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Jus de canneberge pour prévenir les infections urinaires : ce que la science en dit

Voici en détail ce que la recherche nous apprend sur l'utilisation du jus de canneberge pour prévenir et traiter les infections urinaires.

Les infections urinaires (IU) sont un problème de santé courant, touchant jusqu’à 60 % des femmes à un moment donné de leur vie. Face à cette situation, de nombreuses personnes se tournent vers le jus de canneberge comme remède maison pour prévenir et traiter ces infections désagréables. Mais qu’en dit réellement la science ? Le jus de canneberge est-il vraiment efficace contre les infections urinaires ou s’agit-il d’un mythe persistant ?

Voici en détail ce que la recherche nous apprend sur l’utilisation du jus de canneberge pour prévenir et traiter les infections urinaires. Nous examinerons les preuves scientifiques disponibles, les risques potentiels et les autres options de traitement à envisager. Vous serez ainsi en mesure de prendre des décisions éclairées sur l’utilisation du jus de canneberge pour vos problèmes urinaires.

Qu’est-ce que le jus de canneberge et comment agit-il contre les infections urinaires ?

Les canneberges, ces petits fruits rouges acidulés, sont souvent considérées comme un remède naturel contre les infections urinaires. Mais comment le jus de canneberge peut-il réellement aider à prévenir et à traiter ces problèmes de santé ?

La clé se trouve dans une substance présente dans les canneberges appelée proanthocyanidine (PAC). Cette molécule a la capacité d’empêcher les bactéries responsables des infections urinaires, comme Escherichia coli, de s’accrocher à la paroi de la vessie. En créant une sorte de revêtement glissant, le PAC rend plus difficile l’adhésion de ces bactéries et facilite leur élimination lors de la miction.

Théoriquement, cette action du PAC devrait donc rendre plus ardu l’établissement d’une infection urinaire dans la vessie ou d’autres parties des voies urinaires. Cependant, le défi réside dans la quantité de PAC nécessaire pour obtenir cet effet bénéfique.

Que disent les études sur l’efficacité du jus de canneberge contre les infections urinaires ?

Malgré la popularité du jus de canneberge comme remède contre les infections urinaires, les preuves scientifiques de son efficacité sont en réalité mitigées. Les résultats des études menées sur le sujet sont assez contradictoires.

Certaines recherches suggèrent que le jus de canneberge pourrait effectivement réduire le risque d’infections urinaires récurrentes. Une étude publiée en 2016 a ainsi montré que les femmes buvant 240 ml de jus de canneberge par jour pendant 24 semaines avaient moins d’infections urinaires que celles qui n’en buvaient pas.

Cependant, d’autres études de bonne qualité n’ont pas réussi à démontrer de manière convaincante les bienfaits du jus de canneberge, en particulier chez les populations plus à risque comme les personnes âgées, les résidents de maisons de retraite ou les personnes souffrant de lésions de la moelle épinière.

Pourquoi le jus de canneberge n’est-il pas toujours efficace ?

Malgré les propriétés intéressantes du PAC présent dans les canneberges, le jus de canneberge n’est pas toujours une solution miracle contre les infections urinaires. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi son efficacité n’est pas toujours avérée.

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Tout d’abord, la teneur en PAC du jus de canneberge vendu dans le commerce n’est généralement pas suffisante pour avoir un impact significatif. En effet, pour être réellement efficace, il faudrait boire une quantité importante de jus, soit environ 240 à 300 ml  par jour. Or, la plupart des gens ne sont pas prêts à consommer autant de jus de canneberge au quotidien.

De plus, le jus de canneberge est un remède plutôt préventif qu’curatif. Son rôle serait davantage de réduire le risque d’infections urinaires récurrentes que de traiter une infection déjà installée. Dans ce cas, il serait plus judicieux de se tourner vers d’autres options, comme les antibiotiques prescrits par un professionnel de santé.

Les suppléments de canneberge sont-ils plus efficaces que le jus ?

Face aux limites du jus de canneberge, les suppléments à base de canneberge pourraient-ils s’avérer plus performants contre les infections urinaires ? Certaines études semblent l’indiquer.

Plusieurs essais cliniques ont en effet montré que les suppléments de canneberge contenant une quantité suffisante de PAC (au moins 36 mg) pouvaient réduire significativement le risque d’infections urinaires récurrentes. Contrairement au jus, les suppléments permettent de maîtriser précisément la dose de PAC ingérée.

Certains de ces suppléments contiennent également d’autres ingrédients comme le D-mannose, un sucre simple qui pourrait aussi avoir des propriétés bénéfiques contre les infections urinaires. Cependant, les résultats restent mitigés et davantage de recherches sont nécessaires pour confirmer l’efficacité de ces compléments.

Quels sont les risques liés à l’utilisation du jus ou des suppléments de canneberge ?

Bien que généralement considérés comme sûrs, le jus et les suppléments de canneberge peuvent présenter certains risques, surtout dans certaines situations particulières. Par exemple, les personnes souffrant de cystite interstitielle, une affection douloureuse de la vessie, devraient éviter le jus de canneberge car son acidité pourrait aggraver leurs symptômes. De même, les personnes sous anticoagulants comme la warfarine devraient être prudentes car le jus de canneberge pourrait potentialiser l’effet de ces médicaments, entraînant un risque accru de saignements.

Par ailleurs, certains produits à base de canneberge, en particulier les jus, peuvent contenir des quantités importantes de sucre ajouté, ce qui n’est pas recommandé pour la santé.

Enfin, il est important de garder à l’esprit que les compléments alimentaires sont beaucoup moins réglementés que les médicaments. Leur qualité et leur composition peuvent donc varier considérablement d’un produit à l’autre. Il est donc essentiel de choisir des marques fiables et certifiées.

Quelles autres options existent pour prévenir et traiter les infections urinaires ?

Bien que le jus et les suppléments de canneberge puissent jouer un rôle dans la prévention des infections urinaires, il existe d’autres moyens tout aussi importants à prendre en compte.

Tout d’abord, il est primordial de suivre scrupuleusement le traitement antibiotique prescrit par un professionnel de santé en cas d’infection avérée. Ne pas terminer le traitement antibiotique augmente les risques de développer des bactéries résistantes.

Sur le plan des soins personnels, certaines bonnes pratiques peuvent également aider à prévenir les infections urinaires, comme :

  • Bien nettoyer la zone génitale, en particulier avant et après les rapports sexuels, en évitant les produits parfumés
  • Boire beaucoup d’eau pour rester bien hydraté
  • Limiter la consommation de boissons irritantes comme l’alcool et le café
  • Uriner régulièrement, surtout avant et après les rapports sexuels
  • Bien s’essuyer de l’avant vers l’arrière après être allé aux toilettes

Enfin, dans certains cas, des traitements alternatifs comme l’utilisation du D-mannose ou l’application de probiotiques vaginaux peuvent également s’avérer bénéfiques.

Quand faut-il consulter un professionnel de santé pour une infection urinaire ?

Bien que le jus et les suppléments de canneberge puissent jouer un rôle dans la prévention des infections urinaires, il est important de ne pas les considérer comme un remède miracle. En cas de symptômes persistants ou d’infection avérée, il est essentiel de consulter un professionnel de santé.

Les principaux signes d’une infection urinaire à ne pas ignorer sont :

  • Une sensation de brûlure ou de douleur lors de la miction
  • Une envie fréquente d’uriner
  • Des urines troubles, malodorantes ou teintées de sang
  • Des douleurs au niveau du bas-ventre ou du dos

Si ces symptômes apparaissent, il est important de consulter rapidement un médecin ou une infirmière. Ils pourront effectuer les examens nécessaires, comme une analyse d’urine, et prescrire le traitement antibiotique adapté si besoin.

Ne pas traiter une infection urinaire peut entraîner des complications graves, comme une propagation de l’infection aux reins. Il est donc essentiel de ne pas hésiter à demander l’avis d’un professionnel de santé.

Quelles sont les principales conclusions sur l’utilisation du jus de canneberge contre les infections urinaires ?

En résumé, voici les principaux enseignements à retenir sur l’utilisation du jus de canneberge pour prévenir et traiter les infections urinaires :

Le jus de canneberge contient une substance appelée proanthocyanidine (PAC) qui peut empêcher les bactéries de s’accrocher à la paroi de la vessie, réduisant ainsi le risque d’infection.
Cependant, les preuves scientifiques sur l’efficacité du jus de canneberge sont mitigées. Certaines études montrent des bénéfices, d’autres non, notamment chez les populations plus à risque.

La principale limite du jus de canneberge est que sa teneur en PAC est généralement insuffisante pour avoir un impact significatif. Il faudrait boire de grandes quantités, ce qui n’est pas réaliste pour la plupart des gens.
Les suppléments de canneberge, s’ils contiennent une dose suffisante de PAC (au moins 36 mg), semblent plus efficaces que le jus pour prévenir les infections urinaires récurrentes.
Le jus et les suppléments de canneberge présentent peu de risques, mais il faut être prudent chez certaines personnes, comme celles souffrant de cystite interstitielle ou sous anticoagulants.

En cas d’infection urinaire avérée, il est essentiel de consulter un professionnel de santé et de suivre le traitement antibiotique prescrit jusqu’au bout.

Bien que le jus de canneberge puisse jouer un rôle complémentaire dans la prévention des infections urinaires, il ne doit pas être considéré comme un remède miracle. Une approche globale combinant différentes mesures de prévention et de traitement reste la meilleure option.

 

Source

Zagaglia C, Ammendolia MG, Maurizi L, et al. Urinary tract infections caused by uropathogenic Escherichia coli strains-new strategies for an old pathogen. Microorganisms. 2022;10(7):1425. doi:10.3390/microorganisms10071425

González de Llano D, Moreno-Arribas MV, et al. Cranberry polyphenols and prevention against urinary tract infections: Relevant considerations. Molecules. 2020;25(15):3523. doi:10.3390/molecules25153523

Luís Â, Domingues F, Pereira L. Can cranberries contribute to reduce the incidence of urinary tract infections? A systematic review with meta-analysis and trial sequential analysis of clinical trials. J Urol. 2017;198(3):614-621. doi:10.1016/j.juro.2017.03.078

Juthani-Mehta M, Van Ness PH, Bianco L, et al. Effect of cranberry capsules on bacteriuria plus pyuria among older women in nursing homes: A randomized clinical trial. JAMA. 2016;316(18):1879-1887. doi:10.1001/jama.2016.16141

 

 

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François Lehn

François Lehn, journaliste science/santé depuis 20 ans, auteur, il a notamment été la "Plume" et l'assistant du Pr David Servan-Schreiber.

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