Nutrition

Démence : trop de sucre endommage le cerveau

Hélène Leroy

Une étude récente, publiée dans le prestigieux New England Journal of Medicine, indique qu’un excès de sucre sanguin, même chez les non-diabétiques, est associé à une hausse importante du risque de perte des fonctions cognitives et d’apparition de la démence.

  1. Un surplus de sucre nuit au cerveau
  2. Une glycémie facilement sous contrôle

Chaque jour, nous consommons du sucre ajouté dans une foule de produits industriels, en particulier ceux de la malbouffe. Cet excès de sucre est une bien mauvaise habitude, car:

– il apporte un surplus moyen de 345 calories, tout en étant dépourvu d’éléments nutritifs;

– ce surplus d’énergie est converti par le foie en graisse et mène donc à une augmentation du poids corporel.

– la consommation répétée d’un excédent de sucre, surtout lorsqu’ elle est combinée au surpoids, perturbe les mécanismes de gestion du sucre dans le sang et provoque un état d’hyperglycémie chronique.

En conséquence, il n’est pas étonnant que l’augmentation marquée de l’apport en sucres simples qui s’est produite au cours des dernières décennies soit associée à une foule de problèmes de santé comme l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le syndrome métabolique, la stéatose hépatique (maladie du Soda) ainsi que le diabète de type 2. Bien que nous ayons tous, à des degrés divers, la «dent sucrée», il est important de reconnaître qu’un excès de sucre représente un facteur de risque très important de plusieurs maladies graves qui compromettent autant la qualité que l’espérance de vie.

En plus de ses impacts négatifs sur le métabolisme, il semble que le surplus de sucre sanguin soit également associé à une détérioration des fonctions cognitives. Par exemple, des études ont montré que les personnes affectées par un diabète de type 2 ont un risque 50% plus élevé d’être affectées par certaines démences (Alzheimer, démence vasculaire).

Pour examiner plus en détail cette relation, un groupe de chercheurs américains a mesuré pendant une période de 7 ans les taux de glucose sanguin chez 2067 personnes (âge moyen de 76 ans) et examiné en parallèle l’apparition de problèmes cognitifs à l’aide de tests spécialisés.

Ils ont tout d’abord confirmé que les personnes diabétiques qui ont une glycémie élevée (10,5 mmol par litre) ont 40% plus de risque de démence que celles dont la glycémie est mieux contrôlée (8,9 mmol par litre). Cependant, et c’est là la principale découverte de l’étude, ils ont aussi mis en évidence que les non-diabétiques dont la glycémie était plus élevée que la normale étaient également plus à risque.

Par exemple, une glycémie légèrement au-dessus de la normale (6,4 vs 5,5 mmol par litre) est associée à un risque accru de 18% de démence. Autrement dit, un surplus de sucre sanguin, même léger, endommage le cerveau et accélère la perte des fonctions cognitives qui accompagne le vieillissement.

Ces observations illustrent à quel point il est important de maintenir une glycémie normale pour vivre longtemps en bonne santé. Heureusement, plusieurs modifications très simples au mode de vie peuvent prévenir l’hyperglycémie:

– Bien choisir ses glucides. Les sucres simples présents en grandes quantités dans les produits industriels sont rapidement assimilés et forcent le pancréas à sécréter une grande quantité d’insuline. Avec le temps, ce mécanisme devient moins performant et des quantités résiduelles de sucre demeurent en circulation.

Les glucides présents dans les fibres alimentaires et les amidons complexes (légumes, légumineuses et grains entiers) sont assimilés beau- coup plus lentement et entraînent une production plus faible d’insuline, ce qui économise la fonction du pancréas.

– Maintenir un poids corporel normal. L’embonpoint et l’obésité créent des conditions inflammatoires qui empêchent les cellules de bien assimiler le sucre en réponse au signal de l’insuline (résistance à l’insuline). Il n’y a pas de régime miracle pour maigrir, mais un bon point de départ est d’éviter autant que possible les aliments industriels hypercaloriques et d’adopter une alimentation principalement composée de produits végétaux comme les fruits et les légumes et les grains entiers.

– L’exercice physique. Les muscles en action sont de véritables «pompes» à sucre et l’exercice physique régulier est indispensable au maintien d’une glycémie normale.

Source

Crane PK et coll. «Glucose Levels and Risk of Dementia», N Engl J Med; 369: 540-8

Lire aussi : Excès de sucre : apparition du prédiabète et augmentation du cancer

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