Avez-vous besoin de contacter la rédaction ? Envoyez vos e-mails à [email protected] ou sur notre formulaire.
Science

Sortie du corps : 10% de la population a vécu cette expérience

Marie Desange

Des expériences de sorties du corps sont parfois rapportées après une opération, un accident, des séances de méditations intenses ou lors du sommeil. Ces expériences sont souvent décrites comme ceci. Pendant votre sommeil, votre corps spirituel se libère et dérive vers le haut tandis que votre enveloppe physique est laissée seule sur le lit du dessous. Les deux sont reliées seulement par un cordon argenté et fragile. Vous vous retournez et vous observez que vous dormez paisiblement. Serait-ce là une preuve de l’âme ? Serait-ce une preuve de vie après la mort ?

Les rapports sur les expériences extracorporelles (OBE: Out of Body Expérience) varient. Certaines ne consistent en rien de plus qu’un sentiment fugace que le corps et l’esprit se sont détachés. Tandis que d’autres racontent des histoires de flottement loin du corps physique de la personne et de voyage dans les plaines de l’autre monde. Quoi qu’il en soit, les OBE ont fasciné l’humanité pendant des siècles, pénétrant le folklore, les croyances spirituelles et la mythologie. Au XIXe siècle, par exemple, l’OBE est devenu un sujet populaire du mouvement littéraire romantique et, comme on pouvait s’y attendre, les premiers chercheurs en psychologie en ont parlé avec enthousiasme.

10% de la population a vécu une sortie de corps

Selon les enquêtes, environ 10 % de la population a fait l’expérience d’OBE au moins une fois. Il doit donc y avoir plus qu’un désir de vivre éternellement ou une imagination débordante. Bien qu’historiquement, la plupart des recherches sur l’OBE aient été menées en marge de la science, elles ont attiré une attention un peu plus sérieuse ces dernières années. Dans cet article, nous allons discuter de certains de ces résultats.

Quand est-ce qu’une expériences de sortie du corps survient-elle ?

Les cas d’OBE ont été documentés dans diverses situations. On peut les classer en deux catégories : les cas spontanés et les cas induits.

Les expériences de sortie du corps spontanées

Divers facteurs pourraient déclencher une OBE spontané. Il s’agit notamment des facteurs suivants:

– Expériences de sortie du corps lors du sommeil

Les OBE spontanées sont le plus souvent signalées comme survenant juste avant l’endormissement ou juste avant le réveil. Elles sont plus susceptibles de se produire lorsque le sommeil n’est pas particulièrement profond. En raison du bruit, du stress ou d’une maladie, par exemple.

– Expériences de sortie du corps après un effort physique

Des cas d’OBE ont également été signalés après ou pendant un effort physique extrême.

– Expériences de mort imminente (NDE):

Les OBE se produisent parfois en même temps que des visions de « lumière au bout du tunnel ».

D’autres OBE spontanées ont été signalées lors de méditations, d’accidents ne mettant pas la vie en danger, d’anesthésies, d’hypnoses, de naissances d’enfants, de suffocations, de tirs, de danses ou de discussions.

Expériences de sortie du corps induites

D’un point de vue scientifique, les OBE induits offrent un aperçu plus intéressant de la base physique des OEB. Ils comprennent :

– Les drogues

Les drogues hallucinogènes, et en particulier les hallucinogènes dissociatifs: tels que le DMT, le MDA, le LSD et la kétamine peuvent donner lieu à des OBE induits.

– Privation ou surcharge sensorielle

Un manque d’informations sensorielles (flotteurs ou écoute de bruit blanc) ou une surcharge (torture) peuvent également les déclencher.

– La force G

Les pilotes et les astronautes sont parfois victimes d’OEB. Par exemple, lorsque des forces G extrêmes sont rencontrées, le sang peut s’écouler partiellement de certaines parties du cerveau. Cela semble avoir le pouvoir d’induire un OBE. Dans ce cas, l’OBE se produit dans le cadre d’un phénomène appelé « perte de conscience due à la gravité ». Les aspects les plus surréalistes de cette expérience ne sont pas abordés librement par la plupart des pilotes, mais certains en donnent des témoignages vivants.

Il n’y a pas que les forces G extrêmes qui peuvent déclencher des OBE chez les pilotes. Même pendant les vols standard, les pilotes peuvent subir des expériences sensorielles étranges, que l’on appelle collectivement désorientation spatiale (SD). Dans un épisode particulier de DS, connu sous le nom de « phénomène de rupture », un pilote peut avoir l’impression d’être assis sur l’aile, se regardant piloter l’avion. Le SD est considéré comme l’un des facteurs les plus courants contribuant aux accidents d’aviation. La fatigue, le stress, les drogues, le faible niveau d’éclairage et la surcharge ou la privation sensorielle sont parmi les facteurs potentiellement impliqués.

Expériences de sortie du corps: qu’en dit la science?

L’aspect le plus controversé de l’OBE est peut-être la perception véridique. C’est-à-dire l’affirmation selon laquelle, pendant un OBE, le spectateur peut littéralement flotter hors de son corps et être témoin de quelque chose ou de quelqu’un qu’il n’aurait pas pu voir autrement. Bien que le scepticisme abonde, les partisans de la vie après la mort ont utilisé à plusieurs reprises cette histoire comme « preuve » d’une capacité à flotter au-delà du corps.

Certaines de ces histoires sont intrigantes et fascinantes. Une étude datant de 2014, intitulée Awareness during Resuscitation (AWARE), a été la première enquête sérieuse à grande échelle sur les NDE. L’étude portait sur la possibilité d’une perception vérifiable pendant les OBE. La recherche a impliqué plusieurs hôpitaux et des centaines d’entretiens avec des survivants d’arrêts cardiaques.

Une expérience pour vérifier la véracité des sorties de corps

Pour déterminer si des personnes avaient réellement flotté au-dessus d’elles et avaient observé leur environnement, les chercheurs ont placé des photos sur des étagères qui ne pouvaient être vues que d’en haut. De cette façon, ils pouvaient vérifier si les personnes victimes d’un arrêt cardiaque pouvaient réellement quitter leur corps. Bien qu’il n’y ait eu que deux cas réels d’OBE au cours de l’étude, aucun des deux n’a pu établir un lien précis entre les images des étagères.

Nous attendons avec impatience la phase suivante, connue sous le nom d’AWARE II. Comme l’écrivent les auteurs, « Un autre rappel véridique est une possibilité réelle dans les plus de 1 000 cas suivis. Qui sait, un rappel visuel toujours insaisissable peut encore être trouvé ».

Expériences de sortie du corps par stimulation directe du cerveau

En 1955, un neurochirurgien canadien du nom de Wilder Penfield a stimulé électriquement le cerveau de personnes épileptiques. Une fois, il a stimulé le lobe temporal droit d’un patient et celui-ci s’est exclamé : « Oh mon Dieu ! Je quitte mon corps ». En 2002, un groupe suisse travaillant également sur des patients épileptiques a fait passer un faible courant dans le gyrus angulaire droit d’un patient, qui est l’endroit où le lobe pariétal rencontre le lobe temporal. Cette région est également appelée la jonction temporo-pariétale. Le patient transmettait une sensation de « chute de hauteur ». En augmentant le courant, elle a dit : « Je me vois allongée dans le lit, d’en haut, mais je ne vois que mes jambes et le bas de mon tronc. »

Notre cerveau fait un très bon travail pour nous épingler dans la réalité. Mais nous oublions souvent que les épingles sont une illusion et qu’elles peuvent donc parfois être ébranlées.

Dans une autre étude menée par Blanke, lui et son équipe ont étudié six patients présentant des lésions cérébrales qui leur ont causé des OBE occasionnelles. Ils ont découvert que « le gyrus angulaire était impliqué chez les cinq patients chez lesquels l’analyse des lésions pouvait être effectuée ».

Sources

https://www.sciencedaily.com/releases/2007/08/070823141057.htm

https://www.atsb.gov.au/publications/2007/b20070063.aspx

https://www.researchgate.net/publication/7578454_Near-death_experiences_in_cardiac_arrest_survivors

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25301715/

https://academic.oup.com/brain/article/127/2/243/347826

Avez-vous trouvé cet article utile?
À lire aussi