Une étude a établi un lien entre un mode de vie sain et un déclin plus lent de la mémoire chez les personnes âgées. Les chercheurs ont suivi 29 072 adultes âgés (60 ans et plus) pendant 10 ans pour étudier le lien entre les choix de mode de vie et la perte de mémoire. Ils ont découvert un lien entre un mode de vie sain et un déclin plus lent de la mémoire, même en présence du gène APOE Ɛ4, qui est associé à la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs espèrent que leurs résultats éclaireront les initiatives de santé publique visant à prévenir les pertes de mémoire chez les personnes âgées. La perte progressive des capacités de raisonnement telles que la mémoire, le raisonnement et la vitesse psychomotrice est une partie naturelle du vieillissement. Toutefois, il est possible de prévenir le déclin cognitif en améliorant le mode de vie.
L’impact des facteurs liés au mode de vie sur la mémoire a fait l’objet de nombreuses études. Cependant, les recherches antérieures se concentraient généralement sur un seul facteur lié au mode de vie, comme l’alimentation, l’activité physique, le tabagisme ou la consommation d’alcool. Il est important de comprendre l’effet combiné de plusieurs facteurs liés au mode de vie sur le déclin de la mémoire.
C’est pourquoi des chercheurs de l’Université de médecine de Pékin (Chine) ont étudié les effets combinés de six facteurs liés au mode de vie sur le déclin de la mémoire dans une vaste population étudiée sur une période de 10 ans. les chercheurs pense que des stratégies efficaces de protection contre le déclin de la mémoire pourraient profiter à un grand nombre de personnes âgées. Nos résultats ont montré que l’adhésion à une combinaison de comportements liés à un mode de vie sain était associée à un déclin plus lent de la mémoire chez les adultes plus âgés, y compris chez ceux qui sont génétiquement sensibles au déclin de la mémoire.
Les résultats de l’étude sont publiés dans le BMJ.
Une vaste étude avec une décennie de suivis
Les chercheurs ont recruté 29 072 participants à l’étude dans le nord, le sud et l’ouest de la Chine, âgés de 60 ans ou plus et présentant des fonctions cognitives typiques. Leur âge moyen était de 72,2 ans, et 51,5 % étaient des hommes. Les tests génétiques effectués au départ ont montré que 20,43 % des participants à l’étude étaient porteurs du gène APOE ε4, le plus fort facteur de risque connu de la maladie d’Alzheimer et des démences apparentées. Les chercheurs ont suivi les participants à intervalles réguliers au cours des dix années suivantes, en 2012, 2014, 2016 et 2019. Au départ et à chaque suivi, les chercheurs ont évalué la mémoire des participants à l’aide du test d’apprentissage verbal auditif (AVLT), qui comprend la mesure du rappel immédiat, du rappel sans délai court (3 minutes plus tard), du rappel sans délai long (30 minutes plus tard) et de la reconnaissance sans délai long.
Six facteurs d’un mode de vie sain
Pour cette étude, les chercheurs se sont basés sur les résultats d’études précédentes pour définir un mode de vie sain. Ils ont identifié six facteurs :
un régime alimentaire sain: respect des apports recommandés d’au moins 7 des 12 aliments éligibles (fruits, légumes, poisson, viande, produits laitiers, sel, huile, œufs, céréales, légumineuses, noix et thé)
exercice physique régulier: au moins 150 minutes d’activité d’intensité modérée ou au moins 75 minutes d’activité d’intensité vigoureuse par semaine
contacts sociaux actifs: participation à des réunions ou à des fêtes, visite d’amis ou de parents, voyages et discussions en ligne, au moins deux fois par semaine
activité cognitive active: écriture, lecture, jeu de cartes, mahjong et autres jeux au moins deux fois par semaine
ne fume jamais: participants ayant fumé moins de 100 cigarettes au cours de leur vie ou avait l’habitude de fumer, participants ayant arrêté de fumer au moins 3 ans avant l’étude
ne boit jamais d’alcool ou en boit occasionnellement
Les chercheurs ont classé les participants en groupes en fonction du nombre de facteurs liés à un mode de vie sain :
0-1 facteurs de mode de vie sain = mode de vie défavorable (6967 participants).
2-3 facteurs de mode de vie sain = mode de vie moyen (16 549 participants)
4-6 facteurs liés à un mode de vie sain = mode de vie favorable (5556 participants)
Un mode de vie sain ralentit le déclin de la mémoire
Les résultats moyens des tests de mémoire de tous les participants ont diminué de façon continue au cours de la décennie, ce qui correspond au déclin de la mémoire avec l’âge. Cependant, les scores les plus élevés aux tests de mémoire ont été observés dans le groupe ayant un mode de vie favorable et les plus bas dans le groupe ayant un mode de vie défavorable, ce qui indique que les participants ayant un mode de vie favorable ont vu leur mémoire décliner plus lentement que ceux ayant un mode de vie défavorable (de 0,028 points/an).
Les résultats ont montré qu’un régime alimentaire sain avait l’effet le plus fort sur la mémoire, suivi par une activité cognitive active, un exercice physique régulier, des contacts sociaux actifs, le fait de ne jamais ou d’avoir déjà fumé et de ne jamais boire. Cette étude n’a pas permis d’identifier les mécanismes responsables de la modification de la perte de mémoire. Toutefois, les chercheurs ont émis l’hypothèse qu’ils pourraient inclure: une réduction du risque cérébrovasculaire, un renforcement de la réserve cognitive, une inhibition du stress oxydatif et de l’inflammation, et une promotion des facteurs neurotrophiques.
Ces résultats font écho à des comportements sains pour le cœur: régime alimentaire, exercice physique, pas de tabagisme en particulier, avec l’ajout d’une activité sociale et cognitive active. La santé cardiovasculaire à son tour est importante pour notre santé cognitive, donc que ce soit directement ou indirectement [bénéfique pour la mémoire], ces résultats semblent crédibles et cohérents avec d’autres études bien menées.
Mode de vie sain et risque génétique de la maladie d’Alzheimer
L’allèle APOE ε4, présent chez 20,43% des participants à l’étude, est corrélé à un déclin de la mémoire plus précoce et plus rapidement progressif et représente un facteur de risque majeur de la maladie d’Alzheimer.
Dans cette étude, les chercheurs ont observé qu’un mode de vie sain avait un effet positif sur la mémoire de tous les participants, qu’ils soient porteurs ou non de l’allèle APOE ε4. Certaines personnes sont découragées de découvrir qu’elles sont porteuses de l’allèle ε4. Les résultats de cette étude devraient donner à ces personnes l’espoir qu’elles peuvent atténuer activement leur vulnérabilité génétique.