Avez-vous besoin de contacter la rédaction ? Envoyez vos e-mails à [email protected] ou sur notre formulaire.
Actualité

Tension artérielle élevée chez l’ado : un signal clair du futur risque de maladie du cœur

Une tension artérielle un peu trop élevée à l’adolescence est un signal d’alerte précoce qui annonce un risque plus important de maladie du cœur et d’AVC à l’âge adulte

Un adolescent peut se sentir en pleine forme, faire du sport, rire avec ses amis, et pourtant avoir une tension artérielle un peu trop élevée. Rien ne fait mal, rien ne gêne. Tout semble normal. Mais à l’intérieur, les artères commencent parfois à vieillir plus vite que prévu.

La tension artérielle est un chiffre que l’on voit sur un tensiomètre, mais c’est surtout une force qui appuie sur les parois des vaisseaux. Quand cette force reste trop forte pendant des années, les artères s’abîment, et le risque de maladie du cœur augmente avec le temps.

De grandes études, suivies sur plusieurs décennies, montrent aujourd’hui un lien clair. Les jeunes qui ont une tension plus haute que la moyenne, même de peu, ont plus de risques d’infarctus ou d’AVC avant la cinquantaine. L’objectif de cet article est de montrer comment comprendre ce signal, comment le repérer tôt, et ce que parents et ados peuvent faire, sans panique, mais sans banaliser le problème.

Comprendre la tension artérielle chez les ados

Pour agir, il faut d’abord bien saisir de quoi l’on parle. La tension n’est pas une note de contrôle, mais une donnée vivante, qui bouge au fil de la journée.

C’est quoi la tension artérielle, en mots simples

La tension artérielle correspond à la pression du sang sur les parois des artères. Imaginez un tuyau d’arrosage. Si vous ouvrez le robinet très fort, la pression dans le tuyau augmente. Pour les artères, c’est un peu la même chose.

Quand on mesure la tension, on obtient deux valeurs. La « grande valeur », appelée tension systolique, est la pression quand le cœur se contracte et pousse le sang dans les artères. La « petite valeur », appelée tension diastolique, est la pression quand le cœur se relâche entre deux battements.

Ces chiffres varient sans arrêt. La tension monte pendant l’effort, le stress, une émotion forte. Elle redescend au repos, pendant le sommeil, après un moment calme. Une mesure isolée ne dit donc pas tout. Ce qui compte, c’est le niveau moyen au fil du temps.

Soutenez Pressesante.com : Rejoignez notre communauté sur Tipeee

Soutenez Pressesante.com : Rejoignez notre communauté sur Tipeee

Image cliquable

Quelle tension est considérée comme trop élevée chez un ado

Chez un enfant ou un adolescent, on ne raisonne pas comme chez l’adulte. Le corps grandit, le cœur aussi, et la tension normale change avec l’âge, le sexe, la taille.

Les médecins comparent la tension d’un ado à celle d’autres jeunes du même profil. On parle de tension normale quand elle se situe dans une zone attendue pour ce groupe. On parle de tension « haute normale » quand les chiffres dépassent un peu cette zone, de manière répétée. Au‑delà, on parle d’hypertension.

Ces sujets peuvent également vous intéresser:

Il est important de savoir qu’une tension un peu au‑dessus de la normale, mais encore en dessous du seuil d’hypertension, n’est pas anodine si elle se répète. Les grandes études montrent que ces valeurs « intermédiaires » à l’adolescence prédisent déjà plus de plaques dans les artères à l’âge mûr.

Pourquoi la tension peut monter pendant l’adolescence

L’adolescence est une période de grands changements. Le corps se transforme vite, le mode de vie aussi. Plusieurs facteurs favorisent une tension plus élevée.

La prise de poids est fréquente, surtout si l’activité physique diminue. Les heures assises devant les écrans remplacent parfois le sport ou les jeux dehors. Une alimentation riche en sel, plats préparés, fast‑food, charcuterie, augmente la pression dans les artères. Les boissons sucrées et énergisantes ne sont pas neutres non plus.

Le stress scolaire, la peur de l’échec, les conflits, le manque de sommeil, pèsent aussi sur la tension. Se coucher tard, rester longtemps sur le téléphone, interrompre le sommeil plusieurs fois par nuit, tout cela dérègle les mécanismes de régulation.

Il faut aussi compter l’hérédité. Quand un parent a une tension élevée, a fait un infarctus, un AVC, ou a un diabète, le risque pour l’ado est plus important. Le tabac et le vapotage poussent la tension vers le haut et abîment la paroi des artères dès les premières années d’usage.

Comment une tension plus élevée à l’adolescence prépare la maladie du cœur

Le lien entre tension élevée jeune et maladie du cœur plus tard n’est plus une simple hypothèse. Il repose sur des données solides, issues de cohortes suivies pendant plusieurs dizaines d’années.

Ce que montrent les grandes études sur les ados et le cœur

Des équipes de recherche ont suivi des dizaines de milliers de garçons recrutés à la fin de l’adolescence. L’une de ces études, menée en Suède et publiée en 2025 dans JAMA Cardiology, a rassemblé plus de 10 000 hommes conscrits vers 18 ans, puis revus en moyenne près de quarante ans plus tard.

Au départ, leur tension systolique moyenne se situait un peu au‑dessus de ce que l’on considère aujourd’hui comme idéal. Près d’un jeune sur six avait déjà une hypertension franche. Des décennies plus tard, plus de la moitié de ces anciens ados présentaient un rétrécissement de leurs artères coronaires, les vaisseaux qui nourrissent le cœur.

Les chercheurs ont utilisé une technique d’imagerie avancée, la coronarographie par scanner (CCTA), pour voir directement les plaques et leur sévérité. Résultat, plus la tension systolique à l’adolescence était élevée, plus le risque de plaques graves à l’âge mûr augmentait. Ce lien suivait une progression régulière.

Un point important ressort. Même les jeunes avec une tension dite « élevée » mais encore en dessous du seuil d’hypertension avaient déjà plus de plaques que ceux avec une tension bien normale. Ces données rejoignent d’autres travaux qui relient tension d’ado et infarctus, AVC ou insuffisance cardiaque avant 50 ans. La tension à 15 ou 18 ans devient en quelque sorte un indicateur de qui risque de tomber malade plus tôt.

Ce qui se passe dans les artères quand la tension reste trop haute

Pourquoi cette pression un peu trop forte fait‑elle autant de dégâts au fil des années ? La paroi des artères est vivante. Elle réagit à la force du sang, au sucre, aux graisses, aux toxines du tabac.

Quand la tension reste élevée, même modérément, de petites fissures microscopiques apparaissent dans cette paroi. Le cholestérol et d’autres graisses s’y déposent plus vite, comme des couches qui se collent à l’intérieur du tuyau. Petit à petit, une plaque se forme. La paroi s’épaissit, l’artère devient plus rigide. On parle d’athérosclérose.

Une tension élevée dès l’adolescence revient à démarrer ce processus de vieillissement plus tôt. Le cœur doit pousser plus fort à chaque battement pour faire avancer le sang. Le muscle cardiaque s’épaissit, se fatigue avec le temps. Le risque de rétrécissement serré d’une artère coronaire, voire de bouchon brutal à l’origine d’un infarctus, augmente.

Dans l’étude suédoise, les niveaux de tension plus bas que 120 pour la grande valeur s’accompagnaient d’un risque de plaques plus faible. À l’inverse, les jeunes avec une tension très élevée, ce que l’on appelle hypertension de stade 2, avaient beaucoup plus souvent un rétrécissement sévère des artères du cœur des années plus tard.

Autres facteurs qui s’ajoutent à la tension élevée chez les jeunes

La tension n’est qu’un facteur parmi d’autres. Chez les ados, plusieurs éléments tendent à s’additionner.

Le surpoids et l’obésité augmentent la tension, mais aussi le cholestérol et la glycémie. Un taux de sucre trop haut, même sans diabète déclaré, enflamme la paroi des artères. Un cholestérol élevé accentue la formation des plaques.

Le manque de sommeil régulier dérègle les hormones qui contrôlent l’appétit, le stress, la pression artérielle. Le stress chronique, scolaire, familial, social, entretient une activation permanente du système nerveux. La consommation de tabac, d’alcool, de drogues, pèse encore plus lourd sur ce terrain.

Quand plusieurs de ces facteurs se combinent, le risque n’augmente pas de façon linéaire, il grimpe beaucoup plus vite. La bonne nouvelle est que l’inverse est vrai aussi. Corriger un seul facteur, par exemple le poids, le sommeil ou l’activité physique, peut déjà faire baisser nettement le risque global.

Comment repérer tôt une tension trop élevée chez un ado

La plupart des ados qui ont une tension élevée ne ressentent rien de particulier. C’est ce qui rend le dépistage si important.

Faut-il mesurer la tension des ados même s’ils se sentent bien

Un adolescent peut avoir une tension trop haute pendant des années sans le savoir. Il ne faut donc pas attendre les symptômes. Les sociétés savantes recommandent au moins une mesure de tension pendant l’adolescence, lors d’une visite médicale, d’un contrôle sportif ou d’un bilan de routine.

Pour les jeunes qui ont un surpoids, des antécédents familiaux de tension élevée, d’AVC ou d’infarctus avant 60 ans, un diabète, un cholestérol élevé, le suivi doit être plus fréquent. Les examens à l’école, en médecine du sport, chez le médecin traitant, sont des occasions utiles pour poser le brassard et vérifier.

Les bons gestes pour mesurer la tension de façon fiable

Une mesure prise dans la précipitation, après avoir couru ou bu une boisson énergisante, peut être trompeuse. Quelques règles simples améliorent la fiabilité.

Il est préférable de laisser l’ado assis au calme pendant cinq minutes, sans parler, les pieds au sol. Il ne devrait pas fumer ni boire de café ou de boisson énergisante dans la demi‑heure qui précède. Le bras doit être posé, à hauteur du cœur, avec un brassard adapté à sa taille. Un appareil validé, chez le médecin ou à domicile, donne des chiffres plus fiables.

Il est utile de répéter les mesures, avec quelques minutes entre chaque. On retient plutôt la moyenne de plusieurs chiffres, recueillis sur plusieurs jours, parfois même sur 24 heures avec un appareil porté en continu, si le médecin le juge nécessaire.

Signes d’alerte qui doivent pousser à consulter vite

Même si la plupart des cas sont silencieux, certains signes doivent faire réagir rapidement, surtout si un médecin a déjà trouvé une tension élevée. Il s’agit de maux de tête fréquents ou très forts, d’un essoufflement inhabituel, de douleurs dans la poitrine, de malaises, de battements du cœur très irréguliers, de troubles de la vue, comme une vision floue ou des points lumineux.

Ces symptômes ne viennent pas toujours de la tension, mais ils ne doivent pas être ignorés. En parallèle, une tension trop haute, retrouvée plusieurs fois, même sans aucun signe, justifie déjà un suivi médical régulier.

Que faire si un ado a une tension un peu trop élevée

Découvrir une tension un peu haute chez un adolescent fait peur à certains parents. Pourtant, c’est aussi une occasion précieuse d’agir tôt, avec une grande marge de manœuvre.

Petits changements de vie qui protègent le cœur sur le long terme

Dans la majorité des cas, la première réponse passe par le mode de vie. L’activité physique régulière est un pilier. Il n’est pas toujours nécessaire de faire du sport intense. Marcher chaque jour, aller à vélo au lycée, faire du sport loisir, danser, tout compte, à condition de bouger au moins une demi‑heure par jour.

L’alimentation joue un rôle central. Augmenter les fruits, les légumes, les légumineuses, les céréales complètes, aide à réguler la tension. Réduire les plats très salés, les fast‑foods, les chips, la charcuterie, les sauces toutes faites, les boissons sucrées, fait souvent baisser la pression au fil des mois.

Le sommeil est un autre levier. Un ado a besoin de nuits assez longues et régulières. Couper les écrans avant d’aller au lit, garder des horaires stables, améliore la qualité du repos et favorise une meilleure tension.

La gestion du stress compte aussi. Activités créatives, sport, moments de détente, respiration profonde, soutien scolaire adapté, peuvent réduire la tension intérieure, au sens propre comme au sens figuré. Pris ensemble, ces gestes simples peuvent parfois ramener la tension vers la normale et réduire de façon importante le risque de maladie du cœur plus tard.

Rôle des parents, de l’école et du médecin dans ce suivi

Les parents ont un rôle clé, mais doivent éviter le contrôle permanent. Proposer des repas plus sains, sans commentaires blessants sur le poids, encourager les déplacements actifs, limiter la présence de boissons sucrées à la maison, sont des actions concrètes.

Le médecin vérifie la tension sur plusieurs visites, regarde la croissance, le poids, évalue l’alimentation, le sommeil, l’activité. Il recherche une éventuelle cause médicale de l’hypertension, comme une maladie rénale ou hormonale, même si elles restent rares. Il adapte ses conseils à chaque famille, en tenant compte du contexte réel.

L’école et les clubs de sport peuvent soutenir ce travail. Ils offrent du temps d’activité physique, repèrent un ado trop essoufflé ou avec une tension anormale pendant un examen médical, et l’orientent vers une consultation.

Quand parler de médicaments chez un adolescent

Les médicaments ne sont pas la première réponse chez l’ado. Ils deviennent une option dans plusieurs situations. C’est le cas si la tension est très élevée dès le départ, si des examens montrent déjà une atteinte du cœur ou des reins, ou si la tension reste trop haute malgré des changements de vie bien suivis pendant plusieurs mois.

Le traitement est alors choisi avec soin, ajusté progressivement, et surveillé. Dans l’étude suédoise, les hommes qui avaient reçu un traitement antihypertenseur semblaient moins montrer le lien direct entre tension d’ado et plaques artérielles, ce qui suggère que bien traiter peut freiner l’aggravation des lésions.

Il est aussi possible, quand tout se passe bien, que la dose soit réduite, voire arrêtée, si la tension se normalise durablement grâce aux changements de mode de vie et à la fin de la croissance. Ce point se décide toujours avec le médecin, jamais seul.

A retenir

Une tension un peu trop élevée à l’adolescence n’est pas un détail. C’est un signal d’alerte précoce qui annonce un risque plus important de maladie du cœur et d’AVC à l’âge adulte. Les études de suivi sur plusieurs décennies le confirment, même pour des chiffres juste au‑dessus de la zone dite normale.

Mesurer la tension tôt, suivre les jeunes qui ont des valeurs répétées trop hautes, changer quelques habitudes de vie, peut modifier la trajectoire de tout un futur. Ce travail repose sur une alliance entre l’ado, sa famille, les soignants, et son environnement scolaire ou sportif.

Repérer ce risque à l’adolescence n’est pas une condamnation, c’est une chance. Une chance de protéger le cœur pour des décennies, avec des gestes simples, posés au bon moment.

 

Avez-vous trouvé cet article utile?
* PRESSE SANTÉ s'efforce de transmettre la connaissance santé dans un langage accessible à tous. En AUCUN CAS, les informations données ne peuvent remplacer l'avis d'un professionnel de santé.