Science

Vitamine D: diminuer de 50% le risque de cancer colorectal

300 UI de vitamine D par jour pourraient être corrélés à une réduction de 50 % du risque de cancer colorectal chez les jeunes adultes.

Marie Desange

De nouveaux résultats suggèrent qu’environ 300 UI de vitamine D par jour pourraient être corrélés à une réduction de 50 % du risque de cancer colorectal chez les jeunes adultes.

Les changements dans le mode de vie et les habitudes alimentaires pourraient être en partie responsables de l’incidence croissante du cancer colorectal chez les jeunes adultes. Les scientifiques ont émis l’hypothèse que la diminution de l’apport alimentaire moyen en vitamine D depuis les années 1980 pourrait être un facteur de cette incidence accrue. Une étude a établi un lien entre un apport total plus élevé en vitamine D et un risque plus faible de cancer colorectal chez les adultes de moins de 50 ans. Les résultats suggèrent qu’encourager les personnes de cette tranche d’âge à augmenter leur apport en vitamine D pourrait constituer un complément bon marché et à faible risque au dépistage de la maladie.

Le cancer colorectal (cancer du côlon ou du rectum) est très fréquent. Si l’incidence globale du cancer colorectal a diminué au cours des deux dernières décennies, le nombre de jeunes adultes atteints de la maladie a augmenté. Si les tendances actuelles se poursuivent, les chercheurs estiment que d’ici 2030, près de 11 % des cancers du côlon et 23 % des cancers du rectum surviendront chez des adultes de moins de 50 ans. Environ la moitié des personnes atteintes d’un cancer colorectal à début précoce n’ont pas d’antécédents familiaux de la maladie ou de facteurs de risque génétiques connus, de sorte que l’évolution des modes de vie et des habitudes alimentaires pourrait jouer un rôle dans l’augmentation de son incidence. Les chercheurs ont déjà établi un lien entre le cancer colorectal à début précoce et l’obésité et les modes de vie sédentaires.

Ils se sont également penchés sur les changements de régime alimentaire comme autre coupable possible de l’augmentation des chiffres. Les chercheurs suggèrent que la consommation réduite d’aliments riches en vitamine D, tels que le poisson, les champignons et les œufs, est l’un des principaux suspects. Plusieurs études ont montré que la vitamine D protège contre le cancer colorectal en général, mais aucune ne s’est concentrée sur la forme précoce de la maladie. Les changements alimentaires survenus au cours des dernières décennies sont l’un des nombreux facteurs de risque potentiels étudié en relation avec le cancer colorectal à début précoce. Nous savons que l’alimentation et le mode de vie sont fortement liés au cancer colorectal dans son ensemble (quel que soit l’âge du diagnostic), il est donc logique d’examiner si certains des facteurs de risque qui ont changé récemment, comme la vitamine D, peuvent contribuer à l’augmentation du nombre de cancers colorectaux à début précoce.

La vitamine D provenant de l’alimentation et des compléments alimentaires

Les chercheurs ont analysé les données sur l’alimentation, le mode de vie et les antécédents médicaux de 116 429 infirmières âgées de 25 à 42 ans. Les infirmières participaient à la Nurses’ Health Study II (NHS II) qui a débuté en 1989. Dans cette étude prospective, les participantes remplissent tous les deux ans des questionnaires sur leur mode de vie, leurs antécédents médicaux et d’autres informations liées à la santé. Ils répondent également à des questions plus détaillées sur leur régime alimentaire dans un questionnaire de fréquence alimentaire tous les 4 ans. Les chercheurs ont utilisé ces données pour estimer l’apport total en vitamine D des volontaires à partir de leur alimentation et des compléments alimentaires.

Entre 1991 et 2015, 111 nouveaux cas de cancer colorectal à début précoce ont été diagnostiqués chez les participants. Après avoir ajusté les autres risques connus, comme le tabagisme, la consommation d’alcool, la consommation de viande rouge et les comportements sédentaires, ils ont constaté que l’apport total en vitamine D était significativement associé à un risque réduit de cancer colorectal à début précoce. L’effet protecteur semblait être plus important pour la vitamine D provenant de sources alimentaires que pour celle provenant de suppléments. Les scientifiques ont également constaté une association entre un faible apport en vitamine D et les précurseurs de la maladie, connus sous le nom d’adénomes et de polypes.

Les résultats suggèrent qu’une quantité aussi faible que 300 [unités internationales ou UI par jour] de vitamine D peut être associée à une réduction de 50 % du risque de cancer colorectal à début précoce. Les résultats sont publiés dans la revue Gastroenterology.

Privilégier la vitamine D de source alimentaire

Les auteurs concluent que, s’ils sont confirmés, leurs résultats pourraient conduire à des recommandations en faveur d’un apport plus élevé en vitamine D comme complément peu coûteux et à faible risque au dépistage du cancer colorectal pour prévenir la maladie chez les adultes de moins de 50 ans. Le fait que la vitamine D alimentaire semble avoir un effet protecteur plus fort que la vitamine D provenant de suppléments pourrait être dû au hasard. Une autre explication possible pourrait être que certains nutriments contenus dans les multivitamines pourraient contrebalancer les effets bénéfiques de la vitamine D. Il pourrait également y avoir des facteurs supplémentaires dans l’alimentation, comme le calcium, qui pourraient agir avec la vitamine D pour réduire le risque

Le cancer colorectal à début précoce représente plus de 10% de tous les cas de cancer colorectal et que cette incidence est en augmentation. Les études d’observation comme celle-ci jettent un peu de lumière sur le rôle du régime alimentaire et de facteurs spécifiques comme la vitamine D dans l’augmentation de l’incidence du [cancer colorectal] à début précoce, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour tirer des conclusions.

Sources

Trends in vitamin D intake from food sources among adults in the Minneapolis St Paul, MN Metropolitan area, 1980–82 through 2007–2009

Total Vitamin D Intake and Risks of Early-Onset Colorectal Cancer and Precursors

5/5 - (1 vote) Avez-vous trouvé cet article utile?
À lire aussi