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HIIT et myopathies inflammatoires : un entraînement intense pour retrouver souffle et force

Un HIIT adapté, encadré et personnalisé peut améliorer la forme cardio-respiratoire, l’endurance musculaire et la qualité de vie chez des personnes atteintes de myopathie inflammatoire

Respirer plus vite, sentir ses jambes brûler, avoir peur de payer l’effort pendant trois jours. Pour beaucoup de personnes touchées par une myopathie inflammatoire, le sport ressemble à cela. La tentation du repos total est forte, presque logique.

Pourtant, un type d’exercice attire de plus en plus l’attention des chercheurs : l’entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT). Il s’agit de courtes périodes d’effort marqué, entrecoupées de phases de repos ou d’effort doux. Sur le papier, cela peut sembler incompatible avec des muscles enflammés et douloureux.

Des travaux récents, réalisés chez des patients atteints de polymyosite ou de dermatomyosite, suggèrent le contraire. Quand il est adapté, encadré et bien progressif, le HIIT peut améliorer la forme, l’endurance musculaire et la qualité de vie, sans aggraver l’inflammation chez des patients stables. Cet article explique comment, pourquoi et avec quelles précautions.

Comprendre les maladies musculaires inflammatoires et leurs effets sur le corps

Les myopathies inflammatoires, comme la polymyosite ou la dermatomyosite, sont des maladies auto-immunes. Le système immunitaire attaque les muscles, ce qui provoque une inflammation chronique du tissu musculaire.

Dans la vie de tous les jours, cela se traduit par une fatigue intense, une faiblesse musculaire, parfois des douleurs. Monter des escaliers, se lever d’une chaise, porter des sacs de courses, tout devient lourd. Certaines personnes ont aussi des atteintes de la peau ou des poumons, ce qui complique encore l’effort.

Avec le temps, la peur du mouvement s’installe. On craint de déclencher une poussée, d’augmenter la douleur ou de “casser” le muscle déjà fragile. Le repos se prolonge, la condition physique baisse, la confiance en son corps diminue. Pourtant, le mouvement adapté reste l’un des meilleurs moyens de garder de l’autonomie.

Pourquoi l’inactivité aggrave la faiblesse musculaire

Le muscle a besoin d’être utilisé pour rester fort. Quand on bouge peu, les fibres musculaires fondent, la force baisse, le cœur et les poumons perdent aussi en capacité.

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Chez une personne avec myopathie inflammatoire, ce phénomène est plus rapide. Il existe déjà une atteinte du muscle liée à la maladie. Si on ajoute l’inactivité, on crée un double frein. Le résultat est un cercle vicieux simple : plus on se repose, plus on se sent faible, plus on a peur de bouger, et plus on perd de force.

Cette spirale ne vient pas d’un manque de volonté. Elle vient d’un mélange de douleur, de fatigue et de peur légitime. Rompre ce cercle demande des exercices très bien dosés, clairs, sécurisés, acceptables pour le patient.

Ce que disent déjà les soignants sur l’exercice et la myopathie inflammatoire

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Pendant longtemps, on conseillait le repos strict dans ce type de maladie. Aujourd’hui, la plupart des équipes spécialisées ont changé de regard. Pour les patients stables, avec un traitement médicamenteux équilibré, l’activité physique adaptée fait partie des soins.

Les recommandations générales sont assez constantes. Bouger régulièrement, éviter les efforts extrêmes pendant une poussée, adapter l’intensité au jour et à l’état de la personne, garder un suivi médical. Les kinésithérapeutes et les médecins rééducateurs jouent un rôle central pour construire ces programmes.

Dans ce contexte, l’idée d’un exercice “intense” peut surprendre. Pourtant, plusieurs équipes ont voulu tester un HIIT bien contrôlé, pour voir si ce type d’effort pouvait redonner du souffle et de la force à ces patients.

Qu’est-ce que le HIIT et pourquoi il peut aider des muscles enflammés

Le HIIT repose sur un principe simple. On alterne des périodes courtes d’effort soutenu, par exemple sur un vélo d’appartement, avec des périodes plus longues de repos actif, à intensité douce. Les séances restent souvent assez courtes, par exemple 20 à 30 minutes.

Point clé, le mot “intense” reste relatif. L’intensité ne sera pas la même pour un sportif confirmé et pour une personne atteinte de polymyosite récente. Dans les études, l’effort est calibré en fonction de la capacité de chaque patient, à partir de tests réalisés en amont.

Chez des personnes en bonne santé, le HIIT améliore la fonction du cœur et des poumons, la gestion du sucre dans le sang, la dépense énergétique, la force et l’endurance musculaires. Ces effets intéressent tout particulièrement les patients avec myopathie inflammatoire, souvent essoufflés et limités dans leurs gestes.

Comment fonctionne le HIIT dans le corps

Pendant les intervalles d’effort, le cœur bat plus vite et pompe plus fort. Les poumons travaillent davantage, l’organisme utilise mieux l’oxygène disponible. On parle souvent de gain de VO2 max, c’est à dire d’amélioration de la capacité du corps à utiliser l’oxygène.

Au niveau des muscles, l’effort répété stimule différentes fibres, rapides et plus lentes. Des études sur des patients avec myopathie inflammatoire récente ont montré des signes de meilleure fonction des mitochondries, ces petites “usines à énergie” présentes dans chaque cellule musculaire. Le muscle semble produire l’énergie de façon plus efficace, ce qui favorise l’endurance.

Ces adaptations se font progressivement. Elles ne suppriment pas la maladie, mais elles améliorent la façon dont le corps gère l’effort dans ce contexte.

Pourquoi des intervalles courts sont parfois plus faciles qu’un effort continu

Pour une personne fatiguée, on imagine souvent qu’une marche lente et continue de 30 minutes sera plus simple qu’un effort par à-coups. Dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas.

Avec le HIIT, les intervalles d’effort restent courts. Entre ces blocs, les périodes de récupération permettent de faire baisser le souffle, de diminuer la douleur, de reprendre ses repères. Beaucoup de patients trouvent plus supportable de se concentrer sur 30 secondes d’effort que sur une longue période continue.

D’un point de vue mental, les petites étapes paraissent moins décourageantes. On avance bloc par bloc, ce qui redonne un sentiment de contrôle sur l’effort.

Craintes fréquentes face au HIIT : douleur, poussée, fatigue

Les peurs sont réelles. Augmentation de la douleur, risque de poussée inflammatoire, crainte de “brûler” le muscle, peur d’être épuisé pendant plusieurs jours. Ces inquiétudes doivent être entendues, pas balayées.

Les essais cliniques récents apportent des éléments rassurants. Dans une étude menée en Suède, 23 patients avec myopathie inflammatoire récente ont été répartis entre un groupe HIIT sur vélo, trois fois par semaine pendant douze semaines, et un groupe avec programme d’exercices modérés à domicile. La capacité cardio-respiratoire a augmenté d’environ 16 % dans le groupe HIIT, contre moins de 2 % dans l’autre groupe. L’endurance musculaire a aussi mieux progressé, sans hausse des marqueurs sanguins de l’inflammation ou de la destruction musculaire.

Ces résultats ne signifient pas absence de risque. Ils montrent qu’un HIIT bien encadré, chez des patients stables, peut être sûr et efficace. L’objectif n’est pas la performance sportive, mais une meilleure fonction au quotidien.

Ce que montrent les études sur le HIIT et les myopathies inflammatoires

Les données restent encore limitées, mais elles vont dans la même direction. Chez des patients suivis dans des centres experts, avec maladie récente et traitement stable, des programmes de HIIT sur vélo d’appartement ont amélioré la forme cardio-respiratoire et l’endurance des muscles.

Gains de capacité à l’effort et meilleure respiration

Les participants rapportent souvent qu’ils marchent plus longtemps sans pause, montent plus facilement les escaliers, récupèrent plus vite après un effort. Les tests réalisés en laboratoire confirment ces impressions, avec une meilleure utilisation de l’oxygène pendant l’exercice.

Concrètement, cela veut dire faire les courses avec moins d’arrêts, suivre une sortie avec des proches, voyager avec moins d’angoisse face à la fatigue. Ces gains modestes en apparence peuvent changer la façon de vivre la maladie au quotidien.

Effets sur les muscles : force, endurance et énergie

Au fil des semaines, plusieurs patients décrivent des jambes “plus sûres”, qui tremblent moins vite, et une meilleure stabilité pour les gestes fins. Des analyses de muscle réalisées dans certains essais ont suggéré une meilleure organisation des fibres et une activité mitochondriale plus efficace.

Ces données restent encore en cours d’étude, mais elles dessinent un message cohérent. Un muscle malade peut encore s’adapter, si on lui propose des efforts bien dosés et réguliers.

Sécurité et impact sur l’inflammation

Les études publiées ont ciblé des patients sans poussée aiguë, avec un traitement immunosuppresseur stable. Les prises de sang et les examens cliniques n’ont pas montré d’augmentation nette de l’inflammation chez la grande majorité des participants.

Cela ne veut pas dire qu’il n’existe aucun risque individuel. Cela indique que le HIIT n’entraîne pas, par principe, une aggravation de la myosite. Le suivi médical reste indispensable, avec une adaptation fine de l’intensité en fonction des symptômes.

Fatigue, douleur et qualité de vie

Beaucoup de patients décrivent, après quelques semaines, un niveau d’énergie un peu plus stable, une douleur mieux tolérée, une humeur plus calme. Le simple fait de constater des progrès, même modestes, redonne du contrôle sur un corps souvent vécu comme imprévisible.

Le HIIT ne guérit pas la maladie. Il peut toutefois aider à vivre avec, en élargissant légèrement le périmètre d’action, jour après jour.

Comment démarrer un HIIT adapté en cas de maladie musculaire inflammatoire

La première règle est simple. Ne pas reproduire seul un protocole lu sur Internet ou vu en vidéo.

Discuter d’abord avec le médecin et l’équipe de soins

Il faut parler du projet avec le médecin traitant, le rhumatologue ou l’interniste. Les questions à poser sont claires. Puis-je faire un HIIT dans mon cas ? Quel niveau d’intensité viser au départ ? Y a-t-il des risques particuliers pour mon cœur, mes poumons, mes articulations ?

Le kinésithérapeute et, si possible, un enseignant en activité physique adaptée peuvent ensuite aider à construire une séance réaliste.

Choisir des exercices qui protègent muscles et articulations

Les supports les plus utilisés restent le vélo d’appartement, le vélo couché, la marche rapide sur terrain plat, l’aquagym, parfois le rameur adapté. Ces activités limitent les chocs, répartissent la charge sur plusieurs groupes musculaires et permettent de doser finement l’intensité.

Certains circuits avec mouvements au poids du corps ou petits élastiques peuvent aussi servir de base pour un HIIT, mais toujours après validation du professionnel de santé.

Construire des intervalles courts, progressifs et personnalisés

Au début, les intervalles d’effort doivent rester très courts, par exemple 20 à 30 secondes à un rythme un peu plus soutenu, suivies d’au moins le double de temps à allure douce. Une bonne règle pratique est de pouvoir encore parler, mais avec un peu de difficulté, pendant l’effort.

La progression peut se faire sur la durée des séances, sur la durée de chaque intervalle ou sur le nombre de répétitions. Il est raisonnable de ne modifier qu’un seul paramètre à la fois, sur plusieurs semaines.

Signaux d’alerte à respecter pour rester en sécurité

Certains signes doivent faire ralentir ou arrêter la séance. Douleur musculaire inhabituelle ou très vive, nouvelle faiblesse brutale, essoufflement extrême, palpitations, vertiges, fièvre, signes de poussée de la maladie. Dans ces cas, il faut arrêter l’effort et contacter l’équipe soignante.

Tenir un carnet ou une application simple pour noter les séances, la douleur et la fatigue aide beaucoup. Ces informations permettent d’ajuster le programme avec le kinésithérapeute et le médecin.

A retenir

Un HIIT adapté, encadré et personnalisé peut améliorer la forme cardio-respiratoire, l’endurance musculaire et la qualité de vie chez des personnes atteintes de myopathie inflammatoire stable, sans déclencher automatiquement plus d’inflammation. Chaque personne reste unique, avec son histoire, ses traitements et ses limites.

Le programme doit toujours être validé par l’équipe médicale, puis ajusté au fil du temps selon les réponses du corps. Le but n’est pas de battre des records, mais de gagner quelques marches, quelques minutes de marche, quelques sorties de plus.

L’entrainement HIIT, même en petites doses intenses et courtes, peut redevenir un allié. Avec prudence, régularité et écoute de soi, il aide à reprendre confiance en son corps et à élargir, un peu, l’espace de vie possible avec la maladie.

 

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