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Médecine douceActualité

Le microbiome intestinal pourrait être responsable des fringales

Une étude suggère que les microbes intestinaux pourraient déclencher des fringales et nous pousser à la faute

Marie Desange

Les milliards de bactéries qui vivent dans nos intestins pourraient influencer nos choix alimentaires, selon une nouvelle étude. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de Pittsburgh suggère que les microbes intestinaux pourraient déclencher des comportements de recherche d’aliments contenant certains nutriments. Dans cette étude, les chercheurs ont constaté que des souris élevées pour ne pas avoir de microbiome mais colonisées ultérieurement avec les microbiomes intestinaux de différents animaux présentaient des variations significatives dans leurs comportements alimentaires.

Les auteurs pensent que les bactéries intestinales pourraient affecter nos choix alimentaires et nos envies en influençant la disponibilité des acides aminés essentiels. Les décisions que nous prenons sur ce que nous mangeons ne viennent peut-être pas seulement de notre cerveau. Les mécanismes qui déterminent nos choix alimentaires pourraient remonter aux processus évolutifs des microbes intestinaux.

Depuis des décennies, les scientifiques se demandent si la flore intestinale est à l’origine des pulsions alimentaires. Cependant, personne n’avait jamais testé directement l’hypothèse sur des animaux plus grands qu’une mouche à fruitsSource fiable. Le Dr Kevin Kohl et le Dr Brian Trevelline de l’Université de Pittsburgh, en Pennsylvanie, ont exploré cette possibilité avec des souris exemptes de germes. Le Dr Kohl est professeur adjoint au département de biologie de la Kenneth P. Dietrich School of Arts and Sciences de l’université de Pittsburgh.

Leurs recherches ont montré que les souris ayant reçu divers types de microbiote ont volontairement modifié leurs préférences alimentaires. Ce travail montre que les animaux ayant des compositions différentes de microbes intestinaux choisissent différents types de régimes alimentaires. Cette étude est publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Microbes et acides aminés

Les microbes jouent un rôle dans la fabrication des nutriments. Les animaux ont besoin d’une série d’acides aminés essentiels pour survivre. Mais les microbes qui vivent à l’intérieur de nos intestins ont besoin de se développer et d’avoir certains de ces mêmes nutriments ou de fabriquer des nutriments que le corps humain ou le corps animal peut reconnaître. Par exemple, ils fabriquent ces acides aminés essentiels, puis ils sont libérés dans l’intestin où ils peuvent être absorbés par l’hôte. De plus, les microbes pourraient également être décomposés et digérés pour libérer des nutriments. Les microbes présents dans l’intestin contribuaient de manière bénéfique à de nombreux processus, notamment en synthétisant les nutriments dont l’homme a besoin et en complétant son régime alimentaire. ,Cette étude montre également que certaines de ces molécules peuvent pénétrer dans la circulation sanguine de l’hôte et affecter son comportement.

Des cocktails sauvages

Les chercheurs ont collecté des microbes provenant de trois espèces de rongeurs sauvages ayant des régimes alimentaires naturels différents. Ils ont donné ces « cocktails » microbiens à 30 souris conçues sans microbiote intestinal. Les souris de chaque groupe ont commencé à sélectionner des aliments riches en macronutriments sensiblement différents. Les souris dont les microbes provenaient de rongeurs sauvages herbivores ont choisi un régime alimentaire présentant un rapport protéines/glucides (P:C) plus élevé. Celles dont les microbes provenaient de rongeurs carnivores et omnivores choisissaient un régime dont le rapport P:C était plus faible.

Le rôle du tryptophane

Le tryptophane, un acide aminé essentiel, est un précurseur de la sérotonine, un neurotransmetteur. Les scientifiques pensent que cette hormone peut réguler le choix du régime alimentaire.
Les souris ayant un microbiote différent présentaient également des niveaux variables de tryptophane dans le sang avant de choisir différents régimes alimentaires. Les souris présentant une plus grande quantité de tryptophane avaient également plus de microbes capables de produire cet acide aminé dans leurs intestins. Le tryptophane n’est qu’un des nombreux messagers chimiques qui communiquent avec l’intestin et le cerveau. Cette expérience permet de découvrir comment le tryptophane pourrait affecter directement le comportement alimentaire au quotidien.

Les limites de l’étude

Aussi intriguants que soient les résultats, il est peut-être trop tôt pour attribuer à la flore intestinale la responsabilité de toutes les envies de manger. Cette recherche novatrice ne donne qu’un aperçu de la manière dont les microbes peuvent interagir avec les hôtes animaux. Elle n’a pas comparé l’influence des microbes avec d’autres facteurs.

Autres questions à explorer

La question de savoir si les microbes présents dans notre alimentation influencent les envies de manger est « à étudier à l’avenir » concluant les auteurs. Nos microbiomes sont constamment influencés par notre environnement, nos modes de vie et les animaux et autres personnes avec lesquels nous interagissons. Tout cela a le potentiel d’influencer notre microbiote. Mais savoir si cela produit des conséquences comportementales significatives est encore une question en suspens à ce stade.

Source

The gut microbiome influences host diet selection behavior

 

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