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Cette cause surprenante qui fait de certaines personnes de vrais aimants à moustiques ?

Comprendre pourquoi les moustiques sont attirés par certains individus est essentiel pour développer des stratégies efficaces de prévention

Marie Desange
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Les moustiques sont des créatures agaçantes qui peuvent transformer une agréable soirée d’été en un véritable cauchemar de démangeaisons et de piqûres. Mais saviez-vous que certaines personnes sont plus attirantes pour ces insectes que d’autres ? Deux études récentes ont révélé des facteurs fascinants qui expliquent pourquoi le sang humain agit comme un véritable aimant pour les moustiques. Dans cet article, nous explorerons ces découvertes révolutionnaires et discuterons de l’impact potentiel sur la prévention des maladies transmises par les moustiques.

Expansion géographique des maladies transmises par les moustiques

Avant de plonger dans les raisons pour lesquelles les moustiques sont attirés par certaines personnes, il est important de comprendre l’ampleur du problème des maladies transmises par ces insectes. Dans les pays plus froids comme l’Europe, les moustiques sont principalement considérés comme des nuisances estivales, désagréables mais sans réels impacts majeurs sur la santé. Cependant, à l’échelle mondiale, les moustiques sont les animaux les plus meurtriers pour l’homme, causant plus d’un million de décès chaque année par la transmission de pathogènes tels que le paludisme, la dengue, le chikungunya et le virus Zika.

Malheureusement, la protection contre ces maladies apportée par les climats plus froids risque de considérablement changer au cours des prochaines décennies. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, l’augmentation du risque de transmission de maladies infectieuses par des vecteurs comme les moustiques est l’une des conséquences concrètes du changement climatique. Le réchauffement permettra l’expansion géographique de plusieurs de ces vecteurs, notamment les moustiques du genre Aedes, responsables de la transmission de plusieurs arbovirus dangereux tels que la dengue, le chikungunya, la fièvre jaune et le virus Zika. Les moustiques du genre Culex, vecteurs du virus du Nil, ainsi que certaines tiques transmettant la bactérie responsable de la maladie de Lyme, pourraient également se propager dans de nouvelles régions.

Les experts prévoient également que les changements climatiques pourraient favoriser l’émergence de maladies transmises par les moustiques vecteurs des arbovirus, y compris dans des pays plus froids comme ceux du Nord de l’Europe. Il est donc probable que ces moustiques, autrefois exclusivement présents dans des pays plus chauds, pourraient être présents dans 197 pays d’ici 2080, ce qui pourrait entraîner l’apparition de maladies infectieuses graves.

Les molécules de la peau qui attirent les moustiques

Maintenant que nous comprenons l’ampleur du problème des maladies transmises par les moustiques, intéressons-nous à la question fondamentale : pourquoi les humains sont-ils des proies particulièrement prisées par ces insectes ? Deux études récentes, publiées dans la prestigieuse revue Cell, ont apporté des réponses importantes à cette question.

Dans la première étude, les chercheurs ont cherché à identifier les molécules produites par la peau qui sont détectées par le système olfactif des moustiques femelles et leur permettent de naviguer préférentiellement vers le sang humain. Ils ont comparé les substances volatiles sécrétées par des personnes fortement attirantes pour les moustiques à celles émanant de personnes moins attractives. Cette approche a permis de découvrir que l’attirance des moustiques envers les humains était principalement déterminée par les niveaux d’acides carboxyliques présents sur la peau, en particulier les acides pentadécanoïque, heptadécanoïque et nonadécanoïque.

Ces résultats ouvrent la voie au développement de répulsifs antimoustiques de nouvelle génération, capables d’interférer avec la détection de ces substances et d’empêcher la transmission des virus véhiculés par ces moustiques. En ciblant spécifiquement ces acides carboxyliques, il pourrait être possible de réduire considérablement l’attraction des moustiques pour les humains et donc de diminuer le risque de transmission de maladies.

L’influence du microbiome cutané sur l’attraction des moustiques

Dans la deuxième étude, les chercheurs ont observé que les virus transportés par les moustiques pouvaient également influencer l’attraction de ces insectes pour les humains. En utilisant des souris comme modèle, les chercheurs ont montré que le moustique vecteur de flavivirus montrait une nette préférence pour les animaux déjà infectés par un flavivirus tel que la dengue ou le Zika. Une analyse plus approfondie a révélé que cette attirance était due à la présence d’une molécule volatile appelée acétophénone.

Ce mécanisme semble également présent chez les humains, car cette substance est sécrétée en grande quantité chez les patients atteints de la dengue. Une découverte intéressante de cette étude est que la production d’acétophénone est causée par une augmentation de certaines bactéries présentes sur la peau, rendue possible par la suppression des défenses antibactériennes par le virus.

En d’autres termes, les flavivirus ont développé une stratégie pour augmenter l’attraction des moustiques envers les humains qu’ils infectent, favorisant ainsi leur diffusion à grande échelle. Cependant, les chercheurs ont également observé que les défenses antibactériennes des sujets infectés par les flavivirus peuvent être réactivées en administrant un dérivé de la vitamine A, réduisant ainsi l’attraction des moustiques et interrompant le cycle de transmission du virus.

Ces découvertes pourraient ouvrir de nouvelles perspectives pour le développement de stratégies de prévention contre les maladies transmises par les moustiques. En ciblant spécifiquement les bactéries de la peau et en renforçant les défenses antibactériennes, il pourrait être possible de réduire l’attraction des moustiques pour les humains et ainsi limiter leur potentiel de transmission virale.

Prévenir les risques de piques de moustiques

Comprendre pourquoi les moustiques sont attirés par certains individus est essentiel pour développer des stratégies efficaces de prévention des maladies transmises par ces insectes. Les récentes découvertes sur les molécules de la peau et l’influence du microbiome cutané ouvrent de nouvelles perspectives passionnantes pour la mise au point de répulsifs antimoustiques de nouvelle génération et de solutions visant à réduire le potentiel de transmission des virus.

Alors que les changements climatiques continuent de favoriser l’expansion géographique des moustiques vecteurs de maladies, il est crucial de poursuivre les recherches dans ce domaine pour mieux comprendre les mécanismes d’attraction des moustiques et développer des moyens de prévention efficaces. En combinant nos connaissances sur les molécules de la peau, le microbiome cutané et les interactions entre les virus et les bactéries, nous pourrions un jour parvenir à réduire considérablement l’impact des maladies transmises par les moustiques sur la santé humaine.

Restez informé et protégez-vous contre les moustiques en adoptant des mesures de prévention efficaces, telles que l’utilisation de répulsifs, le port de vêtements longs et la suppression des eaux stagnantes propices à la reproduction des moustiques. Ensemble, nous pouvons lutter contre ces insectes nuisibles et prévenir la propagation des maladies qu’ils transmettent.

Sources

Kraemer MUG et al. (2019). Past and future spread of the arbovirus vectors Aedes aegypti and Aedes albopictus. Nat. Microbiol. 4: 854-863.

De Obaldia ME et al. (2022). Differential mosquito attraction to humans is associated with skin-derived carboxylic acid levels. Cell 185: 4099-4116.e13.

Zhang H et al. (2022). A volatile from the skin microbiota of flavivirus-infected hosts promotes mosquito attractiveness. Cell 185: 2510-2522.e16.

 

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