Douleurs menstruelles et dépression : y a-t-il un lien génétique ?
De nombreuses femmes éprouvent une douleur intense et des symptômes dépressifs pendant leurs règles. Une nouvelle étude suggère un possible lien génétique.

Des chercheurs ont identifié plusieurs gènes (GRK4, TRAIP, RNF123) qui semblent expliquer un lien entre douleurs menstruelles et dépression, selon des résultats publiés dans Briefings in Bioinformatics. Ils ont examiné des données génétiques d’environ 600 000 femmes d’origine européenne et de 8 000 d’Asie de l’Est.
Les femmes souffrant de dépression sont 51 % plus susceptibles d’éprouver des douleurs menstruelles, selon l’analyse. En particulier, celles souffrant de dépression et d’insomnie (un autre symptôme courant associé) sont 3 fois plus susceptibles de ressentir des douleurs menstruelles que les personnes non dépressives.
Lors d’une dépression, les changements de niveaux d’hormones et de neurotransmetteurs peuvent affecter la façon dont le corps traite la douleur, explique John Moraros, Docteur en médecine, professeur et doyen de l’école des sciences de l’université Xi’an Jiaotong–Liverpool en Chine. Cela peut provoquer chez les femmes des crampes menstruelles plus graves.
Cependant, l’étude n’a pas trouvé de risque accru de dépression chez celles qui éprouvent des douleurs menstruelles sévères, également appelées dysménorrhée.
Quel lien entre douleurs menstruelles et dépression ?
Il n’y a pas de lien causal entre douleurs menstruelles et dépression.
Le lien peut découler de la nature de leurs interactions biologiques, explique le Dr Moraros. La dysménorrhée peut provoquer de l’inconfort et de la détresse, mais ne semble pas avoir le même impact profond sur la santé mentale que la dépression sur les symptômes physiques.
Les chercheurs ont seulement examiné les liens génétiques possibles entre la dépression et la douleur menstruelle, et non pas d’autres facteurs qui pourraient jouer un rôle, comme le niveau de stress, les habitudes d’exercice ou les conditions médicales sous-jacentes.
Ce n’était pas non plus une expérience contrôlée conçue pour prouver si ou comment la dépression pouvait directement causer des douleurs menstruelles, ou comment la dysménorrhée pouvait directement provoquer la dépression.
Les résultats diffèrent également de certaines autres recherches récentes. Une analyse des données regroupées de 10 études avec environ 4700 participantes a révélé que les femmes atteintes de dysménorrhée étaient 72 pour cent plus susceptibles de développer une dépression que celles qui ne souffraient pas douleurs menstruelles.
Comment atténuer les douleurs menstruelles en cas de dépression ?
Les femmes souffrant de dépression ou de troubles du sommeil pourraient diminuer leurs douleurs menstruelles en agissant sur leurs dépression et insomnie.
Cela pourrait donner lieu à toute une gamme d’interventions, comme la thérapie par la parole, les groupes de soutien par les pairs, des changements de mode de vie ou des médicaments.
En synthèse, que retenir de cette nouvelle étude ?
Les résultats présentent un intérêt certain, encore faut-il les interpréter avec prudence et les nuancer.
- La découverte de gènes communs aux douleurs menstruelles et à la dépression est une avancée significative dans la compréhension de ces deux phénomènes. Cela pourrait ouvrir la voie à des traitements basés sur la génétique.
- Il y a une corrélation entre la dépression et l’intensité des douleurs menstruelles, notamment lorsque l’insomnie est un des symptômes dépressifs.
- L’étude établit une corrélation mais ne démontre pas de causalité. Il est possible que d’autres facteurs non pris en compte (environnementaux, sociaux, etc.) influencent à la fois la dépression et les douleurs menstruelles.
- Elle se concentre sur les aspects génétiques, négligeant d’autres facteurs potentiellement importants comme le stress, l’alimentation, l’activité physique, etc.
- Ces résultats encouragent à poursuivre les recherches pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et développer de nouvelles approches thérapeutiques, ciblant les mécanismes en jeu.