L’alcool sur le cerveau : consensus sur les risques cérébraux
Une étude a montré que consommer 8 boissons alcoolisées ou plus par semaine double le risque de développer des lésions cérébrales.

Les scientifiques sont arrivés à un consensus : l’alcool sur le cerveau est un poison pour la santé cognitive. Une nouvelle étude a révélé que boire 8 boissons alcoolisées ou plus par semaine augmente le risque de développer des lésions cérébrales dans les tissus, associées à la démence.
Ce risque diminue de plus de moitié avec moins de sept boissons par semaine, mais reste bien plus élevé par rapport à celui des non-buveurs.
La consommation d’alcool est associée à des changements cérébraux spécifiques, des cellules anormales ou des tissus endommagés. Quels sont les mécanismes en jeu ?
Combien d’alcool sur le cerveau augmente les risques de l’endommager ?
Pour répondre à cette question, les tissus cérébraux de 1700 personnes, décédées à 75 ans en moyenne, ont été examinés par autopsie.
Le Docteur Justo, chercheur à la faculté de médecine de l’université de São Paulo (Brésil), et son équipe ont recherché des signes de lésions cérébrales, notamment :
- des dégénérescences neurofibrillaires (accumulations anormales de protéines liées à la maladie d’Alzheimer),
- l’artériolosclérose hyaline (une affection qui provoque le rétrécissement et l’épaississement des petits vaisseaux sanguins et possiblement des lésions cérébrales).
Grâce aux informations fournies par les familles, les sujets ont été classés en 4 groupes :
- ceux qui n’avaient jamais bu,
- les buveurs modérés (soit moins de 7 verres par semaine),
- les gros buveurs (8 ou plus),
- les anciens gros buveurs (arrêt de plus de 3 mois avant leur décès).
Une boisson a été définie comme une bière de 350 ml, un verre de vin standard de 150 ml ou 50 ml de spiritueux.
Une fois pris en compte d’autres facteurs pouvant avoir un impact négatif sur la santé cérébrale (l’âge du décès, le tabagisme et le manque d’activité physique),
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- les gros buveurs étaient 133 % plus susceptibles d’avoir des lésions cérébrales par rapport à ceux qui n’avaient jamais bu.
- pour les anciens gros buveurs, ces probabilités étaient de 89 % plus élevées et pour les buveurs modérés de 60 %,
- même une consommation modérée d’alcool peut provoquer des changements neuropathologiques et remet en question le préjugé que seuls les gros buveurs présentent ce type de risque,
- chez les gros buveurs ou anciens gros buveurs, les risques de développer des dégénérescences neurofibrillaires étaient, dans l’étude, respectivement plus élevés de 41 % et de 31 %.
Les capacités cognitives des personnes décédées ont été déterminées grâce aux informations fournies par leurs proches, qui avaient un contact au moins hebdomadaire avec eux au cours des six mois précédant le décès.
Les chercheurs n’ont pas trouvé d’effet direct entre la consommation d’alcool et la cognition, mais ils ont conclu que l’artériolosclérose hyaline peut altérer les symptômes cognitifs des personnes qui consomment de l’alcool.
Les gros buveurs étaient moins susceptibles d’avoir de l’hypertension et un accident vasculaire cérébral, un résultat qui peut sembler contre-intuitif. Mais les chercheurs font l’hypothèse que c’est parce que les gros buveurs sont décédés 13 ans plus tôt en moyenne que ceux qui n’ont jamais bu.
Que penser du qualificatif gros buveur dans cette étude sur l’effet de l’alcool sur le cerveau ?
Pour certaines personnes, la consommation excessive d’alcool peut être bien supérieure à la définition de 8 boissons ou plus par semaine retenue dans cette étude.
En France, 10 % des 18-75 ans sont considérés comme gros buveurs d’alcool. À eux seuls, ils représentent 54 % de toute la consommation et ils boivent plus de 10 verres par semaine.
Dans cette étude, le seuil de consommation excessive d’alcool était relativement conservateur : pour les 10 % de gros buveurs le risque annoncé par l’étude est probablement sous-estimé.
Les résultats n’en sont pas moins une avancée importante : il n’y a pas beaucoup de recherche de ce type, post-mortem, avec des populations aussi vastes, étudiant les conséquences de l’alcool au plan biologique et cognitif.
Les informations recueillies auprès des proches sont déclaratives et ne peuvent pas être considérées comme totalement fiables. Enfin, l’étude note des associations entre la consommation d’alcool et les changements cérébraux mais ne prouve pas définitivement que l’une cause les autres.
Comment diminuer sa consommation d’alcool ?
A la lecture des résultats de cette étude, cette question fait sens.
Les spécialistes de l’alcoolisme sont formels : boire moins diminue les risques pour la santé physique et mentale. Voici leurs conseils :
- suivre sa consommation quotidienne : pour savoir si on boit de manière excessive,
- faire une pause pour voir comment l’alcool vous affecte : il peut impacter le sommeil, l’humeur et l’énergie. Un arrêt de quelques semaines ou d’un mois leur donne l’occasion d’évaluer comment on se sent sans boire. Il peut être bénéfique pour la mémoire et la tension artérielle. “Janvier sec” est l’occasion d’essayer l’abstinence portée par toute une population.
- alterner boissons alcoolisées et non alcoolisées : une habitude pour espacer et réduire doucement la consommation d’alcool,
- faire un temps d’arrêt entre les verres : attendre 15 minutes après avoir bu un verre pour en reprendre une autre. Cela laisse le temps de profiter de la boisson précédente et de se demander si on en a vraiment envie d’une autre,
- reconnaître les signes d’un problème avec l’alcool : finir de boire plus que prévu, ne pas pouvoir s’en empêcher, observer des problèmes au travail, une perte de centres d’intérêt, des relations affectées, des troubles mentaux. N’hésitez surtout pas à en parler avec un médecin si vous sentez que vous êtes concerné(e).
Sources :
Cairn-info : alcoolo-dépendance, atteintes neuropsychologiques