Gras saturés et cancer de la prostate : comment l’alimentation influence la progression vers les métastases

Une nouvelle étude met en lumière le rôle des graisses saturées issues de l’alimentation dans l’accélération et la gravité du cancer de la prostate, suggérant qu’une modification de nos habitudes alimentaires pourrait limiter la formation de métastases irréversibles.
Le cancer de la prostate demeure le cancer le plus diagnostiqué chez les hommes en France, avec environ 71 000 nouveaux cas annuels. Selon les données de l’INCa, un homme sur neuf sera concerné au cours de sa vie, principalement après 50 ans (l’âge médian du diagnostic atteint 71 ans). Pour mieux cerner la dynamique de cette maladie et ses facteurs de risque, il est utile de consulter les informations sur la cancer prostate fréquence.
Fort heureusement, la majorité des cancers de la prostate évoluent à un rythme lent. Les patients meurent plus souvent d’autres pathologies associées à l’âge, comme les maladies cardiovasculaires ou le diabète, que de ce cancer en lui-même. C’est pourquoi une approche globale cancer qui prend en compte l’ensemble de la santé et du mode de vie s’avère précieuse dans l’accompagnement de la maladie.
Quand le cancer de la prostate évolue vers la forme métastatique
La situation se complique nettement lorsque la maladie franchit le cap de la métastase. Dans ces formes agressives, les options thérapeutiques disponibles aujourd’hui ne parviennent pas à enrayer la progression du cancer, rendant la maladie inéluctablement mortelle à moyen terme.
Une observation retient l’attention : le nombre de cancers de la prostate métastatiques est beaucoup plus élevé dans les pays industrialisés, comparé aux pays asiatiques. Cette différence géographique suggère l’implication de facteurs liés au mode de vie, en particulier l’alimentation. Le modèle alimentaire occidental, caractérisé par une surconsommation d’aliments industriels et de matières grasses saturées (fast-food, charcuteries, plats tout préparés), apparaît comme un élément de risque important. Pour favoriser la prévention, il reste essentiel d’opter pour une alimentation saine contre cancer et de privilégier des aliments peu transformés.
L’impact de l’environnement et des habitudes alimentaires est flagrant chez les populations migrantes : l’incidence du cancer de la prostate est multipliée par 20 chez les Japonais émigrant vers des pays occidentaux, par rapport à ceux restant au Japon. Ce constat plaide pour un rôle décisif du mode de vie dans la survenue des formes agressives du cancer (d’après François Lehn).
Les cellules tumorales prostatiques, usines à gras saturé
Une équipe de chercheurs de l’Université Harvard a récemment apporté un éclairage supplémentaire sur ce phénomène. Leur étude a comparé les profils génétiques de tissus issus de cancers de la prostate localisés (non invasifs) et de tumeurs ayant développé des métastases. Il est apparu que ces dernières présentent fréquemment la perte de deux gènes suppresseurs de tumeurs : PTEN et PML. Selon ces scientifiques, cette double perte favorise le passage à un cancer de la prostate métastatique : chez les patients, l’absence de ces deux gènes s’accompagne souvent d’une issue fatale liée à la dissémination des métastases.
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Fait marquant, la suppression des gènes PTEN et PML entraîne dans les cellules cancéreuses une suractivation de la production de lipides, principalement sous forme de gras saturés. L’étude, rapportée dans Nature Genetics (Chen M et al, 2018), révèle que ce changement métabolique booste la capacité du cancer à générer des métastases. Lorsqu’un inhibiteur de la synthèse des lipides (la fatostatine) est administré dans des modèles animaux, la formation de nouvelles métastases chute de manière spectaculaire. D’après “Rajeunir”, ces résultats illustrent l’importance de la plasticité cellulaire dans la progression des tumeurs.
Conséquences de la mutation : multiplication de la production lipidique
- Perte de fonction des gènes PTEN et PML, empêchant le contrôle de la croissance tumorale
- Stimulation du programme de synthèse de lipides dans les cellules cancéreuses
- Augmentation notable de la production interne de graisses saturées
- Lien entre surproduction lipidique et capacité à former des métastases
Des études complémentaires devront préciser comment ce déséquilibre lipidique participe à l’agressivité tumorale observée chez certains patients.
L’alimentation riche en gras saturés : un “accélérateur” de métastases
Si la synthèse interne de gras saturés favorise déjà la dissémination cancéreuse, l’exposition à des lipides externes amplifie nettement ce phénomène. Les chercheurs de Harvard ont utilisé des souris transgéniques dépourvues des gènes PTEN et PML pour explorer le lien entre l’alimentation et la propension à former des métastases prostatiques.
Lorsque ces animaux reçoivent une alimentation standard, pauvre en graisses et essentiellement végétale, la formation de métastases demeure limitée. En revanche, l’ajout de saindoux (source importante de graisses saturées) dans leur menu se traduit par une accumulation de lipides saturés dans les cellules tumorales et, surtout, par une multiplication importante du nombre de foyers métastatiques.
Adopter un mode de vie actif et pratiquer une activité physique s’avère également bénéfique. Les bienfaits de l’exercice cardiovasculaire sur la santé prostatique et la prévention du cancer sont bien documentés, mettant en avant l’importance de facteurs multiples dans la lutte contre cette pathologie.
Expérimentation animale : le schéma observé chez les souris
- Souris modèles sans gènes PTEN et PML
- Régime habituel : peu de métastases
- Régime enrichi en saindoux : forte augmentation des métastases prostatiques
- Corrélation nette entre accumulation de gras saturé et agressivité tumorale
Limiter les gras saturés : un réflexe à intégrer pour réduire les risques d’évolution
La présence abondante de gras saturés, qu’ils proviennent de la synthèse interne ou de l’alimentation, se comporte chez les patients à risque comme un élément déclencheur, facilitant la transition d’un cancer de la prostate peu invasif vers une maladie métastatique.
La prévention passe donc par des choix alimentaires réfléchis. Pour les hommes dont le cancer a été diagnostiqué à un stade précoce, limiter la consommation de produits riches en graisses saturées, en particulier dans les aliments ultra-transformés, pourrait retarder ou empêcher l’apparition de métastases. Cette démarche pourrait offrir une chance de vivre plus longtemps sans récidive ou évolution grave de la maladie.
L’attention portée au dépistage et au suivi personnalisé reste fondamentale. Les recommandations concernant le cancer prostate dépistage en fonction de l’âge, des antécédents familiaux et des facteurs de risque individuels méritent d’être connues et discutées avec les professionnels de santé.
Quelques leviers protecteurs contre l’aggravation :
- Privilégier une alimentation pauvre en produits industriels, viandes grasses, charcuteries, fritures et pâtisseries
- Favoriser les sources de protéines maigres, les légumes frais, les fruits et les céréales complètes
- Pratiquer régulièrement une activité physique adaptée à son état de santé
- Échanger avec son médecin sur les stratégies de réduction des risques (selon “Rajeunir”)
Essentiel à savoir : alimentation et prévention des formes graves du cancer de la prostate
Les recherches les plus récentes pointent le double impact du gras saturé sur la progression du cancer de la prostate : d’une part via une production accrue par les cellules tumorales elles-mêmes en cas de mutations génétiques, d’autre part par une alimentation trop riche en lipides saturés d’origine externe. Ce cocktail favorise le développement de métastases et réduit les chances de contrôle de la maladie.
Adopter un mode de vie équilibré, limiter l’apport en produits transformés et multiplier les sources de fibres et de nutriments d’origine végétale restent à ce jour les mesures les plus accessibles pour se prémunir contre les formes agressives du cancer de la prostate. La vigilance face à l’évolution de la maladie, alliée à un accompagnement médical individualisé, est essentielle pour optimiser l’espérance et la qualité de vie.
Sources :
Epstein MM et coll. Temporal trends in cause of death among swedish and US men with prostate cancer. J. Natl Cancer Inst. 2012 ; 104: 1335-1342.
Chen M et coll. An aberrant SRE-BP-dependent lipogenic program promotes metastatic prostate cancer. Nature Genet. 2018 ; 50: 206-218.