Les fuites urinaires : pourquoi elles arrivent et comment les gérer ?
Les fuites urinaires sont de plusieurs types : voici les causes et les modalités propres à chacune.

Avez-vous déjà eu de petites fuites urinaires en éternuant ? Ou durant un jogging ? Ou à cause d’une envie pressante ? C’est quasiment possible. Les fuites urinaires sont d’une grande banalité.
Le nombre de personnes touchées est difficile à estimer car tout le monde ne consulte pas à ce sujet, particulièrement les personnes jeunes qui associent ce problème au vieillissement. Selon les données de l’Assurance Maladie, une femme sur 3 après 70 ans est concernée.
Du point de vue du vocabulaire :
- Fuite urinaire : c’est la perte involontaire d’urine ponctuelle et un symptôme.
- Incontinence urinaire : Ce terme désigne un trouble médical caractérisé par la survenue répétée de fuites urinaires et une pathologie.
On peut donc avoir de temps à autre des fuites urinaires sans avoir un diagnostic d’incontinence.
Quelles sont les raisons des fuites urinaires ?
Les multiples raisons se classent en plusieurs catégories :
- plancher pelvien : affaiblissement ou suractivité des muscles liés à la grossesse, à la ménopause, au surpoids, au vieillissement (prolapsus), à la constipation, aux efforts physiques répétés ; lésions nerveuses (blessure de la moelle épinière, sclérose en plaques, atteinte en raison du diabète) ; chirurgie pelvienne ; etc.,
- hyperactivité de la vessie ou des reins : âge, lésions nerveuses, affections neurologique comme la maladie de Parkinson, surconsommation d’aliments (caféine, épices, alcool), diabète, infections urinaires,
- faiblesse du muscle de la vessie : impossibilité de vider complètement la vessie si ce muscle ne peut se contracter suffisamment,
- obstruction de l’urètre : hypertrophie de la prostate, rétrécissement de l’urètre, calculs urinaires, tumeur,
- problèmes de mobilité : difficulté pour atteindre les toilettes à temps,
- médicaments : diurétiques (augmentent la production d’urine), sédatifs et antidépresseurs (relaxants musculaires et perception du besoin d’uriner altéré), antihypertenseurs (effets diurétiques).
Quels sont les différents types de fuites/incontinence urinaires ?
Plusieurs problèmes peuvent interférer avec le mécanisme naturel d’évacuation de l’urine, provoquant des fuites ponctuelles ou régulières.
- L’effort : ces fuites urinaires surviennent lors d’un effort physique même minime (tousser, éternuer, rire, soulever des charges, faire du sport ou même changer de position, se lever, s’asseoir). De faible intensité et ponctuelles, elles sont dues à un affaiblissement des muscles du plancher pelvien ou du sphincter urétral (le muscle qui contrôle la fermeture de l’urètre). Ce type de fuites est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes (en raison de la grossesse, de l’accouchement).
- L’hyperactivité de la vessie : ces fuites urinaires impérieuses sont causées par des contractions involontaires du muscle de la vessie, une irritation provoquée par une infection urinaire ou des calculs, une atteinte neurologique, la consommation excessive de caféine et d’alcool, et de nombreuses autres raisons inconnues… Les symptômes sont d’uriner 8 fois ou plus par jour, 2 fois ou plus la nuit, et bien sûr une nécessité mpérieuse. Des troubles de l’humeur de type anxiété pourraient jouer un rôle dans ces besoins incontrôlables car la partie du cerveau impliquée dans les troubles anxieux contrôlent aussi la vessie. Une étude publiée en 2020 dans BMC Psychiatry a établi un lien entre la dépression et l’incontinence, ces 2 états partageant un mécanisme neurologique et hormonal commun.
- Les réflexes : la vessie se vide d’elle-même sans que la personne ne puisse rien faire. Des lésions de la moelle épinière ou des maladies neurologiques interrompent les signaux entre la vessie et le cerveau.
- Un débordement : la vessie ne parvient pas se vider totalement ce qui provoque des fuites. Les tumeurs, calculs rénaux, diabète et certains médicaments peuvent être en cause. Ces troubles sont plus fréquents chez les hommes.
- Empêchement fonctionnel : ces fuites sont liées à la difficulté de se rendre aux toilettes en raison de problèmes de mobilité, troubles mentaux, difficultés à se faire comprendre.
- Causes temporaires : associées à une infection urinaire ou à la prise d’un médicament, elles disparaissent lorsque la cause est stoppée.
- Combinaison : plusieurs types de fuites urinaires, habituellement de fuites urinaires d’effort et d’urgence.
Quels sont les symptômes des fuites urinaires ?
Les symptômes dépendent du type de fuite mais sont généralement les suivants :
- lors d’un mouvement : quelques gouttes sans prévenir (tousser, éternuer, rire, bouger),
- envie soudaine d’uriner : incontrôlable, involontaire,
- besoin fréquent d’uriner : 8 fois par jour et plusieurs fois par nuit,
- sensation de vessie non vidée après miction : fuites fréquentes, au goutte à goutte, comme si la vessie débordait,
- jet urinaire lent, faible : mictions fréquentes en petites quantités,
- difficultés fonctionnelles sous-jacentes.
Quels sont les facteurs de risque des fuites urinaires ?
Les facteurs de risque de faire des fuites urinaires sont :
- genre : les femmes sont plus susceptibles d’en avoir en raison de la grossesse, de l’accouchement, de la ménopause. Les deux premiers affaiblissent les muscles urinaires, la troisième provoque une diminution des œstrogènes, qui, selon certaines études peuvent affaiblir l’urètre.
- âge : au fil du temps, les muscles urinaires sont moins efficaces pour retenir l’urine. Pour autant, l’incontinence urinaire n’est pas une pathologie inévitable du vieillissement.
- troubles de la prostate : l’augmentation du volume de la prostate, située juste au dessous de la vessie et entourant le haut de l’urètre peut provoquer des fuites urinaires. L’incontinence peut aussi être le signe du cancer prostatique.
- pathologies : le diabète, l’obésité, la constipation chronique peuvent augmenter le risque de fuites urinaires. Les maladies neurologiques (sclérose en plaques, Parkinson) et les AVC affectent le cerveau et les liaisons avec la vessie.
- tabagisme : fumer est irritant pour la vessie et peut provoquer des mictions fréquentes ainsi que des spasmes de toux, causant des fuites urinaires.
À noter que 70 % des fuites urinaires impérieuses sont sans cause précise chez des personnes en parfaite santé.
Quand consulter pour des fuites urinaires ?
Les signaux d’alerte
- apparition soudaine : surtout si elles sont associées à d’autres symptômes (fièvre, douleurs lombaires, difficultés à marcher),
- sang dans les urines (hématurie),
- douleurs lors de la miction (dysurie),
- brûlures en urinant,
- incapacité complète à uriner (rétention aiguë d’urine) : urgence médicale.
Consulter un médecin, gynécologue, urologue ou spécialiste du plancher pelvien, peut aider à comprendre et gérer les fuites urinaires. Celles-ci peuvent impacter la vie personnelle, professionnelle, sociale et provoquer des problèmes cutanés en raison de l’humidité et des infections.
Il ne faut pas souffrir en silence mais aborder ce problème qui peut toucher tout le monde car il est traitable. Bien sûr, si ces fuites sont épisodiques et peu dérangeantes, il n’est pas nécessaire de consulter.
Le diagnostic
Votre médecin peut vous demander de tenir un journal de votre vessie pour noter combien et quand vous buvez, combien et quand vous urinez et combien et quand vous avez des fuites urinaires.
Pendant la consultation, il va :
- relever vos antécédents médicaux et vos symptômes,
- effectuer un examen physique (rectum, plancher pelvien),
- demander de tousser et de faire une action simple qui peut déclencher une fuite urinaire,
- effectuer certaines analyses (urine, sang), tests de la fonction vésicale (voies urinaires basses et vessie) ou des radios.
Comment traiter les fuites urinaires ?
La plupart des cas peuvent être guéris naturellement ou avec des traitements :
- changer de style de vie : faire de l’activité physique, ne plus fumer, contrôler son poids, boire la bonne quantité de liquide au bon moment,
- kinésithérapie du plancher pelvien : apprendre à relâcher, renforcer ou détendre les muscles profonds,
- médicaments : décontractants de la vessie ou blocage des signaux nerveux qui provoquent la fréquence et l’urgence urinaire. Certains peuvent diminuer la prostate et améliorer le flux urinaire,
- appareils : ils aident à réaliser les exercices musculaires du périnée grâce à des capteurs de mouvement, d’autres dispositifs médicaux comme les pessaires sont insérés pour soutenir les organes féminins pelviens (en cas de prolapsus ou d’affaiblissement des muscles),
- botox : en bloquant la libération d’acétylcholine, un neurotransmetteur responsable de la contraction musculaire, il aide à réduire les contractions involontaires de la vessie et diminue le besoin urgent d’uriner,
- stimulation électrique des nerfs : de légères impulsions électriques modifient les réflexes des nerfs qui contrôlent la vessie et les muscles du sphincter,
- chirurgie de bandelette sous-urétrale : elle aide à comprimer légèrement l’urètre, ce qui permet de prévenir les fuites urinaires lors des efforts,
- chirurgie implantaire : implant d’un sphincter artificiel pour traiter l’incontinence sévère, principalement masculine. Il reste fermé jusqu’au moment d’uriner et est activé par le patient en appuyant sur une valve sous la peau.
Le choix du traitement est discuté avec votre médecin selon le type d’incontinence, ses conséquences au quotidien, l’acceptation d’un traitement invasif ou non invasif.
Comment prévenir le problème ?
Empêcher les fuites urinaires n’est pas toujours possibles. Néanmoins, certaines pratiques peuvent aider à réduire le risque avant l’arrivée du problème :
- contrôler son poids,
- faire des exercices du plancher pelvien,
- éviter d’irriter la vessie par la caféine, l’alcool, les aliments épicés, acides,
- lutter contre la constipation chronique,
- abandonner le tabac,
- après l’accouchement, planifier une évaluation de la force du plancher pelvien.
Il est malheureusement fréquent d’avoir honte des fuites urinaires et c’est tout à fait injustifié.
Le tabou social associé à la vieillesse, le sentiment de perdre le contrôle, la peur du jugement, la perte d’estime de soi sont souvent en cause.
Mais c’est un problème de santé courant (non une faiblesse personnelle) qui a de nombreuses solutions. Beaucoup de patients les découvrent après avoir osé en parler à leur médecin et regrettent de ne pas l’avoir fait plus tôt.
Sources :
Ameli : incontinence urinaire : mécanismes, fréquence et causes
Haute Autorité de Santé : prise en charge de l’incontinence urinaire féminine en médecine générale
National Association for Continence : incontinence urinaire, traitements, types et symptômes