Le cancer de la gorge, également connu sous le nom de cancer de l’oropharynx, est une forme de cancer qui affecte les structures à l’arrière de la gorge, notamment les amygdales et le palais mou. Ces dernières années, on a constaté une augmentation inquiétante de l’incidence de ce type de cancer dans les pays développés. Selon certains experts, cette tendance serait en partie liée à la pratique croissante des rapports buccaux-génitaux.
Bien que le lien entre les rapports buccaux et le cancer de la gorge ne soit pas encore complètement élucidé, de nombreuses études suggèrent que ce comportement sexuel pourrait être un facteur de risque majeur. Nous examinons en détail ici les preuves scientifiques qui étayent cette hypothèse, les mécanismes par lesquels les rapports buccaux peuvent favoriser le développement du cancer de la gorge, ainsi que les mesures à prendre pour réduire ce risque.
Le cancer de la gorge : une épidémie liée aux rapports buccaux-génitaux ?
Selon un récent éditorial publié dans The Conversation, le professeur Hisham Mehanna, de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni, affirme que les rapports buccaux-génitaux seraient le principal facteur de risque du cancer de la gorge dans les pays développés. Cette affirmation s’appuie sur le constat d’une « augmentation rapide » du cancer de l’oropharynx, une forme spécifique de cancer de la gorge.
Les études épidémiologiques montrent en effet que le nombre de partenaires sexuels, en particulier le nombre de partenaires pour des rapports buccaux, est étroitement lié au risque de développer un cancer de l’oropharynx. Une étude de 2007 a ainsi révélé que les personnes ayant eu six partenaires de rapports buccaux ou plus étaient 8,5 fois plus susceptibles de développer ce type de cancer que celles n’ayant jamais pratiqué les rapports buccaux.
Plus récemment, une étude de 2021 a confirmé ces résultats, en démontrant que le fait d’avoir eu cinq partenaires de rapports buccaux ou plus au cours de sa vie multipliait par 2,5 le risque de cancer de l’oropharynx. Ce risque grimpait même à 4,3 pour ceux ayant eu 10 partenaires ou plus.
Le rôle du virus HPV
Derrière cette association entre rapports buccaux et cancer de la gorge, se cache principalement le rôle du virus du papillome humain (HPV). En effet, l’infection par certains types de HPV, notamment le HPV-16, est aujourd’hui considérée comme le principal facteur de risque du cancer de l’oropharynx dans les pays développés.
Or, les rapports buccaux constituent un mode de transmission privilégié de ce virus, qui peut ensuite s’installer dans les cellules de la gorge et y provoquer des transformations cancéreuses au fil du temps. Selon les experts, environ 70% des cas de cancer de l’oropharynx seraient ainsi liés à une infection par le HPV.
Comment le HPV peut-il causer un cancer de la gorge ?
Le mécanisme par lequel le HPV peut induire un cancer de la gorge est relativement bien compris par les scientifiques. Lorsque le virus pénètre dans les cellules de la gorge, il peut s’y installer de manière latente pendant de nombreuses années, sans provoquer de symptômes particuliers.
Cependant, à long terme, le HPV peut finir par s’intégrer à l’ADN des cellules hôtes, entraînant des mutations génétiques qui les transforment progressivement en cellules cancéreuses. Ce processus peut prendre plusieurs années, voire plusieurs décennies, expliquant pourquoi le cancer de la gorge touche principalement les personnes d’un certain âge.
Autres facteurs de risque du cancer de la gorge
Bien que le HPV transmis par les rapports buccaux soit aujourd’hui considéré comme le principal facteur de risque du cancer de la gorge, d’autres éléments peuvent également jouer un rôle, notamment :
- La consommation de tabac et d’alcool
- Le surpoids et l’obésité
- Un âge avancé
Ces différents facteurs peuvent agir de manière synergique avec l’infection par le HPV pour accroître encore davantage le risque de développer un cancer de la gorge.
Comment réduire son risque de cancer de la gorge ?
Face à cette menace, plusieurs pistes s’offrent aux individus pour réduire leur risque de cancer de la gorge :
Limiter le nombre de partenaires sexuels
Comme nous l’avons vu, le nombre de partenaires de rapports buccaux est étroitement lié au risque de cancer de l’oropharynx. Ainsi, réduire le nombre de partenaires sexuels, en particulier pour les rapports buccaux, peut s’avérer bénéfique.
Se faire vacciner contre le HPV
Le vaccin contre le HPV, initialement développé pour prévenir les cancers du col de l’utérus, peut également protéger contre le cancer de la gorge. S’il est administré avant toute exposition au virus, il peut en effet empêcher l’infection par les souches à haut risque, comme le HPV-16.
Adopter un mode de vie sain
Outre les rapports buccaux et l’infection par le HPV, d’autres facteurs de risque du cancer de la gorge peuvent être maîtrisés. C’est le cas de la consommation de tabac et d’alcool, ainsi que du surpoids. Adopter un mode de vie sain, en limitant ces comportements à risque, peut donc contribuer à réduire les chances de développer un cancer de la gorge.
Le cancer de la gorge : un enjeu de santé publique majeur
Le cancer de la gorge, et plus particulièrement le cancer de l’oropharynx, représente aujourd’hui un véritable défi de santé publique dans de nombreux pays développés. Avec une incidence en nette augmentation, cette maladie soulève de nombreuses questions et nécessite une prise de conscience collective.
Au-delà des aspects médicaux, le cancer de la gorge soulève également des enjeux sociaux et éthiques importants. En effet, le lien établi avec les pratiques sexuelles, notamment les rapports buccaux, peut soulever des tabous et des stigmates qui compliquent la prévention et la prise en charge de cette maladie.
Il est donc essentiel que les pouvoirs publics, les professionnels de santé et la société dans son ensemble s’emparent de cette problématique, afin de mieux comprendre les mécanismes en jeu, de sensibiliser le grand public et de mettre en place des stratégies de prévention efficaces. Seule une approche globale et concertée permettra de relever ce défi de santé publique majeur.
Les preuves scientifiques s’accumulent pour démontrer que les rapports buccaux-génitaux constituent un facteur de risque majeur du cancer de la gorge, en particulier du cancer de l’oropharynx. Ce lien s’explique principalement par la transmission du virus HPV, qui peut s’installer dans les cellules de la gorge et y provoquer des transformations cancéreuses à long terme.
Face à cette menace, il est essentiel que chacun prenne conscience de ces risques et adopte les bons comportements pour les réduire : limitation du nombre de partenaires sexuels, vaccination contre le HPV, et adoption d’un mode de vie sain. Seule une approche globale et concertée permettra de relever ce défi de santé publique majeur que représente le cancer de la gorge.