Lien entre l’hypothyroïdie et la polyarthrite rhumatoïde : bidirectionnel selon la recherche
Il existe un lien entre l'hypothyroïdie et la polyarthrite rhumatoïde et ce lien semble réciproque, d’après la recherche.

Les recherches montrent que les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde (PR) sont plus susceptibles de développer une hypothyroïdie, incluant la thyroïdite de Hashimoto. Et réciproquement, il y aurait un lien entre l’hypothyroïdie et la polyarthrite rhumatoïde : les malades de la thyroïde présentent un risque plus élevé de PR.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune qui provoque des douleurs aux articulations due à une inflammation sévère du cartilage articulaire. Cette maladie peut également affecter les organes, comme la peau, les yeux et le cœur.
Quel est le lien entre l’hypothyroïdie et la polyarthrite rhumatoïde ?
La polyarthrite rhumatoïde et l’hypothyroïdie coexistent souvent.
Les personnes atteintes de PR présentent une prévalence accrue de maladies thyroïdiennes auto-immunes au cours des cinq premières années précédant le diagnostic. Le risque augmente à ce moment-là et diminue deux à cinq ans après le diagnostic.
Une étude a révélé que la prévalence des troubles thyroïdiens chez les personnes atteintes de PR était de 15,7 %. L’hypothyroïdie, le trouble le plus fréquent, touchait jusqu’à 30,4 % des participants à l’étude.
Cette recherche a également indiqué que les troubles thyroïdiens chez les personnes atteintes de PR pourraient provoquer une affection plus agressive et de mauvais résultats des traitement. Il est important de diagnostiquer tôt les troubles thyroïdiens coexistants, en vérifiant les niveaux d’hormones thyroïdiennes quand la polyarthrite rhumatoïde est diagnostiquée et chaque année suivante.
L’inverse est également vrai : les personnes atteintes d’hypothyroïdie présentent un risque plus élevé de développer une PR, en particulier celles atteintes de maladies thyroïdiennes auto-immunes (comme la thyroïdite de Hashimoto).
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Qu’est-ce que l’hypothyroïdie ?
La glande thyroïde est hypo-active et ne produit pas suffisamment d’hormones thyroïdiennes pour le fonctionnement correct du corps.
Un diagnostic d’hypothyroïdie peut être posé lorsque trop peu d’hormones thyroïdiennes sont présentes dans le sang.
La thyroïde, la petite glande en forme de papillon située dans le cou, est composée de deux lobes situés des deux côtés de la trachée. Une thyroïde normale n’est pas visible extérieurement et ne peut pas être ressentie si une pression est appliquée sur le cou.
La glande thyroïde produit et stocke des hormones pour réguler le métabolisme. L’hormone thyroïdienne est également essentielle à la croissance et au développement du corps humain.
Elle régule de nombreuses fonctions de l’organisme en libérant constamment une quantité fixe d’hormones thyroïdiennes dans le sang. Lorsque le corps a besoin de plus d’énergie, par exemple pendant la grossesse, la glande thyroïde produit plus d’hormones.
Les symptômes d’hypothyroïdie se développent lentement sur plusieurs années :
- fatigue,
- sensibilité accrue ou intolérance au froid,
- prise de poids,
- peau et cheveux secs,
- visage pâle et gonflé,
- douleurs musculaires,
- dépression,
- goitre (glande thyroïde hypertrophiée),
- voix rauque.
Voyez un médecin si vous sentez une fatigue inexpliquée ou d’autres signes d’hypothyroïdie, tels qu’un visage gonflé ou une voix rauque.
Quels sont les différents types de troubles thyroïdiens ?
Thyroïdite de Hashimoto
Tout comme la PR, la thyroïdite de Hashimoto est une maladie auto-immune : le système immunitaire attaque par erreur la glande thyroïde.
Au fil du temps, ces attaques détruisent le tissu thyroïdien et réduisent la production de la thyroïde, provoquant une thyroïde hypo-active. La thyroïdite de Hashimoto peut être difficile à diagnostiquer, et dans de nombreux cas, une personne atteinte peut rester non diagnostiquée pendant de nombreuses années.
L’un des premiers signes de la thyroïdite de Hashimoto est une thyroïde hypertrophiée avec l’avant du cou visiblement enflé. Les symptômes supplémentaires de la thyroïdite de Hashimoto sont :
- fatigue sévère,
- prise de poids,
- difficulté à tolérer le froid,
- visage gonflé,
- douleurs musculaires et articulaires,
- constipation,
- peau sèche,
- cheveux secs et clairsemés,
- rythme cardiaque ralenti,
- cycles menstruels irréguliers ou abondants.
Informez votre médecin si vous commencez à ressentir des symptômes de la thyroïdite de Hashimoto, dont la fatigue chronique, une peau sèche et un visage pâle et gonflé. Ceci est particulièrement important si vous avez des antécédents familiaux de thyroïdite de Hashimoto ou d’autres maladies auto-immunes.
Hypothyroïdie centrale
Dans l’hypothyroïdie centrale, la glande thyroïde elle-même est normale.
Cependant, elle n’est pas stimulée pour produire l’hormone TSH. On pense que la cause est un trouble de l’hypothalamus et/ou de l’hypophyse. L’hypothyroïdie centrale peut être auto-immune, comme la PR, mais également avoir d’autres causes (par exemple, traumatisme crânien, caillots sanguins, tumeurs et syphilis). Les principaux symptômes sont :
- fatigue,
- prise de poids,
- gonflement des extrémités,
- cycle menstruel irrégulier.
Thyroïdite post-partum
La thyroïdite post-partum survient après la grossesse.
De faibles niveaux d’hormones thyroïdiennes sont détectés environ deux à cinq mois après l’accouchement (dans environ 7 % des accouchements). Comme la PR et de nombreux autres types de dysfonctionnement thyroïdien, il s’agit d’une affection auto-immune.
La thyroïdite post-partum peut être difficile à distinguer des autres symptômes post-partum courants :
- fatigue,
- humeur maussade,
- perte de cheveux,
- difficulté de concentration,
- visage gonflé,
- perte de poids,
- intolérance au froid.
Dans une étude de 2014, les chercheurs ont constaté que les symptômes (comme la fatigue, la mauvaise humeur, la perte de cheveux, etc.) étaient plus intenses et plus difficiles à vivre chez des femmes atteintes de thyroïdite post-partum par rapport à d’autres au fonctionnement thyroïdien normal après l’accouchement.
Comment traiter l’hypothyroïdie ?
Le traitement de l’hypothyroïdie est le même, avec ou sans coexistence de polyarthrite rhumatoïde.
Les personnes concernées doivent consulter régulièrement un endocrinologue pour vérifier la normalité des taux d’hormones thyroïdiennes.
Elles doivent aussi suivre un traitement à vie avec une hormone thyroïdienne de synthèse de remplacement. Un médicament au nom générique lévothyroxine est le plus couramment utilisé.
La levothyroxine peut provoquer des effets secondaires courants :
- fatigue,
- perte de poids,
- maux de tête,
- anxiété,
- diarrhée et vomissements,
- perte de cheveux,
- cycles menstruels irréguliers,
- réduction de la densité minérale osseuse chez les femmes.
Beaucoup des effets secondaires les plus courants peuvent survenir en raison d’un surdosage du médicament. Des études ont montré des différences dans les préparations de lévothyroxine sous différentes marques qui peuvent affecter l’efficacité du médicament. Si un pharmacien doit substituer un médicament par un autre, vérifiez avec votre médecin que le dosage vous convient.
Pour gérer les douleurs articulaires associées à l’hypothyroïdie, le médecin peut recommander des analgésiques de types anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Les médicaments pour la PR peuvent être des :
- corticoïdes,
- DMARD (médicament antirhumatismal modificateur de la maladie),
- Inhibiteurs de JAK (des enzymes).
Quel mode de vie adopter avec ces 2 maladies ?
Divers facteurs liés au mode de vie peuvent influencer l’évolution de la PR et de l’hypothyroïdie :
- tabagisme : c’est un facteur de risque de développer la PR et et de moins bons résultats des traitements. Le tabagisme a également été associé à des niveaux de TSH plus faibles chez les hommes et les femmes,
- alimentation : une alimentation riche en légumes verts et légumineuses peut aider à soulager les symptômes de la PR. L’hypothyroïdie peut être influencée par certains apports alimentaires, notamment un apport insuffisant en iode. La carence en iode est rare et l’iode est parfois ajouté au sel de table par les fabricants,
- activité physique : une activité physique régulière réduit la probabilité de développer la PR et améliore les résultats des personnes atteintes. En cas d’hypothyroïdie, l’activité physique peut aider à gérer le poids.
Quelles sont les complications possibles de ces pathologies ?
La PR ou l’hypothyroïdie non contrôlées peuvent entraîner des complications.
Elles peuvent causer des problèmes cutanés, le syndrome métabolique, une diminution de la densité osseuse et des complications cardiovasculaires.
Les autres complications de la PR sont :
- péricardite, myocardite, arythmies et autres maladies cardiovasculaires,
- maladie pulmonaire,
- troubles du sommeil.
Les complications plus courantes de l’hypothyroïdie sont :
- infertilité,
- retards de développement des nourrissons,
- démence, réversible avec un traitement,
- myxœdème : potentiellement mortelle mais rare, cette complication est causée par une hypothyroïdie sévère et de longue durée. Elle peut entraîner une altération de l’état mental, une insuffisance organique, un coma et la mort.
L’hypothyroïdie peut aussi provoquer des douleurs articulaires et musculaires. Pour les personnes atteintes de PR, les symptômes peuvent s’aggraver :
- courbatures, sensibilité et raideur musculaires,
- faiblesse musculaire,
- douleurs et raideurs articulaires,
- gonflement des petites articulations des mains et des pieds,
- sensation de picotements, de fourmillements, de brûlures ou d’engourdissement dans les mains ou les pieds (acroparesthésie).
Une douleur, raideur et gonflement qui ne s’améliorent pas avec le traitement thyroïdien doivent être signalés au médecin pour en rechercher les causes possibles.
Si la douleur et les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde s’aggravent après un diagnostic de maladie thyroïdienne, le médecin pourra déterminer rechercher l’origine des symptômes et ajuster le traitement.
Le lien entre la PR et l’hypothyroïdie est donc bidirectionnel : les personnes atteintes de PR ou d’hypothyroïdie semblent présenter un risque accru de développer l’autre pathologie.
Sources :
Frontiers : risque accru de troubles thyroïdiens chez les malades de polyarthrite rhumatoïde
Frontiers : liens entre la polyarthrite rhumatoïde et les troubles thyroïdiens (metaanalyse)
ScienceDirect : polyarthrite rhumatoïde et dysthyroïdies auto-immunes