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Troubles du plancher pelvien : pourquoi tant de femmes souffrent en silence

Les troubles du plancher pelvien sont fréquents, réels et, dans la grande majorité des cas, traitables.

Vous avez des fuites urinaires quand vous riez, une lourdeur dans le bas du ventre, des gaz incontrôlés, des rapports douloureux. On vous a peut‑être répété que c’était normal après des grossesses, avec l’âge ou la ménopause.

En réalité, ces signes traduisent souvent un périnée affaibli et des troubles du plancher pelvien. Ils sont très fréquents, parfois très gênants, mais surtout ils sont traitables. Ils ne représentent pas une punition liée à votre histoire personnelle, ni une étape obligée de la vie de femme.

Beaucoup de mères et de grands‑mères ont vécu toute leur vie avec ces symptômes, en silence. La honte, le tabou et la peur du jugement sont encore très présents. Pourtant, ces troubles sont de vrais problèmes médicaux, qui méritent d’être compris, évalués et pris en charge avec sérieux.

Qu’est‑ce que le plancher pelvien et pourquoi est‑il si important ?

Le plancher pelvien est un ensemble de muscles et de tissus situé au bas du bassin. Imaginez un hamac solide, accroché entre le pubis et le coccyx, qui soutient plusieurs organes. Ce hamac maintient en place la vessie, l’utérus et le rectum, tout en restant souple pour laisser passer les urines, les selles et, un jour, un bébé.

Ces muscles contrôlent la continence urinaire et anale. Ils se contractent pour retenir les urines ou les gaz, puis se relâchent au bon moment. Ils participent aussi au plaisir sexuel, car un périnée tonique améliore les sensations pendant les rapports. Enfin, ils aident à stabiliser le tronc et le bas du dos.

Comme tous les muscles, ceux du plancher pelvien peuvent se fatiguer ou se détendre avec le temps. Les grossesses, les accouchements par voie basse, le port régulier de charges lourdes, une toux chronique ou une prise de poids importante augmentent la pression sur ce hamac. Petit à petit, il se relâche et n’assure plus correctement son rôle.

Les organes concernés : vessie, utérus, intestin

Le plancher pelvien fonctionne comme un support commun. Si ce support se fragilise, chaque organe peut poser problème.

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Quand la vessie n’est plus bien soutenue, des fuites urinaires apparaissent à l’effort, ou des envies pressantes difficiles à contrôler. Certaines femmes ressentent le besoin d’uriner très souvent, y compris la nuit.

Quand c’est l’utérus ou la paroi vaginale qui descendent, une impression de boule dans le vagin peut se développer. On parle alors de prolapsus, c’est à dire une descente d’organe. La marche ou la station debout deviennent pénibles, avec une sensation de tiraillement ou de poids.

L’intestin est lui aussi concerné. Un périnée relâché peut favoriser la constipation, les gaz difficiles à retenir ou même des fuites de selles. Tout est lié, ce qui signifie qu’un trouble urinaire peut s’accompagner de symptômes digestifs ou vaginaux.

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Un problème fréquent mais souvent caché

Les études montrent qu’environ une femme sur trois présentera un trouble du plancher pelvien au cours de sa vie. Le chiffre est élevé, mais reste largement sous‑estimé, car beaucoup de femmes ne parlent jamais de leurs symptômes.

Dans certaines recherches, menées notamment auprès de femmes latino‑américaines, près des deux tiers des participantes présentaient au moins un symptôme, mais une petite minorité savait qu’il s’agissait d’un problème médical qui peut se traiter. Beaucoup pensaient que ces fuites, cette boule dans le vagin ou ces difficultés à aller à la selle faisaient partie de la « normalité » féminine.

Ce silence n’est pas sans conséquence. Plus les femmes attendent, plus les troubles peuvent s’aggraver, ce qui rend ensuite les traitements plus complexes et les résultats moins bons.

Symptômes des troubles du plancher pelvien : ce qui n’est pas “normal”

Un signe isolé ne suffit pas toujours à poser un diagnostic, mais certains symptômes doivent alerter. Ils ne représentent pas une étape normale du vieillissement. Les repérer tôt permet d’éviter qu’ils ne s’installent durablement. Avoir un ou plusieurs de ces signes signifie surtout qu’il est temps d’en parler à un professionnel.

Fuites urinaires, envies pressantes et infections à répétition

Les fuites urinaires à l’effort sont très fréquentes. Quelques gouttes sortent quand on tousse, rit, saute, porte une charge ou fait du sport. Beaucoup de femmes finissent par prévoir des protections en permanence et limitent les activités à risque, ce qui réduit leur liberté.

D’autres souffrent d’envies urgentes. La sensation de besoin d’uriner arrive brusquement, avec la peur de ne pas atteindre les toilettes à temps. Les journées se rythment autour des points d’eau disponibles. Les nuits sont coupées par de nombreux réveils.

Certaines femmes cumulent ces troubles avec des infections urinaires répétées. Les brûlures, la gêne et l’obligation de consulter souvent alourdissent le quotidien. Pourtant, des solutions existent, incluant la rééducation, des médicaments ciblés et, dans certains cas, des traitements locaux pour la muqueuse vaginale.

Sensation de boule, prolapsus et gêne vaginale

Le prolapsus correspond à la descente partielle d’un organe dans le vagin. Il peut s’agir de la vessie, de l’utérus ou du rectum. La femme décrit souvent une boule qui apparaît en fin de journée ou lors des efforts, une impression que « quelque chose sort ».

Cette sensation s’accompagne souvent de tiraillements, d’un inconfort à la marche ou en position debout prolongée. Les rapports sexuels deviennent gênants, voire douloureux, avec la peur que l’organe descende davantage. Beaucoup de femmes adaptent alors leur vie quotidienne, réduisent leurs activités et évitent les contacts intimes.

Constipation, gaz et fuites de selles

La constipation chronique est un autre signe possible de trouble du plancher pelvien. Certaines femmes doivent pousser très fort, pendant longtemps, pour évacuer. D’autres sont obligées d’appuyer avec leurs doigts dans le vagin ou autour de l’anus pour aider les selles à sortir. Ces gestes sont très gênants, mais restent souvent cachés.

Les gaz incontrôlés ou les petites fuites de selles sont encore plus tabous. Ils entraînent une peur de sortir, de voyager, de s’asseoir près des autres. La honte retarde souvent la demande d’aide, alors qu’il s’agit d’un vrai motif de consultation, pris au sérieux par les équipes spécialisées.

Douleurs pelviennes et baisse du confort sexuel

Les douleurs pelviennes peuvent prendre de nombreuses formes. Douleur sourde dans le bas ventre, brûlure dans le vagin, gêne au niveau du coccyx. Elles surviennent parfois pendant ou après les rapports, parfois aussi en position assise prolongée.

Après la ménopause, la sécheresse vaginale accentue ces douleurs. Les rapports deviennent pénibles, voire impossibles. Le désir baisse, non par défaut d’envie, mais par peur d’avoir mal. Pourtant, ces symptômes sont fréquents et ne doivent pas être tolérés en silence. Il existe des solutions, du simple traitement local à la prise en charge plus globale.

Pourquoi tant de femmes se taisent encore sur ces troubles ?

Le silence qui entoure les troubles du plancher pelvien vient de plusieurs facteurs. Il existe la honte liée à l’urine, aux selles, au sexe, mais aussi une longue histoire familiale d’acceptation forcée. S’ajoutent le manque d’information, le peu de temps accordé à soi et le fait que les médecins ne posent pas toujours de questions sur ces sujets.

Le poids des tabous et des idées reçues familiales

Beaucoup de femmes ont entendu des phrases comme « après un accouchement, c’est normal de fuir » ou « ta grand‑mère avait ça aussi ». D’autres pensent qu’à la ménopause, on ne peut plus rien faire. Quand on voit sa mère ou sa tante vivre avec des protections permanentes, on finit par croire que c’est le destin.

Pourtant, la recherche montre que ces troubles peuvent être pris en charge à tout âge. Les fuites urinaires, les prolapsus ou les douleurs sexuelles ne sont pas des fatalités, mais des pathologies qui répondent à des traitements adaptés.

Culture, rôle de soignante et tendance à se mettre en dernier

Certaines études ont montré un phénomène récurrent dans plusieurs cultures, comme chez de nombreuses femmes latines étudiées aux États‑Unis. Le rôle de soignante de la famille amène souvent les femmes à se consacrer d’abord aux enfants, aux parents âgés, au partenaire, avant de penser à elles‑mêmes.

Ce schéma se retrouve dans beaucoup de foyers en France. Les phrases « je n’ai pas le temps pour moi » ou « ce n’est pas assez grave pour déranger le médecin » sont fréquentes. Le résultat est clair : les femmes consultent plus tard, avec des troubles plus avancés, et les options de traitement sont alors plus limitées.

Quand les médecins ne posent pas la question

Pendant une consultation, le médecin gère déjà la tension artérielle, le diabète, le poids, la santé mentale. Le temps est court. La question du périnée n’est pas toujours abordée spontanément.

Il est important de rappeler un point clé : si le médecin ne demande rien, la patiente a le droit d’aborder le sujet elle‑même. Les troubles du plancher pelvien ne sont pas des détails gênants, mais des problèmes qui touchent la santé globale, la vie sociale et la vie de couple. Les présenter comme tels aide à obtenir une écoute plus attentive et des solutions adaptées.

Quels traitements pour les troubles du plancher pelvien ? Des solutions existent

Les options de prise en charge sont nombreuses. Elles vont des mesures simples d’hygiène de vie à des traitements plus spécialisés, parfois dans des centres de pelvi‑périnéologie qui rassemblent plusieurs experts. L’approche la plus efficace est souvent globale et pluridisciplinaire.

Rééducation périnéale : apprendre à muscler à nouveau son périnée

La rééducation périnéale est souvent le premier traitement. Elle se fait avec un kinésithérapeute ou une sage‑femme formée à cette spécialité. L’objectif est de reprendre contact avec ces muscles que beaucoup de femmes ont du mal à sentir.

Les séances incluent des exercices ciblés de contraction et de relâchement, parfois aidés par du biofeedback ou de l’électrostimulation. Dans plusieurs pays européens, cette rééducation fait partie du suivi classique après un accouchement et est prise en charge par les systèmes de santé, ce qui aide à la prévention à long terme. Il reste possible de commencer bien plus tard, même des années après les grossesses.

Habitudes de vie, activité physique et gestion du stress

Le plancher pelvien réagit aussi au mode de vie. Une toux chronique, une constipation non traitée, un surpoids important créent une forte pression vers le bas. Le travail consiste alors à limiter ces facteurs, par un suivi médical, des conseils alimentaires et un accompagnement à l’activité physique.

La recherche récente s’est intéressée au lien entre stress et vessie. Des travaux montrent que le stress chronique agit sur les centres nerveux qui contrôlent la fréquence des mictions et la perception de la douleur. Certaines femmes voient leurs envies pressantes s’aggraver lors de périodes difficiles sur le plan émotionnel.

Bonne nouvelle, l’exercice physique adapté peut améliorer cette situation. Une marche régulière, des exercices de respiration, une activité douce comme le yoga ou le pilates réduisent le stress et apportent souvent un meilleur contrôle des symptômes urinaires.

Médicaments, dispositifs et traitements locaux

Selon le type de trouble, des médicaments peuvent être proposés pour calmer une vessie trop active ou réduire les contractions involontaires. Ils ne remplacent pas la rééducation, mais peuvent la compléter.

En cas de prolapsus, un pessaire peut être mis en place. Il s’agit d’un petit dispositif en silicone, placé dans le vagin, qui soutient les organes et diminue la sensation de boule. Il est ajusté et surveillé par un professionnel.

Après la ménopause, des traitements locaux à base d’estrogène peuvent améliorer la qualité de la muqueuse vaginale, réduire les brûlures, diminuer le risque d’infections urinaires répétées et apaiser certaines envies pressantes. Ces traitements sont prescrits et contrôlés par le médecin, en tenant compte de l’histoire de chaque femme.

Quand envisager la chirurgie ou un centre spécialisé

Dans les formes sévères de prolapsus, de fuites urinaires très importantes ou de douleurs complexes, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Elle a pour but de réparer le soutien des organes ou de renforcer la continence.

De plus en plus, des centres spécialisés réunissent urologues, gynécologues, chirurgiens colorectaux, kinésithérapeutes et psychologues. Cette approche en équipe permet d’analyser l’ensemble des symptômes, urinaires, digestifs et sexuels, pour proposer un plan de soins sur mesure. La décision d’opérer ne se prend jamais dans l’urgence. Elle se discute, avec des explications claires et un temps de réflexion respecté.

Comment parler de vos symptômes et trouver de l’aide

Sortir du silence est souvent le premier pas vers le soulagement. La manière de présenter les choses en consultation peut aider à obtenir une prise en charge adaptée.

Préparer sa consultation : mots à utiliser et points à noter

Avant le rendez‑vous, il peut être utile de noter ses symptômes. Par exemple, la fréquence des fuites, les moments où elles surviennent, depuis quand elles ont commencé. De même pour les envies pressantes, la sensation de boule, la constipation ou les douleurs.

Des phrases simples aident le médecin à comprendre : « J’ai des fuites quand je tousse », « Je dois aller aux toilettes toutes les heures », « Je sens comme une boule dans le vagin le soir », « Je dois pousser très fort pour aller à la selle ». Il est aussi important de décrire l’impact sur la vie quotidienne, le travail, les loisirs, la sexualité.

À qui s’adresser : médecin généraliste, gynécologue, urologue, sage‑femme, kiné

Le médecin généraliste est souvent le premier interlocuteur. Il peut déjà évaluer la situation, prescrire des examens de base et orienter vers un spécialiste. Le gynécologue prend en charge les problèmes liés au vagin et à l’utérus. L’urologues’occupe surtout de la vessie et de l’appareil urinaire. Le proctologue ou le gastro‑entérologue s’intéressent aux troubles du rectum et de l’anus.

Pour la rééducation, la sage‑femme et le kinésithérapeute spécialisé sont des acteurs clés. L’essentiel est de commencer quelque part. Le premier professionnel pourra ensuite vous adresser à une équipe plus large si besoin.

Soutien psychologique et partage avec d’autres femmes

Les troubles du plancher pelvien ne touchent pas seulement le corps. Ils pèsent aussi sur le moral. La honte, la peur des accidents, le sentiment de ne plus reconnaître son corps peuvent entraîner une baisse de confiance en soi, un repli sur soi, des tensions dans le couple.

Parler à une amie de confiance, à un partenaire ou à un psychologue peut alléger ce poids. Certaines associations de patientes, en ligne ou locales, offrent des espaces de partage. Entendre d’autres femmes dire « moi aussi » brise le sentiment d’être seule et renforce la motivation pour chercher de l’aide.

A retenir

Les troubles du plancher pelvien sont fréquents, réels et, dans la grande majorité des cas, traitables. Ils ne représentent ni une fatalité liée aux grossesses, ni une conséquence normale du vieillissement. Ils méritent une vraie prise en charge médicale, qui associe écoute, examen sérieux et options thérapeutiques adaptées.

Chaque femme peut jouer un rôle actif : reconnaître ses symptômes, refuser de les minimiser, oser en parler et demander un avis spécialisé. Reprendre le contrôle de son périnée, c’est souvent retrouver sa liberté de mouvement, ses activités, sa vie intime et sa confiance.

Le premier pas peut être très simple : noter ce que vous ressentez, prendre un rendez‑vous, ou en parler à quelqu’un en qui vous avez confiance. Ce pas, même petit, ouvre déjà la porte au soulagement et au changement.

 

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