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Pratiquer et écouter de la musique ralentissent le déclin cognitif

La pratique et l'écoute active de la musique peuvent avoir des effets bénéfiques sur les fonctions cognitives.

Marie Desange

La pratique et l’écoute active de la musique peuvent avoir des effets bénéfiques sur les fonctions cognitives.

Une nouvelle étude révèle que la pratique et l’écoute de la musique peuvent contribuer à ralentir le déclin des fonctions cognitives chez les personnes âgées. Les activités musicales ont augmenté la matière grise du cerveau dans certaines zones, augmentant ainsi sa plasticité, bien qu’elles n’aient pas inversé ou stoppé l’atrophie cérébrale due au vieillissement. Les activités multimodales, y compris la musique, peuvent apporter l’exercice nécessaire à plusieurs régions du cerveau.

Notre capacité à apprendre de nouvelles choses et à nous souvenir de nouvelles informations dépend de la plasticité du cerveau, c’est-à-dire de sa capacité à réorganiser les connexions, ou voies, entre les neurones afin d’encoder et de stocker de nouvelles informations. Avec l’âge, la plasticité du cerveau tend à diminuer, ce qui rend plus difficile l’apprentissage de nouvelles choses. Ce phénomène s’accompagne d’une perte de la matière grise dans laquelle résident nos neurones, ce qui entraîne une atrophie du cerveau et une dégénérescence cognitive plus importante.

Une nouvelle étude a révélé que la pratique intensive de la musique et l’écoute active peuvent ralentir la perte de matière grise dans le cerveau et prolonger sa plasticité. L’essai randomisé et contrôlé de six mois mené par des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE), de la HES-SO Genève et de l’EPFL Lausanne en Suisse a permis d’observer une augmentation significative du volume de matière grise dans quatre zones du cerveau. Ces zones sont liées à des fonctions cognitives de haut niveau et comprennent le cervelet.

Le type de mémoire le plus immédiatement affecté par une perte de plasticité est la « mémoire de travail ». Il s’agit de la forme de mémoire qui vous permet de vous souvenir d’une information suffisamment longtemps pour effectuer une action. Par exemple, si vous vous rendez compte que vous n’avez plus de pommes, vous pouvez vous en souvenir suffisamment longtemps pour le noter sur une liste des courses.

Dans l’étude, la mémoire de travail des participants s’est améliorée en moyenne de 6 % lors des tests cognitifs. Les chercheurs attribuent ce résultat à une augmentation du cervelet, une région associée à la mémoire de travail. La plasticité cérébrale est également étroitement liée à la réserve cognitive d’une personne, c’est-à-dire sa capacité à faire face aux dommages et au déclin.
L’étude est publiée dans Neuroimage : Reports.

Pratiquer la musique 5 jours par semaine pendant 30 minutes

L’étude a porté sur 132 participants âgés de 62 à 78 ans. Aucun d’entre eux n’avait suivi une formation musicale de six mois ou plus au cours de sa vie. Tous étaient droitiers, en bonne santé physique et mentale, retraités et ne dépendaient pas d’aides auditives. Les participants ont été divisés en deux groupes égaux. Le premier groupe a reçu des leçons de piano d’une heure par semaine, en espérant que ses membres s’entraîneraient cinq jours par semaine pendant 30 minutes. Les autres participants ont pratiqué la sensibilisation à la musique lors de séances d’écoute active. On leur a enseigné les concepts musicaux de base, y compris l’identification des instruments individuels. Des cours plus avancés ont été dispensés pour reconnaître les styles musicaux et les exemples de différentes époques musicales et pour apprendre à percevoir l’émotion dans les exemples musicaux.
À la fin des six mois, tous les participants ont été soumis à un test de fonction cognitive. Ils ont également subi des examens d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) qui ont permis aux auteurs de l’étude d’observer l’évolution de la matière grise.

La musique et le cerveau

Dans le cadre d’une étude sur le maintien ou la restauration de la plasticité cérébrale, la musique présente des avantages particuliers. Apprendre à jouer d’un instrument ou écouter activement de la musique sont des activités multimodales, qui sollicitent non seulement les domaines sensorimoteurs étroitement liés (transfert proche, par exemple le traitement auditif), mais aussi des domaines plus éloignés, par exemple la vitesse de traitement, les domaines affectifs, la mémoire, le langage, les fonctions exécutives ou le raisonnement abstrait, etc.

En outre, la musique présente des aspects gratifiants qui sont importants pour la motivation. Les aspects affectifs et gratifiants des activités musicales offrent une motivation intrinsèque, soutenue par la neurochimie (par exemple, la dopamine) qui peut renforcer l’apprentissage. Bien qu’il y ait déjà eu des études sur la musique et la plasticité cérébrale, celle-ci est la première à évaluer les résultats par neuro-imagerie ainsi que par des mesures comportementales. Il s’agit également d’une étude de grande envergure, conçue pour pouvoir être reproduite par d’autres à des fins de vérification, et qui a duré suffisamment longtemps pour produire des effets bénéfiques.

Nous savons que la fréquence et la durée de l’entraînement musical sont essentielles pour l’apprentissage. Les conclusions de l’étude sont impartiales, décrivant à la fois des observations positives et négatives. Par exemple, l’étude a révélé qu’en dépit d’une certaine amélioration du volume de matière grise, tous les participants continuaient à présenter une atrophie cérébrale due à l’âge.

Dans cet article, les chercheurs expliquent que la musique peut ralentir le processus de vieillissement dans certaines régions du cerveau, qu’elle est liée à la mémoire de travail et à la plasticité cérébrale, mais que notre cerveau ne rajeunit pas miraculeusement grâce à ces interventions. L’atrophie est toujours présente. De plus, les avantages sociaux associés au fait de jouer ou d’écouter de la musique dans les groupes de l’étude étaient importants pour le bien-être général, la santé et le bonheur.

Différences entre jouer et écouter de la musique

Les chercheurs ont observé dans le groupe jouant du piano que la quantité de matière grise dans le cortex auditif primaire droit ne présentait aucune réduction après six mois. Il n’en va pas de même pour le groupe qui écoute de la musique, qui a perdu du volume de matière grise. Compte tenu de la spécialisation de l’hémisphère droit dans le traitement des tonalités et de sa relation avec l’anatomie du cortex auditif, les chercheurs supposent que cet effet de plasticité de maintien de la matière grise associé à l’apprentissage du piano peut être lié au traitement des tonalités, à l’apprentissage de l’oreille, au couplage audio-moteur ou aux associations son-objet (tonalité-touche de clavier).

Stimuler la neuroplasticité au-delà de la musique

L’étude suggère que les activités multimodales telles que la musique, qui font travailler plusieurs régions du cerveau, sont les plus susceptibles de favoriser la plasticité, en particulier celles qui impliquent les domaines sensorimoteur et physique. Faites quelque chose que vous avez toujours voulu faire, car la motivation est très importante pour l’apprentissage, qui sera associé à la plasticité cérébrale et aux avantages de la réserve cognitive.

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