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Etude: un questionnaire permet de détecter précocement les démences

Le questionnaire McSCI développé par les chercheurs de l'Université Murdoch représente une avancée significative dans le domaine du dépistage précoce des démences.

La détection précoce des démences est cruciale pour permettre une prise en charge adaptée et ralentir la progression de la maladie. Cependant, les méthodes de dépistage actuelles peuvent s’avérer coûteuses, peu accessibles ou comporter certains risques. Heureusement, des chercheurs de l’Université Murdoch en Australie ont développé un nouvel outil de dépistage prometteur : le questionnaire McCusker Subjective

Cognitive Impairment Inventory (McSCI).

Ce test d’autoévaluation permet d’identifier avec une grande précision les personnes présentant un déclin cognitif subjectif, un facteur de risque important de démence. Grâce à son approche innovante et sa facilité d’utilisation, le McSCI pourrait révolutionner le diagnostic précoce des différents types de démence, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour ralentir leur évolution.

Qu’est-ce que le déclin cognitif subjectif ?

Le déclin cognitif subjectif (DCS) se caractérise par la perception, par la personne elle-même, d’un affaiblissement de ses fonctions cognitives comme la mémoire, la concentration ou le langage. Bien que subtil et souvent sous-estimé, le DCS constitue un indicateur précoce du risque de développer une démence.
En effet, les études ont montré que le DCS double pratiquement le risque de démence, en particulier de la maladie d’Alzheimer. Cependant, les outils de mesure existants n’étaient pas suffisamment robustes pour être utilisés en pratique clinique de manière fiable. C’est pour combler cette lacune que les chercheurs de l’Université Murdoch ont développé le questionnaire McSCI.

Le questionnaire McSCI : un outil de dépistage innovant

Le questionnaire McSCI est un outil d’autoévaluation comprenant 46 questions réparties en six domaines cognitifs : mémoire, langage, orientation, attention/concentration, habiletés visuospatiales et fonctions exécutives. Cette approche multidimensionnelle permet d’obtenir une image précise des préoccupations de la personne concernant ses capacités cognitives.

Lors de l’étude menée par les chercheurs, le McSCI s’est avéré capable d’identifier avec une précision de 99,9% les individus présentant un niveau de déclin cognitif subjectif supérieur à la moyenne. Cet outil se démarque donc par sa grande sensibilité, offrant ainsi la possibilité de détecter précocement les signes avant-coureurs d’une démence.

Avantages et limites du questionnaire McSCI

L’un des principaux atouts du McSCI est sa facilité d’utilisation. En effet, il s’agit d’un questionnaire auto-administré qui peut être complété par le patient lui-même, sous la supervision d’un clinicien. Cela permet de gagner en efficacité et en accessibilité par rapport aux méthodes de dépistage traditionnelles, souvent plus coûteuses et chronophages.

Cependant, les auteurs de l’étude soulignent que le score obtenu au McSCI doit être interprété avec précaution par un professionnel de santé qualifié. Certains biais liés à l’autoévaluation, comme une perception altérée de ses propres capacités, peuvent en effet fausser les résultats.

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C’est pourquoi le McSCI doit être considéré comme un outil de dépistage initial, permettant d’identifier les personnes à risque qui nécessiteront ensuite une évaluation plus approfondie, associant examens cliniques et tests cognitifs objectifs.

Vers une détection précoce plus efficace des démences

Malgré ces quelques limites, le McSCI représente une avancée majeure dans la lutte contre les démences. En permettant un dépistage précoce et accessible, cet outil pourrait contribuer à une prise en charge plus rapide et adaptée des patients.
En effet, avec l’arrivée prochaine de nouveaux traitements susceptibles de modifier l’évolution de ces maladies neurodégénératives, l’identification précoce des personnes à risque devient cruciale. Le McSCI s’inscrit donc dans cette dynamique, offrant une solution innovante pour combler les lacunes des méthodes actuelles.
Les chercheurs travaillent d’ailleurs sur le développement d’une version du questionnaire destinée aux aidants, ainsi que sur la création d’applications en ligne pour en faciliter l’utilisation. Ces initiatives témoignent de leur volonté de rendre cet outil le plus accessible possible, dans le but d’améliorer la détection précoce des démences à grande échelle.

Perspectives de recherche et d’application clinique

Bien que le McSCI ait démontré son efficacité dans l’étude initiale, des recherches complémentaires sont nécessaires pour en évaluer la pertinence à plus long terme. Des études de validation auprès de populations plus diversifiées et dans différentes régions géographiques permettront de confirmer sa fiabilité.
Il sera également intéressant d’analyser les liens entre les résultats au McSCI et le diagnostic ultérieur des différents types de démence. Certains experts soupçonnent en effet que le questionnaire pourrait être inversement corrélé à la maladie d’Alzheimer, les plaintes subjectives étant souvent moins importantes dans cette pathologie.

Enfin, l’intégration du McSCI à des marqueurs biologiques objectifs, tels que les biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer, pourrait améliorer encore la précision du dépistage et offrir une compréhension plus complète des changements cognitifs associés à ces maladies.

Un outil prometteur pour une détection précoce des démences

Le questionnaire McSCI développé par les chercheurs de l’Université Murdoch représente une avancée significative dans le domaine du dépistage précoce des démences. Grâce à son approche multidimensionnelle et sa grande sensibilité, cet outil d’autoévaluation permet d’identifier avec précision les personnes présentant un déclin cognitif subjectif, un facteur de risque majeur de démence.

Bien que certaines limites doivent encore être explorées, le McSCI offre de nouvelles perspectives pour une détection précoce plus efficace des différents types de démence. En facilitant l’accès au dépistage et en s’inscrivant dans les enjeux actuels de la recherche, cet outil innovant pourrait contribuer à améliorer la prise en charge des patients et à ralentir la progression de ces maladies neurodégénératives.

 

 

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François Lehn

François Lehn, journaliste science/santé depuis 20 ans, auteur, il a notamment été la "Plume" et l'assistant du Pr David Servan-Schreiber.

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