Alcool et démence: quand l’un mène à l’autre
Une nouvelle étude suggère qu'il n'existe aucun niveau de consommation d'alcool qui ne soit pas associé à un risque accru de démence.

Le lien entre la consommation d’alcool et le risque de développer une démence a longtemps été un sujet de débat dans la communauté médicale. Certaines études antérieures suggéraient même qu’une consommation modérée pouvait avoir un effet protecteur. Cependant, une nouvelle étude vient remettre en question ces conclusions, affirmant qu’il n’existe aucun niveau de consommation d’alcool qui ne soit pas associé à un risque accru de démence. Explorons ensemble les implications de cette découverte et les mécanismes par lesquels l’alcool peut affecter la santé cognitive.
Remise en question des anciennes croyances
Les recherches antérieures sur le lien entre la consommation d’alcool et la démence avaient souvent abouti à des résultats mitigés. Certaines études avaient en effet suggéré qu’une consommation légère à modérée pouvait même avoir un effet protecteur contre le déclin cognitif. Cependant, la nouvelle étude, publiée dans la revue eClinicalMedicine, remet sérieusement en question ces conclusions.
Une relation linéaire sans seuil sûr
Les auteurs de cette étude ont utilisé des méthodes statistiques avancées, basées sur des analyses génétiques, pour examiner les données d’un vaste échantillon de 313 958 buveurs britanniques. Leurs analyses ont révélé une relation linéaire entre la quantité d’alcool consommée et le risque de développer une démence. Autrement dit, plus la consommation d’alcool est élevée, plus le risque de démence augmente, sans aucun seuil de consommation considéré comme sûr.
Le biais des anciens buveurs
Les chercheurs expliquent que les résultats contradictoires des études antérieures pourraient être liés à un phénomène appelé “biais des anciens buveurs”. En effet, dans ces études, les anciens buveurs qui avaient arrêté de consommer en raison de problèmes de santé étaient souvent inclus dans le groupe de non-buveurs, ce qui pouvait fausser les résultats en donnant l’impression que la consommation modérée était bénéfique.
L’alcool, un neurotoxique avéré
Les experts s’accordent à dire que l’alcool a des effets néfastes directs sur le cerveau, en tant que “dépresseur du système nerveux central”. L’alcool peut nuire au centre de la mémoire du cerveau, connu sous le nom d’hippocampe, en causant l’atrophie des cellules et en inhibant la croissance de nouveaux neurones.
Atrophie cérébrale et déficits cognitifs
L’alcool provoque une atrophie cérébrale chez les patients atteints de démence, dont les fonctions nerveuses sont déjà affaiblies. Cette détérioration du tissu cérébral se traduit par des déficits cognitifs et mnésiques de plus en plus importants. De plus, la consommation chronique d’alcool peut également entraîner une carence en vitamine B1 (thiamine), essentielle pour la mémoire et les fonctions cognitives. Cet appauvrissement nutritionnel contribue également au déclin des capacités mentales.
Pas de bénéfice pour la santé
Longtemps, on a cru que la consommation modérée d’alcool pouvait avoir des effets bénéfiques, notamment pour la santé cardiovasculaire. Mais cette croyance a été remise en cause par de nouvelles études.
Iil n’y a aucune bonne raison de boire de l’alcool pour des raisons de santé, même à petites doses.
Au contraire, les experts s’accordent à dire que l’alcool est un véritable ennemi de la santé, pouvant notamment provoquer des crises d’épilepsie, des neuropathies (dommages aux nerfs) et des traumatismes crâniens, tous facteurs de risque de démence.
Prévenir la démence en limitant l’alcool
Face à ces conclusions, il est clair que la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool est un levier important pour prévenir le développement de la démence. Bien que d’autres facteurs tels que l’âge, les maladies cardiométaboliques, le tabagisme ou le niveau socio-économique jouent également un rôle. La consommation d’alcool offre une avenue importante de prévention et devrait être abordée chez tout patient à risque de développer une démence. La consommation d’alcool n’est pas une maladie réservée aux ‘riches’ ou aux ‘pauvres’, mais touche tous les milieux sociaux, indépendamment du statut socio-économique.
Agir sur un facteur de risque modifiable
Cette nouvelle étude remet sérieusement en question les croyances antérieures sur les effets de l’alcool sur la cognition. Il n’existe en réalité aucun niveau de consommation d’alcool qui ne soit pas associé à un risque accru de démence. Face à ce constat, la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool s’impose comme une stratégie de prévention essentielle, complémentaire à la prise en charge d’autres facteurs de risque. Protéger sa santé cérébrale passe donc nécessairement par une gestion responsable de sa consommation d’alcool.