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Médecine douce

Sérotonine : faites le plein du neurotransmetteur de la joie

Marie Desange

Notre cerveau fonctionne grâce aux neurotransmetteurs, ces médiateurs chimiques porteurs de messages importants tant pour le fonctionnement général de notre organisme que pour notre santé mentale et la stabilité de nos états émotionnels.

Notre système nerveux en a besoin pour assurer la communication entre les neurones et ainsi recevoir et envoyer des messages dans tout le corps. Il existe plus d’une centaine de neurotransmetteurs différents responsables de nos actions conscientes et inconscientes ainsi que de nos émotions.  La fonction  de certains neurotransmetteurs commence à être bien connue maintenant. C’est notamment le cas de la sérotonine, le neurotransmetteur du bien-être.

Un rôle essentiel dans le corps

La sérotonine est synthétisée par certains neurones du cerveau et de l’intestin à partir d’un acide aminé essentiel (que le corps ne sait pas fabriquer), le tryptophane, qui entre pour une petite partie dans la composition des protéines alimentaires. De ce fait, notre taux de sérotonine est particulièrement lié à notre alimentation. Il dépend également de la lumière car une bonne luminosité diminue sa dégradation. Elle joue un rôle majeur la régulation du stress, de l’anxiété, des phobies et de la dépression. Mais ses effets ne s’arrêtent pas aux émotions. La sérotonine intervient également dans la régulation de la température corporelle, la douleur, la coagulation sanguine, la venue du sommeil, le contrôle de la prise alimentaire, la sensibilité aux migraines et les comportements agressifs. Elle est aussi utilisée par le cerveau pour fabriquer  la mélatonine un neurotransmetteur impliqué dans le sommeil.

Baisse de la sérotonine et tout va mal

Des taux de sérotonine bas apparaissent associés à l’extraversion, l’impulsivité, l’irritabilité, l’agressivité, voire dans les cas extrêmes aux tendances suicidaires. La destruction des régions du cerveau à forte densité de neurones sérotoninergiques entraîne une désinhibition du contrôle réfléchi sur le comportement : l’animal cède à des pulsions quelles que soient les conséquences de ses actes. Lorsqu’on administre des chocs électriques à un rat qui essaie de se procurer de la nourriture, il s’interrompt après une dizaine de tentatives. Mais lorsqu’on épuise sa sérotonine, il persiste malgré 200 chocs et plus. Souris et rats cohabitent généralement sans problèmes dans une cage. Mais si leur sérotonine est anormalement basse, les rats massacrent les souris. La baisse drastique de sérotonine entraîne aussi une désinhibition de l’activité sexuelle.

La sérotonine a surtout été étudiée dans la dépression. Si une faiblesse des taux de sérotonine est associée à une baisse de moral, une carence se manifeste par les symptômes de la dépression. Baisse de moral, fatigue importante, troubles du sommeil, manque d’envie, troubles de la prise alimentaire, replis et perte d’estime de soi voire idées suicidaires. Le rétablissement du niveau de sérotonine est d’ailleurs la cible de nombreux médicaments tels que les ISRS (Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine) ou les iMAO (Inhibiteur de la MonoAmine Oxydase), une enzyme chargée de dégradée la sérotonine.

Plantes et précurseurs : Les meilleurs sources de sérotonine

Mais inversement, un taux suffisant de sérotonine crée un terrain favorable aux comportements prudents, réfléchis, calmes, à l’inhibition des comportements violents et favorise le sentiment de bien-être avec soi et les autres. La joie semblerait bien naître dans la sérotonine.

Pour s’assurer un taux de sérotonine suffisant, il faut manger des aliments riches en tryptophane, son précurseur.  Vous en trouverez notamment dans l’avocat, le fromage, le poulet, le canard, les flocons d’avoine et la ricotta. Pour des raisons d’assimilation, il peut aussi être utile d’avoir recours  à des suppléments riches en tryptophane. Ces derniers sont généralement préconisés en fin de journée (après 17h), lorsque notre synthèse de sérotonine est maximale. Le griffonia (Griffonia simplicifolia) est également une plante intéressante. D’origine africaine, ses graines renferment une quantité importante de 5-HTP (5-HydroxyTryptophane), le précurseur direct de la sérotonine.

Cependant, il ne suffit pas de consommer du tryptophane ou du 5-HTP pour fabriquer de la sérotonine. Encore faut-il que nos neurones aient des quantités suffisantes de vitamines B2 et B6, d’oligo-éléments tels que le magnésium et le zinc pour pouvoir fabriquer correctement cette sérotonine.

Enfin, certaines plantes ont une action intéressante pour maintenir des bons taux de sérotonine. C’est le cas du safran (Crocus sativus) ou du millepertuis (Hypericum perforatum). Sans oublier l’activité physique/ l’exercice, la méditation, le rire et la luminothérapie qui sont également des moyens efficaces de maintenir de bon taux de sérotonine et une joie de vivre inaltérable.

Ludovic Rondini
Professeur à l’école de Naturopathie FLMNE et leur site:
http://www.flmne.org

Ludovic Rondini est docteur en nutrition. Titulaire d’une maitrise en biochimie, d’un doctorat en nutrition et d’un MBA spécialisé dans les métiers de la santé. Il est l’auteur de plus de plusieurs publications scientifiques dans des revues à comité de relecture et intervient régulièrement pour former et informer les professionnels de santé sur les nouvelles avancées dans le domaine de la nutrition, de la micronutrition et de la phytothérapie

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