) ainsi que plusieurs modifications dans les taux des hormones impliquées dans le contrôle du volume de liquide corporel. La combinaison de ces facteurs mène à un état de déshydratation caractérisé par une sécheresse de la bouche (d’où l’expression « gueule de bois » !) et une soif plus prononcée qu’à la normale. Cependant, plusieurs facteurs peuvent causer une déshydratation similaire sans pour autant provoquer les malaises associés à la veisalgie. Il est donc probable que d’autres mécanismes sont à l’œuvre dans le développement de ce phénomène.

L’abus d’alcool entraîne une réaction inflammatoire

L’alcool provoque une augmentation de plusieurs molécules inflammatoires (interleukine-12, l’interféron gamma, prostaglandines, etc.) et des études ont montré que la gravité de la veisalgie était corrélée au taux sanguin de certains marqueurs de l’inflammation, notamment la protéine C réactive. Les facteurs responsables de cet effet inflammatoire pourraient être dus à l’alcool lui-même ainsi qu’à la présence « d’impuretés » appelées « congénères » dans les boissons alcoolisées. Ces congénères (amines, amides, histamine, polyphénols) sont produits au cours du processus de fermentation et sont les grands responsables des effets indésirables de ces boissons.

Certains alcools pires que d’autres

Il est bien établi que les boissons qui contiennent le plus de congénères (whisky, cognac, tequila, vin rouge) provoquent une veisalgie plus importante que les boissons contenant moins d’additifs, comme la vodka et le gin. Par exemple, une étude a rapporté que 33 % des volontaires ayant consommé une quantité importante de whisky
(1,5 g/kg) ont développé une veisalgie, contre seulement 3 % pour ceux qui avaient consommé la même quantité d’alcool sous forme de vodka.

Hausse des maladies de cœur

Lorsqu’elle ne se produit qu’occasionnellement, la gueule de bois est un état désagréable, mais qui n’entraîne pas de conséquences majeures pour la santé. Par contre, des études ont montré que lorsqu’elles se produisent de façon répétitive, ces veisalgies sont corrélées à une hausse de la mortalité due aux maladies du cœur, un effet vraisemblablement lié à l’effet pro-inflammatoire causé par l’abus d’alcool. Une autre bonne itration des avantages qu’il y a à boire modérément !

Source

Wiese et coll. The alcohol hangover. Ann In- tern Med ;132:897-902.

Wiese et coll. Effect of Opuntia ficus indica on symptoms of the alcohol hangover. Arch Intern Med,164 :1334-40.

Prat et coll. Alcohol hangover: a critical review of explanatory factors. Human Psycho-pharm, 2009;24:259-67.

Kauhanen et coll. Frequent hangovers and cardiovascular mortality in middle-aged men. Epidemiology ;8:310-14.

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