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Médecine douce

Coup de pompe dans la journée: pas de sucrerie, des protéines

Hélène Leroy

Nous avons souvent le réflexe de grignoter quelque chose de sucré pour combattre la faim et la fatigue. Mais nous devrions plutôt opter pour une collation protéinée, car les acides aminés, des nutriments provenant des protéines, stimulent certaines régions du cerveau impliquées dans la vigilance et l’équilibre énergétique du corps.

Tout ce que nous mangeons est finement analysé par le cerveau qui intègre les informations sur la nature de ces aliments ainsi que la quantité d’énergie qu’ils contiennent. En plus de permettre de détecter le goût des aliments, et donc ce qui est bon ou non, cette fonction de « haut commandement » est particulièrement essentielle pour le contrôle de l’appétit et du poids corporel : en effet, dès que les niveaux d’énergie retournent à la normale pendant le repas, un éventail de mécanismes régulateurs se mettent en branle pour informer le cerveau de la situation. Celui-ci répond immédiatement en réduisant l’appétit de façon à terminer le repas et ainsi éviter d’ingérer un surplus d’énergie qui peut mener à un excès de poids.

Si on connaît bien la capacité du cerveau à répondre aux variations des niveaux d’énergie du corps, l’impact des différents nutriments sur cette réponse demeure énigmatique. Il s’agit pourtant d’un sujet important car dans notre vie quotidienne, le contenu de nos assiettes ne peut être considéré comme étant seulement une source d’énergie : chaque repas consiste en un mélange complexe de glucides, lipides et protéines qui, en plus de procurer l’énergie essentielle au fonctionnement du corps, peuvent exercer plusieurs impacts sur la fonction des cellules. Autrement dit, même à calories égales, existe-t-il des différences entre un repas riche en sucre ou en protéines ?

Le cerveau préfère les protéines

Pour mesurer l’effet d’un mélange de nutriments sur la fonction du cerveau, des chercheurs ont nourri des animaux avec un mélange d’acides aminés (similaire à celui que l’on retrouve dans les blancs d’œufs), du sucre ou une combinaison de ces nutriments. Trois heures plus tard, ils ont mesuré l’activité de neurones qui utilisent un neurotransmetteur appelé orexine, ces cellules présentes dans l’hypothalamus du cerveau étant bien connues pour être impliquées dans l’équilibre énergétique du corps ainsi que dans la vigilance.

Ils ont observé que l’administration du mélange d’acides aminés provoquait une hausse importante du fonctionnement électrique des neurones à orexine comparativement aux animaux contrôles, n’ayant pas reçu le mélange d’acides aminés. Complètement à l’opposé, les animaux nourris avec une source de sucre voyaient leur activité cérébrale diminuer comparativement aux contrôles. Il n’est donc pas étonnant que l’on ressente une certaine somnolence quelques heures après un repas riche en sucre ! Les chercheurs ont cependant observé que lorsque le sucre est administré conjointement avec les acides aminés, l’activité des neurones utilisant l’orexine demeurait encore élevée, suggérant que le cerveau est capable de discriminer entre les deux substances et répond préférentiellement à la présence d’acides aminés.

Pour éviter le coup de pompe: un morceau de fromage, des noix et pas de sucrerie

Ces résultats sont en accord avec de nombreuses études qui montrent que les repas riches en protéines (et donc en acides aminés) peuvent accroître le sentiment de satiété et rendre les personnes plus alertes qu’un repas à base de féculents. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans plusieurs cultures du monde, notamment en Asie, le petit-déjeuner traditionnel contient plusieurs sources de protéines et peu de sucre, une combinaison idéale pour activer les neurones impliqués dans l’éveil et démarrer la journée du bon pied. La même situation s’applique au travail : si vous subissez un coup de fatigue en après-midi, évitez les boissons gazeuses ou les friandises sucrées et privilégiez plutôt un morceau de fromage ou une poignée de noix. C’est beaucoup mieux pour votre santé… et votre concentration !

Source

Kamani et al. Activation of central orexin/hypocretin neurons by dietary amino acids. Neuron; 72: 616-629.

 

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