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Longévité : l’alcool à faible dose n’offre pas d’avantage santé

Pendant de nombreuses années, la consommation modérée d'alcool a été associée à des avantages potentiels pour la santé, mais il n'en n'est rien..

Pendant de nombreuses années, la consommation modérée d’alcool a été associée à des avantages potentiels pour la santé, notamment une réduction du risque de mortalité. Cependant, de nouvelles recherches remettent en question ces conclusions, suggérant que la consommation modérée d’alcool n’apporte pas d’avantages significatifs en termes de longévité par rapport à l’abstinence. Les experts encouragent de plus en plus les modes de vie sans alcool et préconisent un changement dans les messages de santé publique afin de refléter cette nouvelle compréhension.

Remise en question des croyances populaires

De nombreuses études d’observation ont précédemment suggéré que les buveurs modérés vivent plus longtemps et sont confrontés à moins de problèmes de santé que les non-buveurs. Cependant, les nouvelles recherches proposent que ces comparaisons peuvent être trompeuses. Elles affirment que ces croyances publiques seraient souvent le résultat d’études de faible qualité qui peuvent déformer les risques perçus de la consommation d’alcool à faible volume, dite “modérée”.

Analyse rigoureuse des études antérieures

Une étude récente, publiée dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs, a entrepris une évaluation approfondie des défauts et des biais dans les études antérieures qui ont établi un lien entre la consommation modérée d’alcool et les avantages pour la santé. Leur analyse a impliqué 107 études d’observation portant sur plus de 4,8 millions de participants et 425 564 décès enregistrés, couvrant une grande diversité d’âges et de contextes.

Les chercheurs ont mené des méta-analyses distinctes sur les études classées comme étant de qualité inférieure ou supérieure, en fonction de critères spécifiques et de biais potentiels pouvant déformer les effets perçus de la consommation modérée d’alcool, notamment chez les personnes âgées. Un élément clé était la distinction entre les anciens buveurs, les buveurs occasionnels et les abstinents.

Les études de haute qualité, axées sur des participants âgés de 55 ans ou moins, ont constaté que les buveurs à faible volume semblent avoir un risque de mortalité similaire à celui des non-buveurs, ne montrant aucun avantage de longévité lié à la consommation modérée d’alcool. À l’inverse, les études de moindre qualité, souvent axées sur des participants plus âgés, ont conduit à des estimations de mortalité nettement plus faibles pour les buveurs à faible volume par rapport aux abstinents, sans tenir compte des habitudes de consommation sur l’ensemble de la vie.

Biais de sélection et de classification

Les chercheurs ont conclu que les biais de classification et de sélection à vie peuvent masquer la relation entre la consommation modérée d’alcool et la longévité. Ces biais, présents dans les études de moindre qualité, peuvent induire le public en erreur sur les risques pour la santé associés à l’alcool.

Implications pour la santé publique

Les résultats de cette étude remettent en question la croyance répandue selon laquelle la consommation modérée d’alcool présente des risques minimaux pour la santé et peut même conférer des avantages. Au contraire, les experts soulignent que la consommation modérée d’alcool ne prolonge pas significativement l’espérance de vie et peut même comporter des risques accrus de cancer, de maladies cardiaques et de maladies neurodégénératives.

Face à ces nouvelles preuves, les principaux organismes de santé n’ont jamais préconisé de niveau de consommation d’alcool sans risque. Cette étude soutient cette position en mettant en lumière les biais potentiels dans les recherches antérieures. Dans ce contexte, on observe une évolution des recommandations sur la consommation d’alcool, comme les changements apportés au Canada en 2022 et les mises à jour de l’OMS.

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Importance du soutien aux professionnels de santé

Les experts soulignent la nécessité pour les professionnels de santé de bien comprendre les nouvelles recherches sur les effets de l’alcool afin de pouvoir transmettre des recommandations appropriées à leurs patients. Ils appellent à un meilleur soutien pour permettre aux professionnels de santé d’intégrer ces nouvelles connaissances dans leurs pratiques.

Recommandations pour les cliniciens

Les cliniciens sont encouragés à évaluer de manière critique les études sur la consommation d’alcool et à faire preuve de prudence lorsqu’ils recommandent une quelconque consommation, même modérée, pour des avantages de santé. Les messages de santé publique devraient insister sur le fait qu’aucun niveau de consommation d’alcool n’est complètement sûr, car même une consommation à faible volume comporte des risques pour la santé cardiovasculaire et le développement de maladies neurodégénératives comme la démence et la sclérose en plaques.

Vers une approche plus nuancée de la consommation d’alcool

Les nouvelles preuves remettent en question les croyances répandues sur les bienfaits de la consommation modérée d’alcool. Les experts encouragent désormais une approche plus prudente et nuancée, en mettant l’accent sur les risques potentiels de l’alcool, même à faible dose, et en promouvant des modes de vie sans alcool. Cette évolution des connaissances et des recommandations de santé publique est essentielle pour mieux comprendre les effets de l’alcool sur la longévité et la santé globale.

Bien que cette étude ait apporté des éclairages importants, les auteurs ont reconnu certaines limites, notamment le manque de prise en compte de divers facteurs influençant la consommation d’alcool et le risque de mortalité. Des études de plus haute qualité sont nécessaires pour mieux comprendre la relation entre la consommation d’alcool et le risque de mortalité, en particulier en ce qui concerne l’influence du statut tabagique. Cette recherche continue sera essentielle pour guider les recommandations et les messages de santé publique sur la consommation d’alcool à l’avenir.

 

 

 

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François Lehn

François Lehn, journaliste science/santé depuis 20 ans, auteur, il a notamment été la "Plume" et l'assistant du Pr David Servan-Schreiber.

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