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Le manque et l’excès de sommeil liés à un risque accru d’AVC

Une nouvelle étude met en évidence le lien entre divers problèmes de sommeil et un risque accru d'accident vasculaire cérébral

Marie Desange
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Une nouvelle étude met en évidence le lien entre divers problèmes de sommeil et un risque accru d’accident vasculaire cérébral. Les chercheurs ont étudié le lien entre les problèmes de sommeil et le risque d’accident vasculaire cérébral. Ils ont constaté que les problèmes de sommeil multipliaient par cinq l’incidence des accidents vasculaires cérébraux.

Un sommeil de qualité est essentiel pour la santé. Les problèmes de sommeil vont d’une durée de sommeil trop courte ou trop longue à des difficultés à s’endormir et à rester endormi, en passant par des symptômes tels que le ronflement, le reniflement et les pauses respiratoires. Des études montrent que l’apnée obstructive du sommeil est associée aux accidents vasculaires cérébraux. On ne sait pas encore si d’autres troubles du sommeil sont liés aux accidents vasculaires cérébraux. En savoir plus sur la façon dont les problèmes de sommeil peuvent affecter le risque d’AVC pourrait contribuer à l’élaboration de stratégies de prévention.

Récemment, des chercheurs ont étudié le lien entre les problèmes de sommeil et l’incidence des accidents vasculaires cérébraux aigus. Ils ont constaté que plus les individus avaient des problèmes de sommeil, plus ils étaient susceptibles de subir un accident vasculaire cérébral. L’étude est publiée dans la revue Neurology.

Si des changements physiologiques indépendants liés à un mauvais sommeil peuvent prédisposer aux accidents vasculaires cérébraux, il est probable que le sommeil en général représente un épiphénomène des facteurs de risque connus d’accidents vasculaires cérébraux tels que l’obésité, l’âge avancé, la consommation d’alcool, etc. Le sommeil peut être un facteur de risque modifiable pour l’AVC et les cliniciens devraient évaluer la qualité et la durée du sommeil des patients.

Problèmes de sommeil et risque d’AVC

Pour l’étude, les chercheurs ont analysé les données de santé de 1 799 participants ayant subi un accident vasculaire cérébral ischémique, le type d’accident vasculaire cérébral le plus courant, dans lequel un caillot de sang bloque une artère menant au cerveau. Ils ont également analysé les données de 439 personnes ayant subi une hémorragie intracérébrale (HIC), saignement dans le tissu cérébral, et de 4 496 témoins appariés selon l’âge et le sexe. Les participants avaient en moyenne 62 ans.

Enfin, les chercheurs ont interrogé les participants sur leurs habitudes de sommeil, notamment la durée et la qualité du sommeil, au cours du mois précédant l’accident vasculaire cérébral. Au final, les chercheurs ont constaté que de multiples problèmes de sommeil étaient liés à une augmentation de l’incidence des accidents vasculaires cérébraux. Plus précisément, les personnes qui dormaient moins de 5 heures par nuit étaient trois fois plus susceptibles de subir un accident vasculaire cérébral que celles qui dormaient 7 heures. Par ailleurs, le risque d’accident vasculaire cérébral était doublé pour les personnes dormant plus de 9 heures par nuit par rapport à celles dormant 7 heures.

L’apnée du sommeil (pauses respiratoires plusieurs fois par heure) était liée à un risque trois fois plus élevé d’accident vasculaire cérébral. La sieste d’une heure ou plus était également liée à un risque d’AVC 88 % plus élevé que l’absence de sieste. Les chercheurs ont également constaté que les personnes qui ronflaient étaient 91 % plus susceptibles d’avoir un accident vasculaire cérébral que celles qui ne ronflaient pas, et que celles qui reniflaient étaient presque trois fois plus susceptibles d’avoir un accident vasculaire cérébral que celles qui ne ronflaient pas. Ils ont également constaté que plus les individus avaient de problèmes de sommeil, plus ils étaient susceptibles de subir un accident vasculaire cérébral ou une HIC.

Non seulement ces résultats suggèrent que les problèmes de sommeil individuels peuvent augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral, mais le fait de présenter plus de cinq de ces symptômes peut entraîner un risque d’accident vasculaire cérébral cinq fois plus élevé que chez les personnes qui n’ont aucun problème de sommeil. Les résultats sont restés valables même après que les chercheurs ont contrôlé les facteurs de confusion potentiels, notamment la dépression, la consommation d’alcool et l’activité physique.

Le sommeil, ce troisième pilier de la santé

80 % du sommeil des adultes est un sommeil non paradoxal et, pendant cette période, le système cardiovasculaire est contrôlé par le système nerveux autonome qui réduit la pression artérielle, la fréquence cardiaque et la tension cardiovasculaire. Ces facteurs ont un effet protecteur sur la santé cardiovasculaire. Les perturbations du sommeil, notamment l’apnée du sommeil, l’insomnie et le travail de nuit, peuvent altérer cet effet protecteur en réduisant le temps passé en sommeil non paradoxal. Lorsque cela se produit, il y a une diminution de la récupération cardiovasculaire mais aussi une augmentation significative du stress sur le système cardiovasculaire.

Un sommeil de mauvaise qualité, par le biais d’une réduction du sommeil non paradoxal, active également une multitude d’autres mécanismes, notamment les lésions dues à l’hypoxie intermittente, les variations de la pression artérielle, l’arythmie cardiaque, l’inflammation, la résistance à l’insuline, l’activation des hormones de stress et l’hypercoagulabilité, qui sont tous susceptibles de provoquer des maladies cardiovasculaires, y compris des accidents vasculaires cérébraux.

Le sommeil est de plus en plus reconnu comme le troisième pilier de la santé, avec le régime alimentaire et l’exercice physique, bien qu’il n’ait pas fait l’objet d’études aussi approfondies

Néanmoins, il est difficile de dire si les problèmes de sommeil sont à l’origine des facteurs de risque d’AVC ou vice versa. Par exemple, l’augmentation de la consommation d’alcool peut entraîner des perturbations de la qualité du sommeil, mais l’altération de la qualité du sommeil peut entraîner une utilisation accrue de l’alcool en tant que sédatif. De futures recherches interventionnelles sont nécessaires pour déterminer les associations causales.

Autres implications

Les résultats de l’étude incitent également les médecins à s’enquérir des habitudes de sommeil de leurs patients lorsqu’ils les rencontrent au cabinet. Le sommeil est rarement abordé de manière routinière au cabinet et les médecins peuvent manquer une occasion d’améliorer la santé de leurs patients en détectant plus tôt les troubles du sommeil.

Ces résultats suggèrent que les symptômes de troubles du sommeil peuvent représenter des facteurs de risque d’AVC et/ou que leur présence permet d’identifier les personnes présentant un risque accru d’AVC. L’étude ne montre pas que les troubles du sommeil sont à l’origine des accidents vasculaires cérébraux. Elle montre seulement une association. Compte tenu de ces résultats, les études futures devraient se pencher sur les interventions relatives aux troubles du sommeil et sur leur capacité à réduire le risque d’AVC.

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