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Perturbateurs endocriniens, une bombe à retardement pour nos enfants

Hélène Leroy

A l’occasion de la sortie de son nouveau livre « Perturbateurs endocriniens, une bombe à retardement pour nos enfants » (ed Larousse), Isabelle Doumenc, naturopathe, nous guide dans le monde de ces substances dangereuses pour notre santé et présentes partout dans notre quotidien. Savoir les repérer et s’en protéger ne peut que nous aider à préserver notre santé et celle de nos enfants. Visite guidée.

« Ah non pas la bouilloire aussi ? Je dois la changer tu es sûre ? » Oui, le Bisphénol A contenu dans le revêtement intérieur d’une bouilloire en plastique migre dans l’eau à chaque fois qu’on la chauffe. En buvant cette eau, nous absorbons ce bisphénol A qui parasite notre système endocrinien, c’est à dire notre système hormonal. C’est ce qu’on appelle un perturbateur endocrinien, c’est à dire une molécule qui vient « leurrer » notre système hormonal et en perturber la communication. « Pour la bouilloire, prends de  l’inox, ou acier inoxydable,  c’est un matériau sûr».

Femmes enceintes et jeunes enfants : les plus vulnérables à ces pollutions

Je poursuis ma visite chez cette amie enceinte, qui veut absolument protéger son bébé des perturbateurs endocriniens. Le fœtus est très vulnérable à ces polluants, car le développement embryonnaire est orchestré par les hormones. Si une information hormonale n’arrive pas au moment prévu, ou bien est déformée par l’action des perturbateurs endocriniens, un dérèglement irréversible peut s’inscrire dans l’organisme du fœtus. Les effets délétères pourront avoir des conséquences sur la santé de l’enfant ou sur sa descendance. C’est une des particularités des perturbateurs endocriniens, les dérèglements se transmettent d’une génération à l’autre.   La femme enceinte est donc à préserver au maximum de cette pollution. La contamination de son bébé se déroule de façon invisible, par son exposition de la vie quotidienne : manger, boire, respirer, se maquiller, se laver, décorer l’appartement, peindre ou pas la future chambre de bébé…

Dans la cuisine, nous avons aussi repéré les plastiques des boites de conservation et des films étirables qui ne doivent pas être mis au contact d’un aliment qu’on réchauffe, car les molécules passeraient dans l’aliment sous l’action de la chaleur. Utiliser une assiette ou un plat en verre est un moyen sûr de réchauffer. Direction le garde manger, priorité au bio pour les légumes, fruits, œufs, légumineuses et céréales. C’est l’assurance de ne pas avoir de pesticides dont certains se comportent en perturbateurs endocriniens.

La thyroïde en 1ère ligne

Dans le frigo, des sardines. « Dois-je arrêter de manger du poisson pour ne pas être contaminée par le mercure pendant ma grossesse ? »  Non, mais il faut vraiment limiter sa consommation à 1 fois par semaine en projet de grossesse, enceinte, et en allaitement. Manger de préférence un poisson gras en alternant entre maquereau, sardine, anchois, saumon, que l’on consomme aussi pour leur apport en omégas 3 nécessaires au bon développement du système nerveux du fœtus. Cette restriction de consommation est importante car le mercure qui s’accumule dans les chairs grasses des poissons interfère avec la fixation du sélénium, un des co-facteurs indispensables à la fabrication des hormones thyroïdiennes, en plus d’avoir des effets neurotoxiques s’il est consommé à haute dose. Les poissons accumulent aussi des PCB, autre polluant perturbateur endocrinien qui parasite aussi la thyroïde, avec des risques pour le bébé à naitre, de diminution des facultés intellectuelles, c’est à dire du QI (quotient intellectuel) et d’augmentation de pathologies neurocomportementales comme l’autisme ou les troubles de l’hyper activité. Ces risques sont particulièrement présents les 3 premiers mois de la grossesse, période ou le bébé ne fabrique pas encore ses hormones thyroïdiennes et dépend entièrement de celles de sa mère. « Comment puis-je savoir si mes hormones thyroïdiennes sont touchées ou pas » ? Je lui conseille de faire un test de iodurie urinaire (autour de 20 €) pour connaître son statut en iode et se supplémenter s’il est trop bas,  afin de démarrer une grossesse avec un statut optimum et protéger ainsi le bon développement cérébral du bébé. D’autres molécules perturbent aussi la thyroïde :

– Le brome contenu dans les retardateurs de flamme bromé (PDBE), molécules destinées à limiter les risques d’incendie et que l’on retrouve dans la pollution de l’air intérieur par émanation des tissus, rideaux, écran d’ordinateurs, de télévisions, moquettes, etc… Les émanations sont plus importantes les 3 premiers mois de vie des objets. D’ou l’intérêt d’acheter des affaires d’occasion notamment pour meubler les chambres d’enfants,  vulnérables, eux –aussi, à ces pollutions.

– Le triclosan, un anti bactérien présent dans des dentifrices, les gels hydro alcooliques pour se nettoyer les mains,

– Les phtalates présents dans des plastiques de jouets, les boites d’emballage de fast-food, mais aussi parfums et vernis à ongles…

Les cosmétiques vecteur important de pollution pour les femmes

Direction la salle de bains, « C’est affreux, pour moi c’était un cocon ou me réveiller en douceur le matin, et là maintenant j’ai l’impression d’être entourée d’ennemis ».  Mon amie n’a pas tort, mais ce n’est pas si compliqué de se protéger de tous les perturbateurs endocriniens présents dans les cosmétiques. Que faut-il changer en priorité ? Les produits qui restent sur la peau et passeront ainsi dans le sang « As-tu vraiment besoin de toutes ces crèmes différentes, fonds de teins, rouges à lèves, anti cernes ? » Elle admet être coquette mais avoue aussi que le bon sens lui conseille la parcimonie pour limiter l’impact de ces polluants au moins le temps de la grossesse. Que choisir ? Des produits labellisés bio, mais attention certains labels ont différents niveaux de certification, bio et naturel ou bio et écologique. Seul la certification bio vous protégera. La mode du naturel permet d’éviter des ingrédients issus de la pétrochimie, en revanche elle ne permet pas d’éviter les pesticides inclus dans certains végétaux « naturels ». Or de nombreux pesticides ont une action de perturbation endocrinienne. Tous les référentiels des labels bio sont passés en revue dans mon guide pour éviter de se laisser abuser par du marketing « naturel ». Même dans les labels bios, faites attention à prendre l’étiquette la plus courte possible. Et pourquoi pas utiliser des huiles végétales bio pour nourrir la peau ou des eaux florales pour la nettoyer ?

Eviter les perturbateurs endocriniens est une nécessité

Le consensus scientifique sur les risques pour la santé est largement étayé. Des médecins au niveau international, gynécologues et endocriniens alertent sur l’impact de ces substances dans la recrudescence de l’obésité, du diabète, des troubles de la reproduction, des cancers et des troubles hormonaux et neurodéveloppementaux, et dans la baisse des facultés intellectuelles (baisse du QI).

Nous ne sommes pas encore protégés par des lois car cette pollution relativement récente est omniprésente. Tous les secteurs industriels sont concernés.  Les enjeux économiques sont donc énormes, les détracteurs des perturbateurs endocriniens auront toujours beau jeu de semer le doute. Rappelez-vous l’amiante, le tabac, le plomb, là aussi les semeurs de doute ont retardé pendant de nombreuses années des prises de décisions pourtant indispensables à la protection de la santé.

Les  spécificités d’action de cette pollution la rendent aussi difficile à limiter. Ces molécules sont plus nocives à faible qu’à forte dose et l’effet cocktail, c’est à dire l’amplification de leurs effets quand ils sont pris simultanément, se confirme. Ces modes d’action très particuliers remettent en question la manière dont la prévention est actuellement faite avec un calcul d’une dose journalière admissible (DJA), produit par produit.

En attendant que les pouvoirs publics mettent en place les mesures indispensables pour les interdire, il est nécessaire d’apprendre à les repérer et à les chasser de son quotidien. Cette pollution invisible a envahi notre quotidien à travers notre alimentation, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, ce que nous nous mettons sur la peau. Le guide permet de repérer les molécules les plus nocives dans toutes ses actions du quotidien et propose des solutions faciles et accessibles pour faire autrement.

Pour tout savoir et commander : 2 livres d’Isabelle Doumenc, naturopathe et journaliste

« Perturbateurs endocriniens, une bombe à retardement pour nos enfants », édition Larousse, 29 mars 2017

Livre Fnac

« Les dérèglements de la thyroïde, c’est fini ! », édition Jouvence, février 2017
Livre Amazon

Par Isabelle Doumenc, Naturopathe

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