Chacun d’entre nous a sa position de sommeil préférée – sur le côté, sur le ventre ou sur le dos. Bien que ces choix semblent anodins, de nouvelles recherches suggèrent qu’ils pourraient avoir des répercussions insoupçonnées sur notre santé cérébrale. Une étude récemment présentée à la Conférence internationale de l’association Alzheimer 2024 a en effet mis en évidence un lien possible entre le fait de dormir sur le dos (position dite « supine ») et un risque accru de neurodégénérescence.
La position de sommeil : un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer ?
Les chercheurs ont recruté des participants atteints de troubles cognitifs légers, de paralysie supranucléaire progressive, de maladie de Parkinson et de démence de type Alzheimer, ainsi qu’un groupe témoin. À l’aide d’un dispositif de surveillance du sommeil développé par la société californienne Advanced Brain Monitoring, ils ont pu mesurer le temps passé chaque nuit par les participants en position supine.
Les résultats sont sans appel : les participants souffrant de troubles neurodégénératifs ont passé plus de deux heures de plus par nuit dans cette position que le groupe témoin. Ces données suggèrent donc une forte corrélation entre le fait de dormir sur le dos et le risque de développer des pathologies comme la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson ou les troubles cognitifs légers.
Pourquoi la position supine serait-elle délétère pour le cerveau ?
Cette position de sommeil aurait un impact négatif sur l’élimination des toxines neurodégénératives. En effet, lorsque nous dormons sur le dos, le retour veineux du cerveau vers le cœur serait moins efficace, ce qui nuirait à l’évacuation de ces substances nocives. De plus, le sommeil en position supine serait propice à l’aggravation des apnées du sommeil, perturbant ainsi davantage ce processus de détoxification.
Dormir sur le côté, une meilleure option pour la santé cérébrale ?
À l’inverse, la position latérale de sommeil (sur le côté) pourrait s’avérer bénéfique pour la santé du cerveau. Selon les experts, cette posture faciliterait en effet l’élimination des déchets neurotoxiques grâce à un meilleur drainage veineux. Certaines études animales et humaines ont d’ailleurs suggéré un lien entre le sommeil latéral et une réduction du risque de maladies neurodégénératives.
Cependant, bien que l’association entre position de sommeil et neurodégénérescence soit « convaincante », les preuves ne sont pas encore suffisantes pour établir un lien de causalité direct. D’autres facteurs, tels que les troubles du sommeil ou la réduction de la mobilité, pourraient également entrer en jeu dans le développement de ces pathologies.
Quelle importance accorder à la position de sommeil ?
Malgré ces résultats intrigants, les experts s’accordent pour dire que la position de sommeil ne doit pas être considérée comme une solution miracle contre les maladies neurodégénératives. Ils recommandent plutôt de l’intégrer dans une approche globale visant à préserver la santé cérébrale. Des ajustements simples, comme l’utilisation d’un oreiller adapté, peuvent en effet suffire à adopter une position de sommeil plus favorable.
Au-delà de la position de sommeil, les experts insistent sur l’importance d’une bonne hygiène de sommeil pour réduire les risques de maladies neurodégénératives. Une durée de sommeil insuffisante, des troubles du sommeil non traités ou encore une privation de sommeil peuvent en effet contribuer à l’accumulation de toxines cérébrales.
L’impact du vieillissement sur les préférences de position de sommeil
Avec l’âge, nos préférences en matière de position de sommeil peuvent évoluer. Certaines personnes âgées peuvent ainsi être amenées à dormir davantage sur le dos, en raison de problèmes de mobilité ou d’autres facteurs liés au vieillissement.
Ces changements dans les habitudes de sommeil pourraient d’ailleurs être un signe avant-coureur de troubles neurodégénératifs. En effet, les résultats de l’étude suggèrent que les participants atteints de maladies comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson passaient plus de temps en position supine que le groupe témoin.
L’importance d’une surveillance du sommeil
Face à ces découvertes, les experts soulignent l’importance d’une surveillance attentive du sommeil, notamment chez les personnes âgées ou présentant des facteurs de risque de maladies neurodégénératives.
L’utilisation de dispositifs de suivi du sommeil, comme celui développé par Advanced Brain Monitoring, pourrait ainsi permettre de détecter précocement les changements dans les habitudes de sommeil. Ces informations pourraient alors guider les professionnels de santé dans la mise en place d’interventions visant à préserver la santé cérébrale.
La position de sommeil, un élément à considérer dans la prise en charge des maladies neurodégénératives
Bien que le lien de causalité direct entre position de sommeil et neurodégénérescence ne soit pas encore établi, les experts recommandent d’intégrer cette variable dans la prise en charge des patients atteints de troubles cognitifs ou de maladies comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.
Des ajustements simples, comme l’utilisation d’oreillers ou de dispositifs de thérapie posturale, pourraient ainsi compléter les traitements existants. L’objectif serait de favoriser des positions de sommeil plus propices à l’élimination des toxines cérébrales et à la préservation de la santé du cerveau.
Le sommeil, un élément clé pour la prévention des maladies neurodégénératives
Au-delà de la position de sommeil, les experts insistent sur l’importance du sommeil dans la prévention des maladies neurodégénératives. Un sommeil de qualité, d’une durée suffisante et exempt de troubles, jouerait en effet un rôle essentiel dans l’élimination des déchets neurotoxiques.
Ainsi, en plus d’encourager des positions de sommeil favorables, il est recommandé de mettre en place des habitudes de vie saines visant à optimiser la qualité du sommeil. Cela peut inclure des techniques de relaxation, une bonne hygiène de sommeil et un traitement adéquat des troubles du sommeil.
La position de sommeil, un élément à considérer dans la recherche sur les maladies neurodégénératives
Les résultats de cette étude ouvrent de nouvelles perspectives dans la compréhension des facteurs de risque des maladies neurodégénératives. Ils soulignent l’importance de prendre en compte la position de sommeil dans les futurs travaux de recherche sur ces pathologies.
Les chercheurs recommandent ainsi d’intégrer le suivi de la position de sommeil dans les études longitudinales, afin d’évaluer son impact à long terme sur le risque de développer des troubles cognitifs ou des maladies comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.
À la lumière de ces nouvelles découvertes, les experts préconisent une prise en compte plus systématique de la position de sommeil dans la pratique clinique, notamment chez les patients présentant des facteurs de risque de maladies neurodégénératives.
L’évaluation des habitudes de sommeil, associée à l’utilisation de dispositifs de surveillance, pourrait ainsi devenir un élément clé de l’examen neurologique et du suivi des patients. Cela permettrait d’identifier précocement les changements de position de sommeil et de mettre en place des interventions adaptées pour préserver la santé cérébrale.
Vers une approche globale pour la santé du cerveau
Cette étude sur le lien entre position de sommeil sur le dos et neurodégénérescence ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension et la prise en charge des maladies du cerveau. Bien que le lien de causalité direct ne soit pas encore établi, ces résultats soulignent l’importance d’adopter une approche globale visant à préserver la santé cérébrale, en intégrant notamment les habitudes de sommeil.
Au-delà de la position de sommeil, il est essentiel de veiller à une bonne hygiène de sommeil, de traiter les troubles du sommeil et de favoriser des modes de vie sains. Seule une approche multifactorielle, impliquant à la fois les patients et les professionnels de santé, permettra de relever le défi de la prévention des maladies neurodégénératives.
Source
Head Position During Sleep: Potential Implications for Patients with Neurodegenerative Disorders