Pourquoi avons-nous parfois si faim ? Comprendre les origines et les solutions aux fringales
les raisons potentielles pour lesquelles vous pouvez ressentir des fringales, ainsi que les moyens de les gérer.

Il arrive à tout le monde de traverser des journées où l’appétit semble insatiable. Peu importe la quantité ou le type d’aliments consommés, la sensation de faim persiste, parfois au point de nuire à notre humeur et à notre efficacité au quotidien. Mais qu’est-ce qui explique ce phénomène ? Entre déséquilibres hormonaux, hygiène de vie et facteurs environnementaux, les causes de ces fringales sont multiples et concernent de nombreux aspects de la santé. Analysons en détail ce qui se joue derrière l’envie irrépressible de manger et comment y répondre de manière efficace.
Définir les fringales et leur impact sur le corps
En langage courant, on parle de « fringales » pour désigner ces épisodes de faim intense et soudaine, souvent vécus comme gênants. Sur le plan physiologique, la sensation de faim découle essentiellement d’une interaction hormonale impliquant la ghréline et la motiline, deux hormones qui envoient des signaux au cerveau lorsque l’organisme manque d’apport énergétique. Selon François Lehn, la ghréline agit comme “l’alarme de la faim”, tandis que la motiline intervient pour réguler les cycles de contraction de l’estomac.
Sans apport alimentaire pendant une période prolongée, l’acidité gastrique augmente, ce qui provoque parfois une douleur ou une sensation de brûlure dans l’estomac. Cette gêne peut s’accompagner de symptômes associés, parmi lesquels la fatigue, une légère anxiété, des vertiges, ou encore une irritabilité temporaire.
Identifier les origines des fringales
Percevoir la faim n’est pas uniquement le fruit d’un estomac vide. Les mécanismes qui déclenchent les fringales sont variés et parfois méconnus. Voici les raisons principales qui expliquent leur apparition :
- Sauter des repas ou restreindre son alimentation : Adapter son alimentation en réduisant fortement les apports caloriques, dans le cadre d’un régime par exemple, stimule la production des hormones de la faim. Plusieurs études (voir par exemple Drewnowski et al., 2012) montrent que cette situation augmente l’attrait pour les aliments très caloriques et appétissants.
- Période de convalescence : Suite à une maladie ayant causé une perte d’appétit ou des vomissements, le corps cherche à compenser le déficit énergétique survenu sur plusieurs jours.
- Alimentation à forte charge glycémique : Consommer fréquemment des produits très sucrés ou raffinés (biscuits, sodas, pain blanc) entraîne des variations rapides de la glycémie et de l’insuline. Ces fluctuations peuvent intensifier la sensation de faim peu après un repas.
- Manque de sommeil : Un repos insuffisant perturbe la régulation hormonale, notamment en stimulant la production de cortisol, une hormone qui accroît l’appétit et favorise l’attirance pour des aliments riches en glucides et en graisses (Taheri et al., 2004).
- Consommation d’alcool : L’alcool agit sur le système nerveux central, favorisant l’activation de régions cérébrales associées à la faim.
- Déshydratation : La sensation de soif peut aisément être confondue avec la faim, faussant ainsi les signaux de satiété.
- Exercice physique excessif : Un entraînement intense, s’il n’est pas compensé par une alimentation adaptée, pousse le corps à réclamer davantage d’énergie.
- Troubles émotionnels : L’anxiété ou la dépression augmentent le risque de recourir à l’alimentation comme moyen de réconfort émotionnel.
- Stimulation visuelle ou olfactive : Être exposé à des aliments appétissants ou à la publicité alimentaire peut, même sans faim réelle, déclencher une envie de manger.
Les symptômes qui accompagnent les fringales
La manifestation la plus courante reste la sensation de vide ou de brûlure dans la région gastrique. Cependant, d’autres signes accompagnent souvent les fringales :
- Bruissements ou gargouillements dans l’estomac
- Envie marquée pour des aliments sucrés, salés ou gras
- Fatigue générale, sensation de faiblesse
- Épisodes de vertiges passagers
- Irritabilité ou nervosité accrue
- Baisse de concentration
En général, ces désagréments persistent jusqu’à la prise d’un repas ou d’une collation satisfaisante. À noter qu’en période de jeûne prolongé, comme lors du jeûne intermittent, la faim tend à diminuer au fil du temps, le corps s’adaptant progressivement à la restriction alimentaire (voir “Rajeunir”). Certaines personnes rapportent même une réduction des sensations désagréables après un ou deux jours de jeûne.
Régimes alimentaires et modulations de l’appétit
L’enchaînement de périodes de restriction calorique influe directement sur la sensation de faim et l’équilibre métabolique. Si limiter ses apports caloriques s’avère bénéfique sur une courte période pour perdre du poids, une privation trop prolongée peut induire une adaptation du corps appelée “mode famine”. Dans cet état, l’organisme ralentit son métabolisme et augmente la sécrétion d’hormones favorisant l’appétit, rendant très difficile le maintien du régime et favorisant, sur le long terme, l’effet yo-yo.
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Selon les recommandations recensées par l’équipe de François Lehn, la consommation d’au moins trois repas par jour, intégrant protéines, fibres et graisses saines, est essentielle pour limiter l’apparition des fringales. Les personnes particulièrement actives, enceintes ou en période d’allaitement doivent augmenter la fréquence et la densité nutritionnelle de leurs repas pour répondre à leurs besoins spécifiques.
Adopter de bonnes habitudes pour gérer la faim
Structurer ses repas pour améliorer la satiété
La prévention des fringales passe en premier lieu par l’équilibre alimentaire. Des repas bien composés, associant protéines (œufs, viande maigre, yaourt, légumineuses), fibres (légumes, fruits, céréales complètes) et bonnes graisses (huile d’olive, noix, graines), permettent à la fois de ralentir la digestion et d’allonger la durée de la satiété. Des travaux publiés en 2015 par l’ANSES soulignent que l’ajout de fibres et de protéines à chaque repas diminue considérablement la tentation de grignoter entre les prises alimentaires [source : ANSES, 2015].
Fréquence et timing des repas
Manger toutes les trois à quatre heures, selon son activité physique ou son métabolisme, aide à stabiliser le taux de glucose sanguin et à éviter la sensation de faim trop prononcée. Sauter les repas peut déséquilibrer la régulation hormonale, accentuant ensuite la difficulté à contrôler l’appétit au repas suivant.
Qualité du sommeil et gestion du stress
Un sommeil insuffisant influe directement sur la sensation de faim, par dérèglement des hormones leptine et ghréline. Une étude de Spiegel et al. (2004) a montré qu’un déficit de sommeil, même modéré, augmente sensiblement la faim ressentie chez les adultes. De même, le stress chronique élève le niveau de cortisol, une hormone qui stimule l’appétit, en particulier pour les aliments sucrés ou gras.
- Veillez à garantir 7 à 9 heures de sommeil de qualité par nuit
- Explorez des techniques de gestion du stress : respiration, activité physique modérée, pauses régulières…
Hydratation et consommation d’alcool
Boire tout au long de la journée maintient l’organisme dans de bonnes conditions métaboliques et aide à prévenir la confusion entre faim et soif. Avant de manger, il est conseillé de boire un verre d’eau puis d’attendre quelques minutes afin de vérifier si la sensation de faim persiste. Par ailleurs, la consommation d’alcool doit rester modérée, car elle inhibe les signaux de satiété et augmente l’envie de consommer des aliments riches en énergie.
Maîtriser l’activité physique
Si l’activité physique favorise l’équilibre hormonal, un entraînement excessif peut générer une demande énergétique accrue, traduite par des épisodes de fringales. Il est ainsi préférable d’adapter l’alimentation à la dépense calorique pour éviter les manques.
Le rôle des émotions dans la faim
La dimension psychologique joue un rôle non négligeable dans la survenue des fringales. Selon plusieurs études, stress, ennui, tristesse ou anxiété amènent à rechercher le réconfort dans la nourriture, même sans réel besoin physiologique. Il est important d’apprendre à identifier ces déclencheurs émotionnels et à développer des habitudes de pleine conscience alimentaire pour différencier faim réelle et faim émotionnelle (d’après “Rajeunir_V0.pdf”).
Quand envisager un avis médical ?
Une faim excessive ou persistante peut parfois relever d’un déséquilibre médical, notamment lors de la prise de certains médicaments (antidépresseurs, traitements contre le diabète) qui affectent l’appétit. En cas d’apparition simultanée d’autres symptômes inhabituels, comme nausées, diarrhées, fièvre ou perte de poids inexpliquée, il est recommandé de consulter un professionnel de santé ou un gastro-entérologue.
Récapitulatif à retenir
Les fringales résultent d’une conjugaison de facteurs physiologiques — notamment hormonaux — et de situations de vie : sauter des repas, adopter un régime restrictif, déséquilibres du rythme de sommeil, stress chronique, ou encore exposition fréquente à des aliments tentants. Pour prévenir ces sensations de faim intense, il s’avère crucial de privilégier une alimentation équilibrée et fractionnée, de veiller à une bonne hydratation, d’assurer une part conséquente de sommeil et d’apprendre à différencier les signaux du corps, notamment lorsque ceux-ci sont influencés par les émotions ou l’environnement.
Si le phénomène devient récurrent ou s’accompagne d’autres troubles, une évaluation médicale s’impose. Adopter ces stratégies permet de retrouver une relation sereine à la nourriture et de limiter l’emprise des fringales sur la vie quotidienne.