Avez-vous besoin de contacter la rédaction ? Envoyez vos e-mails à [email protected] ou sur notre formulaire.
Le saviez vous ?Santé

Conséquences de l’aspergillose : une crise mondiale en devenir

L'aspergillose est une infection causée par une moisissure appelée Aspergillus. C’est une menace critique de santé publique pour les personnes vulnérables.

Avec la montée en flèche de la résistance aux antifongiques, l’aspergillose est réapparue comme un problème de santé publique dans le monde entier, nécessitant un diagnostic rapide, de nouveaux traitements et une surveillance renforcée. Les conséquences de l’aspergillose sont en effet préoccupantes.

Qu’est-ce que l’aspergillose ?

L’aspergillose est une infection fongique causée par l’espèce Aspergillus, un champignon courant dans le sol, la végétation en décomposition et à l’intérieur des habitations.

Inoffensive pour la plupart des gens, l’aspergillose peut provoquer des maladies graves chez les personnes immunodéprimées, souffrant de maladies pulmonaires ou d’allergies. La résistance aux antifongiques et l’augmentation des pathologies immunitaires a rendu l’aspergillose préoccupante.

Son  potentiel à provoquer des épidémies dans les établissements de santé la transforme en menace émergente de santé publique : une sensibilisation et une surveillance accrues se justifient. Les défis diagnostiques et les implications de santé publique sont majeurs.

Comment se transmet l’aspergillose ?

L’aspergillose est causée par l’inhalation de spores de moisissures Aspergillus, le plus souvent Aspergillus fumigatus.

Ce champignon produit de petites conidies aéroportées,  généralement de 2 à 3 micromètres de diamètre, pouvant atteindre les alvéoles pulmonaires. Elles sont, soit éliminées, soit déclencheuses d’une maladie, en fonction de l’état immunitaire et pulmonaire de la personne concernée.

La transmission se produit par l’inhalation de spores largement répandues dans l’environnement, en particulier dans la matière organique en décomposition telle que le compost, les feuilles et le sol. L’aspergillose ne se transmet pas entre individus. Les épidémies surviennent particulièrement dans les établissements de santé où la charge fongique est élevée.

Soutenez Pressesante.com : Rejoignez notre communauté sur Tipeee

Soutenez Pressesante.com : Rejoignez notre communauté sur Tipeee

Image cliquable

Quels sont les types d’aspergillose ?

Comprendre les différentes formes d’aspergillose est essentiel pour un diagnostic précoce et un traitement ciblé.

Les formes les plus courantes d’aspergillose sont l’aspergillose bronchopulmonaire allergique (ABPA), l’aspergillose pulmonaire chronique et l’aspergillose invasive :

Ces sujets peuvent également vous intéresser:
  • l’ABPA : c’est une réponse immunitaire exagérée survenant principalement chez les personnes asthmatiques ou atteintes de mucoviscidose. Cette forme d’aspergillose se caractérise par une inflammation des voies respiratoires, l’obstruction par du mucus et une bronchiectasie,
  • l’aspergillose pulmonaire chronique : elle se développe sur une période de plusieurs mois ou années chez les personnes atteintes d’une maladie pulmonaire sous-jacente. Les symptômes courants associés à l’aspergillose pulmonaire chronique sont la toux, la perte de poids et la fatigue,
  • l’aspergillose invasive : cette forme est la plus grave. Survenant souvent chez les patients immunodéprimés, l’aspergillose invasive implique une invasion tissulaire qui peut se propager rapidement au-delà des poumons.

Quelles sont les populations à risque des conséquences de l’aspergillose ?

Les personnes immunodéprimées, atteintes de cancer sous chimiothérapie, du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA), receveurs de greffe d’organes sous traitement immunosuppresseur, sont particulièrement vulnérables à l’aspergillose.

Les malades de pathologies pulmonaires chroniques, asthme et  bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), courent également un risque plus élevé de la contracter car leurs tissus pulmonaires endommagés peuvent favoriser la croissance et l’invasion des espèces d’Aspergillus.

Certaines personnes sans facteurs de risque ont développé une aspergillose pulmonaire invasive après l’infection virale grave COVID-19.

Des études récentes indiquent que les patients diagnostiqués COVID-19 grave, ceux nécessitant une ventilation mécanique ou souffrant du syndrome de détresse respiratoire aiguë, présentent fréquemment des co-infections à l’Aspergillus fumigatus. Celle-ci est associée à une mortalité élevée et survient souvent chez des patients généralement non immunodéprimés.

Des niveaux élevés d’interleukine-6 (IL-6) et d’interleukine-10 (IL-10) après la COVID-19 peuvent supprimer la fonction immunitaire et augmenter la susceptibilité aux infections fongiques. L’aspergillose est devenue une préoccupation croissante pour les patients présentant une immunosuppression connue, ainsi que ceux qui se remettent de maladies virales graves. Une plus grande sensibilisation et des tests diagnostiques précoces sont cruciaux pour détecter les co-infections fongiques chez tous les patients gravement malades, quel que soit leur état de santé antérieur.

Pourquoi y a-t-il résurgence de l’aspergillose ?

L’augmentation récente des infections fongiques, en particulier après la pandémie de COVID-19, est attribuée à l’utilisation généralisée de corticostéroïdes et à l’affaiblissement des réponses immunitaires de patients se remettant de maladies virales graves.

Nouveaux agents pathogènes

Des agents pathogènes fongiques opportunistes, Candida auris et Aspergillus fumigatus, ont été responsables d’infections invasives, même chez des individus auparavant en bonne santé. Notamment, l’aspergillose pulmonaire associée à la COVID-19 et la mucormycose ont provoqué des épidémies, en particulier en Inde.

Résistance aux traitements

Cette menace est aggravée par une résistance croissante aux médicaments antifongiques, ce qui est particulièrement préoccupant compte tenu du faible nombre de traitements disponibles. Par exemple, des souches d’Aspergillus fumigatus résistantes aux azolés apparaissent dans le monde entier, en partie en raison de l’utilisation de fongicides environnementaux par l’agriculture.

Changements géographiques et climatiques

Des modifications géographiques dans les schémas des maladies fongiques sont également évidentes. Des maladies comme la coccidioïdomycose ou la fièvre de la Vallée, auparavant restreintes à certaines parties du sud-ouest des États-Unis, se propagent maintenant à de nouvelles zones. Les chercheurs prévoient que les conditions climatiques, l’alternance de périodes de sécheresse et de précipitations, pourraient étendre la portée endémique de ces agents pathogènes et augmenter le nombre annuel de cas de 50 % d’ici 2100.

L’augmentation des températures, l’humidité accrue et les événements météorologiques extrêmes (ouragans, incendies de forêt, inondations) ont créé des conditions favorables à la prolifération et à la propagation des champignons. L’exposition à la fumée des feux de forêt et à la contamination par les moisissures liées aux inondations a également été liée à des pics d’infections fongiques systémiques.

Quels sont les défis diagnostiques et thérapeutiques ?

Le diagnostic et le traitement de l’aspergillose invasive sont complexes et souvent retardés en raison de symptômes non spécifiques et des limites des méthodes de diagnostic actuelles.

La détection précise repose généralement sur des outils avancés, notamment les tomodensitogrammes à haute résolution, les cultures fongiques et les tests de laboratoire comme les dosages de galactomannane, les tests bêta-glucane et la réaction en chaîne par polymérase.

Malgré ces avancées, la détection à un stade avancé est fréquente, augmentant le risque de mauvais résultats thérapeutiques.

L’utilisation généralisée du fluconazole, qui n’agit pas contre les moisissures, a conduit à une augmentation de la colonisation par des espèces fongiques résistantes. Les nouveaux antifongiques à large spectre, tels que le voriconazole et le posaconazole, sont plus efficaces contre l’aspergillose. Cependant, des cas d’infections fongiques malgré le traitement, en particulier par d’autres espèces, ont été signalés, même pendant le traitement.

Le voriconazole, le traitement standard actuel de l’aspergillose, a été associé à une amélioration des taux de survie par rapport au traitement à l’amphotéricine B. Néanmoins, le voriconazole peut entraîner des effets secondaires indésirables, à la fois directement et en raison de ses interactions avec d’autres médicaments.

Les échinocandines, telles que la micafungine et la caspofungine, offrent des options pour les patients qui ne peuvent pas tolérer les traitements standards. Leur coût élevé et la nécessité d’une administration intraveineuse limitent leur généralisation application. Des études sont en cours pour rechercher de nouveaux médicaments et outils de diagnostic pour des interventions plus précoces et plus ciblées.

Quelles sont les implications actuelles de santé publique ?

L’augmentation de la résistance aux antimicrobiens et des infections associées aux soins médicaux imposent un fardeau important aux systèmes de santé, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Les unités de soins intensifs sont particulièrement touchées, avec des infections comme la pneumonie associée au ventilateur et les infections sanguines liées aux cathéters : les séjours hospitaliers sont prolongés, la mortalité accrue et les coûts de santé plus élevés. Lors des épidémies, la capacité limitée des unités de soins intensifs devient un défi critique, justifiant l’importance des stratégies de prévention.

Pénurie de matériel et de professionnels

Dans les contextes à faibles ressources, les programmes de prévention et de contrôle des infections et les initiatives de gestion des antimicrobiens sont confrontés à des obstacles importants. Parmi les défis : une pénurie de professionnels qualifiés, un manque d’outils de diagnostic et un accès insuffisant aux fournitures essentielles (équipements de protection individuelle, désinfectants et chambres d’isolement).

Infrastructure et surveillance insuffisantes

De nombreux hôpitaux manquent de l’infrastructure nécessaire pour soutenir la surveillance ou le diagnostic rapide.

Beaucoup de systèmes de surveillance sont, soit faibles, soit absents : la plupart des données sont obtenues à partir de quelques hôpitaux sans représentativité nationale. Cela freine la capacité à surveiller les tendances de la résistance aux antimicrobiens. La disponibilité généralisée d’antibiotiques sans ordonnance accélère également l’émergence de souches résistantes.

Les réponses de santé publique appellent un investissement accru dans les réseaux de surveillance, des programmes de gestion obligatoires et des stratégies de santé intégrées. Assurer l’accès au diagnostic, standardiser les protocoles et améliorer la préparation des unités de soins intensifs sont des étapes cruciales pour protéger les populations vulnérables et réduire les risques sanitaires mondiaux.

Avez-vous trouvé cet article utile?
* PRESSE SANTÉ s'efforce de transmettre la connaissance santé dans un langage accessible à tous. En AUCUN CAS, les informations données ne peuvent remplacer l'avis d'un professionnel de santé.