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Abus sexuels: des conséquences cardiaques et neurologiques à long terme chez les victimes

Des recherches récentes ont montré que le traumatisme liés à des abus sexuels peut aussi affecter le cœur et le cerveau d'une femme, même des années plus tard.

Marie Desange

Le scandal récent des abus sexuels dans l’église Catholique soulève un peu le voile sur une réalité souvent occultée, celle des abus sexuels et de leurs conséquences. Il est clair depuis longtemps que les abus sexuels ont des conséquences psychologiques pour les victimes, sous la forme d’un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et d’un risque accru d’abus de drogues et d’alcool, entre autres.

Mais des recherches récentes ont montré que le traumatisme liés à des abus sexuels peut aussi affecter le cœur et le cerveau d’une femme, même des années plus tard.

Aujourd’hui, deux nouvelles études montrent qu’il peut également y avoir des effets à long terme sur la santé physique. Selon les chercheurs, les maladies cardiaques et les lésions des petits vaisseaux du cerveau peuvent survenir des années après les violences. Les résumés des deux études ont été présentés lors de la réunion annuelle de la North American Menopause Society (NAMS) le 24 septembre 2021.

Jusque là, aucune étude n’avait tenté d’établir un lien entre les agressions sexuelles et la santé physique, comme les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et le risque de démence. La violence sexuelle est un problème majeur, et un problème trop courant qui toucherait entre 5 et 6 millions de personnes en Frances.

Les femmes victimes d’abus sexuels à la quarantaine présentent des marqueurs de maladie cérébrale

Dans l’une des études présentées à la conférence de la NAMS, 145 femmes d’âge moyen (59 ans en moyenne) ne présentant aucun signe médical d’accident vasculaire cérébral, de démence ou d’autres signes de problèmes vasculaires ont été interrogées sur leurs antécédents de traumatisme. La pression artérielle, l’indice de masse corporelle et d’autres indicateurs ont été mesurés.

Ensuite, les cerveaux des femmes ont été imagés pour détecter les hyperintensifications de la substance blanche (HSB). Ces signes sont des marqueurs de la maladie des petits vaisseaux du cerveau et peuvent être détectées des décennies avant l’apparition d’un accident vasculaire cérébral, d’une démence ou d’autres troubles. Plus ce signe est important, plus les risques de problèmes ultérieurs sont élevés. Quelque 68 % des femmes ayant participé à l’étude ont déclaré avoir subi au moins un traumatisme, l’agression sexuelle étant le plus fréquent (23 %).

Il a été constaté que les femmes ayant subi un tel traumatisme, en particulier une agression sexuelle, présentaient un volume d’HSB considérablement plus élevé que les autres. Ces résultats se sont maintenus même lorsque les chercheurs ont pris en compte d’autres facteurs susceptibles d’affecter le volume de l’HSB, comme le SSPT ou la dépression.

Les abus sexuels augmentent également le risque de maladie cardiovasculaire

Dans la deuxième étude, les scientifiques ont recherché dans les bases de données des recherches scientifiques existantes celles qui mentionnaient la violence sexuelle et aussi les maladies cardiovasculaires. Quelque 41 études couvrant près de deux millions d’adultes (dont trois quarts de femmes) ont finalement été évaluées. Les chercheurs ont constaté que la violence sexuelle était corrélée à une incidence accrue des maladies cardiovasculaires à la quarantaine. Le moment où la violence a eu lieu a joué un rôle, les effets étant plus importants chez les personnes dont la violence sexuelle s’est produite pendant l’enfance.

Implications pour les femmes et leurs médecins

Les résultats de l’étude suggère que les agressions sexuelles peuvent exposer les femmes à un risque de mauvaise santé cérébrale plus tard dans la vie et que les femmes qui ont des antécédents d’agression méritent une vigilance accrue pour réduire le risque d’AVC et de démence. Les médecins devraient tenir compte des antécédents d’agression sexuelle lorsqu’ils examinent le risque d’AVC ou de démence d’une femme en lui posant des questions sur ces antécédents. Mais ils doivent aussi comprendre que les patientes peuvent prendre un certain temps et avoir besoin de confiance avant de révéler ces antécédents.

D’après les résultats concernant les maladies cardiaques, il est évident que le fait d’informer les cardiologues des antécédents de traumatisme peut aider le médecin à mieux surveiller la santé cardiovasculaire. Les cardiologues savent que le risque de maladies cardiaques et vasculaires chez une femme est lié à des facteurs traditionnels et non traditionnels. Le fait de partager les antécédents traumatiques peut aider le médecin à mieux comprendre le risque d’une femme.

Cette divulgation peut également permettre à une femme de recevoir des soins plus sensibles aux traumatismes lors des examens physiques, ainsi que d’obtenir les orientations souhaitées vers des services de santé mentale ou autres, le cas échéant, dit-elle.

Les femmes ayant subi une agression sexuelle ne doivent pas sous-estimer les  » empreintes  » que le traumatisme peut laisser sur leur cerveau et leur corps. Si vous avez été victime d’une agression sexuelle n’hésitez pas à vous tourner vers une aide: psychiatre, psychologue, thérapeute, thérapie EMDR.

De plus, en raison du risque accru pour le cœur et les vaisseaux sanguins d’une femme, il est particulièrement important que les femmes ayant des antécédents de violence sexuelle fassent attention aux autres facteurs de risque de ces affections. Ils sont majoritairement: l’hypertension, la glycémie et le cholestérol.

Source

https://www.menopause.org/docs/default-source/agm/nams-2021-oral-and-poster-presentation-abstracts.pdf

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