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Science

Diabète de type 2 : vers une rémission durable grâce à la perte de poids ?

Face à l’augmentation spectaculaire des cas de diabète de type 2 dans le monde, la science explore de nouvelles pistes pour sortir d’une gestion purement médicamenteuse. Une étude récente parue dans l’éminent journal scientifique The Lancet met en évidence que la rémission du diabète de type 2 est aujourd’hui envisageable pour certains patients, à condition de s’engager dans une perte de poids significative via un régime alimentaire rigoureusement contrôlé. Derrière ces résultats, c’est toute la notion de chronicité du diabète de type 2 qui est remise en question. L’adoption sur le long terme d’une adaptation des habitudes alimentaires émerge comme une stratégie essentielle pour réduire l’excès de masse grasse, restaurer une meilleure santé métabolique et, dans de nombreux cas, atteindre une normalisation de la glycémie sans médicaments. D’après les travaux récents, cette perspective bouleverse les approches traditionnelles et offre aux personnes concernées un nouvel espoir d’autonomie par rapport à la maladie.

L’amélioration de la sensibilité à l’insuline s’avère également un facteur déterminant dans la prévention et le contrôle du diabète, notamment grâce à la modification de l’alimentation et, selon les données actuelles, à la supplémentation en vitamine D.

Surpoids et diabète : un lien alarmant confirmé par les chiffres

Le diabète de type 2 touche en priorité les personnes en excès pondéral, et la corrélation entre l’IMC et le risque de maladie a été clairement démontrée. Chez les femmes obèses (IMC supérieur à 30), le risque de diabète est quarante fois supérieur à celui des femmes maigres (IMC de 22), selon les données analysées par Colditz et coll. (Ann. Intern. Med., 1995). Lorsque l’IMC dépasse 35, ce facteur de risque grimpe jusqu’à cent fois, traduisant une explosion de la prévalence en cas d’obésité morbide.

Cette exposition accrue au diabète s’explique en grande partie par une accumulation excessive de graisse dans le foie et le pancréas. Cette surcharge graisseuse perturbe le fonctionnement normal de ces organes, augmente la résistance à l’insuline et engendre une hyperglycémie chronique.

Neutraliser cette spirale est essentiel : une glycémie élevée prolonge la toxicité vasculaire, doublant à quadruplant le risque de maladies coronariennes et multipliant par dix le risque de pathologies vasculaires périphériques, susceptibles de conduire à une amputation. Les experts préconisent de miser sur une activité physique recommandée, car l’inactivité accentue la résistance à l’insuline et accélère la progression de la maladie.

Changer de paradigme : du contrôle des symptômes à la rémission possible

Longtemps, le diabète de type 2 a été présenté comme une affection incurable, à prendre en charge par le biais de traitements continus. La démarche thérapeutique classique combine agents hypoglycémiants lors des phases initiales et injection d’insuline lorsque la maladie avance. Réduire la glycémie restait l’objectif principal, sans remise en cause de la chronicité du trouble.

Pourtant, des observations cliniques récentes ouvrent la porte à une toute autre perspective. La chirurgie bariatrique, pratiquée chez des personnes souffrant d’obésité sévère, a permis d’observer une normalisation rapide de la glycémie, accompagnée d’une diminution marquée du risque d’incidents cardiovasculaires (Fisher DP et coll., JAMA, 2018). Ce «retour à la normale» est fortement corrélé à la perte de poids substantielle provoquée par l’intervention, ce qui suggère que la réduction de la masse grasse constitue le véritable levier contre le diabète.

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Par ailleurs, l’avènement de programmes de gestion pondérale rigoureux, sans recours à la chirurgie, a montré que la rémission du diabète peut être obtenue grâce à des ajustements du mode de vie. Cette évolution majeure pose les jalons d’une approche thérapeutique centrée sur la cause, et non uniquement sur les effets.

Zoom sur les essais cliniques : la diète hypocalorique à la loupe

L’étude DiRECT (Diabetes Remission Clinical Trial), dirigée par Lean ME et collaborateurs (Lancet, 2018), illustre de façon exemplaire ces avancées. Cette étude a recruté 306 participants obèses (IMC moyen : 35), diagnostiqués dans les six dernières années, qui ont été randomisés en deux groupes. D’un côté, un groupe témoin suivant une prise en charge standard, de l’autre, un groupe soumis à un protocole intervenant directement sur le poids.

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Le programme consistait à remplacer l’alimentation habituelle par une diète liquide hypocalorique comprise entre 825 et 853 kilocalories par jour, sur une période de trois à cinq mois. À l’issue de ce temps, une réintroduction progressive des aliments s’est opérée durant deux à huit semaines.

Des bénéfices rapides… et durables

Les résultats de l’étude ont marqué les esprits. Un an après la fin des traitements médicamenteux, 46 % des volontaires du groupe d’intervention ont connu une rémission du diabète de type 2, définie par une hémoglobine glyquée (HbA1c) inférieure à 6,5 % (moins de 48 mmol/mol). Chez les patients ayant perdu au moins 15 kg, la proportion de rémission frôle 86 %.

Deux ans après le début de l’étude, 35 % de l’ensemble des participants du groupe d’intervention ne présentaient plus aucun signe clinique de diabète, et ce pourcentage grimpe à 70 % chez ceux maintenant la perte minimale de 15 kg. D’après François Lehn, la modification profonde du mode de vie, soutenue sur la durée, paraît indispensable pour garantir la stabilité des résultats.

Vers une réorientation des stratégies thérapeutiques

Ces données invitent à repenser la prise en charge classique du diabète de type 2, habituellement tournée vers le contrôle de l’hyperglycémie chronique. Elles insistent sur la nécessité d’attaquer la source du problème – c’est-à-dire le surpoids et la masse grasse excédentaire.

  • La diminution notable du poids, par une diète temporairement stricte puis une stabilisation alimentaire, offre la possibilité d’une rémission durable.
  • La normalisation de la glycémie s’obtient ainsi sans recours permanent aux médicaments, ce qui améliore la qualité de vie et réduit les complications ; la chirurgie n’est plus la seule solution.
  • Les programmes doivent cependant être rigoureusement suivis et adaptés pour éviter la reprise de poids, principal facteur de rechute.

Mieux comprendre les mécanismes en jeu

Chez la plupart des personnes atteintes de diabète de type 2, l’excès de graisse interfère avec la capacité du foie et du pancréas à assurer le contrôle du glucose. D’après “Rajeunir”, mobiliser ces réserves excédentaires aide à restaurer une production d’insuline suffisante et une meilleure utilisation du sucre par l’organisme. Une perte de poids même modérée (5 à 10 % du poids initial) entraîne une augmentation mesurable de la sensibilité à l’insuline et réduit les marqueurs d’inflammation, facteurs aggravants du diabète.

Les interventions nutritionnelles, associées à la pratique régulière d’une activité physique, participent à la réduction durable de la masse grasse centrale, plus délétère que la graisse périphérique. En parallèle, plusieurs études suggèrent que la vitamine D pourrait exercer un effet protecteur en améliorant la fonction des cellules bêta pancréatiques, bien que ce point reste débattu parmi la communauté scientifique (source).

Recommandations pour une rémission efficace

Principes à intégrer :

  • Suivi médical renforcé : toute démarche de perte rapide de poids nécessite un accompagnement professionnel pour prévenir les déséquilibres nutritionnels et adapter le traitement en conséquence.
  • Éducation nutritionnelle : acquérir des réflexes durables, apprendre à structurer ses repas, identifier les pièges alimentaires et conserver une alimentation équilibrée sont des leviers clés.
  • Activité physique adaptée : lutter contre la sédentarité en planifiant des séances régulières d’endurance et de renforcement musculaire, selon la condition du patient.
  • Prise en compte du psychologique : le soutien, qu’il soit professionnel ou issu du cercle proche, améliore l’observance et optimise les chances de succès sur le long terme.

Vers un changement de regard sur le diabète de type 2

À l’échelle mondiale, le diabète de type 2 a longtemps été considéré comme une sentence irrévocable. Or, les avancées récentes, étayées par des essais cliniques de grande qualité méthodologique, montrent qu’il est possible d’en enrayer la progression et, pour nombre de patients volontaires et motivés, d’en atteindre la rémission sans intervention chirurgicale.

La clé du succès réside dans la capacité à initier une transformation alimentaire structurée, grâce à une surveillance médicale, un accompagnement multidisciplinaire et un suivi personnalisé. L’expérience de l’étude DiRECT met en lumière que la perspective de rémission n’est plus un mirage, mais une réalité accessible à condition d’un engagement sur la durée.

Ce qu’il faut retenir

  • Une perte de poids significative est le levier principal pour piloter la rémission du diabète de type 2 chez les personnes en surpoids ou obèses.
  • La normalisation de la glycémie peut être obtenue, et maintenue, sans recours systématique aux médicaments, dès lors que l’hygiène de vie est profondément modifiée.
  • La prévention des rechutes s’appuie sur la stabilisation pondérale, l’activité physique régulière et une alimentation structurée.
  • Un accompagnement médical adapté demeure indispensable pour sécuriser la démarche et prévenir les risques liés aux pertes de poids rapides.
  • Les perspectives ouvertes par les études cliniques récentes invitent à revoir les modèles de prise en charge du diabète de type 2, en visant la rémission plutôt que la seule gestion chronique des symptômes.

Sources :
Colditz GA et coll. Weight gain as a risk factor for clinical diabetes mellitus in women. Ann. Intern. Med. ; 122: 481-486.
Fisher DP et coll. Association between bariatric surgery and macrovascular disease outcomes in patients with type 2 diabetes and severe obesity. JAMA 2018; 320: 1570-1582.
Lean ME et coll. Primary care-led weight management for remission of type 2 diabetes (DiRECT): an open-label, cluster-randomised trial. Lancet 2018; 391: 541-551.
Lean ME: Durability of a primary care-led weight-management intervention for remission of type 2 diabetes: 2-year results of the DiRECT open-label, cluster-randomised trial. Lancet Diabetes Endocrinol.
D’après François Lehn et “Rajeunir”.

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