Syndrome des jambes sans repos non traité : un risque accru de maladie de Parkinson selon cette grande étude
Une grande étude montre que les patients avec un syndrome des jambes sans repos non traité développent plus souvent une maladie de Parkinson

Le syndrome des jambes sans repos fait souvent sourire au début. On parle de “jambes qui gigotent”, de nervosité du soir, d’habitudes bizarres avant de dormir. Pourtant, pour ceux qui en souffrent, c’est un trouble bien réel, qui empêche de se reposer et use le corps et l’esprit.
La maladie de Parkinson, elle, fait plutôt peur. On pense au tremblement, aux chutes, à la perte d’autonomie. Quand des chercheurs suggèrent qu’un SJSR persistant pourrait augmenter le risque de Parkinson, l’inquiétude est logique.
Une grande équipe coréenne a suivi, entre 2002 et 2019, presque dix mille personnes avec SJSR et autant sans SJSR. Les résultats, publiés en 2025 dans JAMA Network Open, montrent plus de cas de Parkinson chez les patients avec SJSR non traité, et moins de cas chez ceux traités par médicaments qui agissent sur la dopamine. Le but de cet article est simple : expliquer ce lien possible, aider à reconnaître les signes, et encourager la consultation, sans dramatiser.
Comprendre le syndrome des jambes sans repos avant de parler de risques
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un trouble neurologique du sommeil. La personne ressent un besoin urgent de bouger les jambes, surtout le soir, au moment du repos. Dès qu’elle s’allonge ou reste assise trop longtemps, la gêne augmente.
Beaucoup décrivent des sensations étranges, comme si quelque chose “tirait” ou “ramperait” dans les jambes. Bouger apporte un soulagement, mais il reste temporaire. On se lève, on marche dans le couloir, la gêne baisse, puis revient dès qu’on se recouche.
Il faut distinguer ce trouble de simples crampes de fin de journée. Les crampes sont souvent courtes, douloureuses et bien localisées. Le SJSR provoque plutôt des fourmillements diffus, une tension désagréable et surtout un besoin de bougerquasi impossible à retenir. Ce trouble perturbe le sommeil, ce qui entraîne fatigue et irritabilité le lendemain.
Derrière ces sensations, les chercheurs suspectent un rôle central de la dopamine, messager chimique du cerveau impliqué dans le contrôle des mouvements et la régulation du sommeil. Ce point rapproche déjà le SJSR de la maladie de Parkinson.
Soutenez Pressesante.com : Rejoignez notre communauté sur Tipeee
Quels sont les symptômes typiques du syndrome des jambes sans repos ?
Les signes du SJSR suivent souvent le même schéma. En fin de journée, surtout au moment de s’asseoir ou de se coucher, des fourmillements ou tiraillements apparaissent dans les jambes. Certains parlent de picotements, d’autres d’une sorte de démangeaison interne, impossible à gratter.
Très vite, un besoin de bouger survient. La personne secoue les pieds, change tout le temps de position, sort parfois du lit pour marcher dans le salon. Tant qu’elle bouge, la gêne se calme. Dès qu’elle s’arrête, elle revient.
Cette agitation gêne l’endormissement. Le patient tourne en rond dans son lit, se relève souvent, se réveille plusieurs fois. Après quelques semaines, une vraie insomnie apparaît, avec somnolence diurne, baisse de concentration et erreurs au travail.
Beaucoup de patients n’osent pas en parler. Ils craignent que le médecin pense que “c’est dans la tête”, ou que ce ne soit pas assez grave. Pourtant, un SJSR fréquent, surtout s’il perturbe le sommeil, mérite une vraie évaluation.
Quelles sont les causes possibles du syndrome des jambes sans repos ?
La cause exacte du SJSR reste encore discutée, mais certains éléments se dégagent. La dopamine joue un rôle majeur dans la commande fine des mouvements. Quand ce système se dérègle, des mouvements anormaux peuvent apparaître, comme les sensations de jambes agitées.
Les études pointent aussi un lien avec le manque de fer. Le fer intervient dans la fabrication de la dopamine. Une carence en fer, même modérée, peut suffire à perturber ce système chez des personnes prédisposées.
D’autres facteurs entrent en jeu, comme certains troubles métaboliques, des atteintes des nerfs périphériques, ou des antécédents familiaux. Ces mécanismes rappellent certains aspects de la maladie de Parkinson, qui implique elle aussi une atteinte des circuits dopaminergiques. C’est ce terrain commun qui a poussé les chercheurs à étudier un possible lien entre SJSR et Parkinson.
La maladie de Parkinson : ce qu’il faut savoir pour comprendre le lien
La maladie de Parkinson est une maladie du cerveau qui touche le contrôle des mouvements. Elle est liée à la disparition progressive de neurones produisant la dopamine dans une région précise du cerveau.
Elle évolue lentement, sur des années, avec des symptômes moteurs et non moteurs. On pense souvent au tremblement, mais ce n’est qu’une partie du tableau. Les troubles du sommeil, la fatigue, les douleurs et la constipation peuvent précéder longtemps les signes moteurs visibles.
Certains chercheurs considèrent maintenant que, chez une partie des patients, des troubles comme le SJSR pourraient représenter un signal précoce d’une fragilité du système dopaminergique.
Principaux symptômes de la maladie de Parkinson
Les signes moteurs les plus connus sont le tremblement de repos, la lenteur des mouvements, la raideur musculaire et les troubles de l’équilibre. Les gestes deviennent moins fluides, l’écriture se rétrécit, la marche se ralentit.
Mais Parkinson ne se résume pas à ces signes. Beaucoup de patients rapportent une fatigue marquée, des troubles du sommeil, une constipation chronique, une perte ou un changement de l’odorat. Des variations de l’humeur, avec anxiété ou tristesse, peuvent aussi apparaître.
Comprendre cette diversité de symptômes aide à saisir pourquoi un trouble du sommeil comme le SJSR intéresse autant les neurologues.
Dopamine, mouvements et sommeil : le point commun entre SJSR et Parkinson
Dans le SJSR et dans la maladie de Parkinson, le système de la dopamine est au centre du tableau. Quand ce système fonctionne mal, le cerveau gère moins bien les mouvements, mais aussi certains cycles du sommeil.
Une hypothèse est la suivante : chez certains patients, le SJSR serait le premier signe d’une fragilité de ces circuits. L’étude coréenne renforce cette idée, car elle montre un risque de Parkinson plus élevé chez les personnes avec SJSR non traité.
Pourquoi un SJSR non traité peut augmenter le risque de maladie de Parkinson
L’étude coréenne a suivi 9 919 patients avec SJSR et un groupe équivalent sans SJSR, pendant un suivi médian de 15 ans. Au cours de cette période, la maladie de Parkinson est apparue chez 1,6 % des personnes avec SJSR, contre 1,0 % dans le groupe sans SJSR.
Quand les chercheurs ont séparé les patients SJSR selon le traitement, ils ont observé un contraste encore plus net : 2,1 % des patients avec SJSR non traité ont développé une Parkinson, contre seulement 0,5 % chez ceux traités par agonistes dopaminergiques.
| Groupe de patients | Pourcentage ayant développé Parkinson |
|---|---|
| Sans SJSR | 1,0 % |
| SJSR global | 1,6 % |
| SJSR non traité | 2,1 % |
| SJSR traité par agoniste dopaminergique | 0,5 % |
Ces chiffres restent modestes en valeur absolue, mais l’écart entre groupes est clair. Le message pratique est simple : un SJSR persistant ne doit pas être ignoré.
Ce que montre l’étude coréenne de 2002 à 2019 sur le SJSR et Parkinson
Les chercheurs coréens ont utilisé les données de l’assurance maladie nationale sur la période 2002-2019. Ils ont repéré les personnes avec un diagnostic de SJSR, puis ont constitué un groupe de comparaison sans SJSR, avec le même profil d’âge et de sexe.
Ils ont ensuite suivi ces personnes pendant environ 15 ans pour voir qui déclarait une maladie de Parkinson. Pour limiter les biais, ils ont appliqué une méthode moderne qui imite un essai clinique à partir de données réelles, appelée émulation d’essai cible.
L’étude ne prouve pas que le SJSR cause à lui seul la maladie de Parkinson. Elle montre cependant que le lien entre les deux est solide et cohérent avec ce qu’on sait de la dopamine et du sommeil.
Pourquoi le risque est plus fort quand le SJSR reste sans traitement
L’élément le plus frappant concerne le rôle du traitement. Chez les patients avec SJSR non traité par médicaments dopaminergiques, la Parkinson est apparue plus souvent et plus tôt. Chez ceux traités par agonistes dopaminergiques, le risque était même plus bas que dans le groupe sans SJSR.
Les auteurs proposent deux grandes pistes. Soit ces médicaments protègent en partie les circuits moteurs, en soutenant le système dopaminergique. Soit les patients qui répondent bien à ce traitement ont un “vrai” SJSR, différent de formes qui seraient déjà une Parkinson débutante.
Dans tous les cas, laisser un SJSR marqué sans prise en charge ne semble pas anodin pour la santé du cerveau.
Le rôle possible du sommeil, du fer et de l’inflammation dans ce lien
La dopamine n’est pas le seul facteur possible. Le SJSR s’accompagne souvent d’un manque de sommeil chronique. Or, un sommeil haché, sur des années, peut fragiliser le cerveau, augmenter l’inflammation et perturber les mécanismes de réparation neuronale.
La carence en fer est fréquente dans le SJSR. Elle perturbe la production de dopamine, mais aussi d’autres fonctions cérébrales. Certains troubles métaboliques et immunitaires, observés plus souvent chez ces patients, pourraient aussi jouer un rôle dans le lien avec Parkinson.
Prendre en charge le SJSR, ce n’est donc pas seulement calmer les jambes. C’est aussi corriger des facteurs qui, à long terme, peuvent peser sur le cerveau.
Traitements du SJSR : comment réduire les symptômes et peut-être le risque de Parkinson
La bonne nouvelle est qu’il existe des moyens d’agir. Le traitement du SJSR associe souvent mesures de mode de vie, correction d’une carence en fer quand elle est présente, et, si besoin, médicaments qui modulent la dopamine.
Dans l’étude coréenne, les patients recevant des agonistes dopaminergiques avaient un risque plus faible de les personnes sans SJSR. Ce résultat reste à confirmer par d’autres travaux, mais il ouvre une piste encourageante.
Les agonistes dopaminergiques : soulager le SJSR et protéger le cerveau
Un agoniste dopaminergique est un médicament qui imite l’action de la dopamine sur ses récepteurs. Chez les patients avec SJSR, il réduit le besoin de bouger les jambes, diminue les sensations désagréables et améliore la qualité du sommeil.
Dans l’étude coréenne, environ 0,5 % des patients sous agoniste dopaminergique ont développé une maladie de Parkinson, contre 2,1 % chez ceux avec SJSR non traité. Cet écart suggère un possible effet protecteur sur les circuits moteurs.
Ces médicaments peuvent toutefois entraîner des effets secondaires, comme des nausées, des somnolences diurnes ou, plus rarement, des troubles du contrôle des impulsions. Ils doivent donc être prescrits et suivis par un neurologue ou un médecin formé aux troubles du sommeil.
Autres pistes de prise en charge pour mieux vivre avec un SJSR
Au-delà des médicaments, plusieurs mesures simples peuvent aider. Une hygiène de sommeil régulière, avec des horaires stables, limite les réveils nocturnes. Une activité physique modérée, en journée, apaise souvent les symptômes du soir.
Réduire la caféine, l’alcool et la nicotine en fin de journée peut aussi calmer les jambes agitées. Des techniques de relaxation ou de respiration, pratiquées avant le coucher, diminuent la tension intérieure qui alimente parfois le SJSR.
Quand une carence en fer est confirmée, un traitement adapté peut réduire les symptômes et, possiblement, soutenir le système dopaminergique. Ces gestes peuvent sembler modestes, mais, répétés sur le long terme, ils allègent la charge pour le cerveau.
Quand consulter pour un syndrome des jambes sans repos et que demander au médecin
La question clé est souvent : à partir de quand faut-il consulter ? La réponse tient surtout dans la fréquence et l’impact sur la vie quotidienne.
Si les jambes dérangent presque tous les soirs, si les réveils répétés rythment les nuits, si une fatigue durable s’installe au point de nuire au travail ou à l’école, une consultation s’impose. Noter pendant quelques jours la fréquence des symptômes et leur intensité aide beaucoup le médecin.
Le premier contact peut être le médecin traitant, qui orientera ensuite vers un neurologue ou un spécialiste du sommeil si besoin.
Signes qui doivent alerter et amener à parler de SJSR
Plusieurs situations doivent pousser à en parler clairement. Par exemple, devoir sortir du lit presque chaque nuit pour marcher, ne plus réussir à regarder un film entier assis, ou lutter pour rester immobile lors d’un voyage en train ou en avion.
Quand le conjoint décrit des mouvements fréquents des jambes pendant la nuit, ou remarque une irritabilité croissante liée au manque de sommeil, cela renforce encore l’intérêt d’un avis médical. Mettre des mots précis sur ces phénomènes aide à sortir de l’idée que “ce n’est rien” ou que “c’est juste du stress”.
Questions utiles à poser sur le risque de Parkinson
La consultation est aussi le moment pour aborder calmement la question de la maladie de Parkinson. Il peut être utile de demander : “Mon SJSR est-il sévère ?” ou “Ai-je besoin d’un bilan du fer ?”.
D’autres questions pertinentes sont : “Un traitement dopaminergique pourrait-il m’aider ?” ou “Comment suivre, dans mon cas, le risque de maladie de Parkinson au fil du temps ?”. Le médecin pourra expliquer les bénéfices attendus, les risques éventuels des traitements, et proposer un suivi adapté à la situation.
Seul un professionnel de santé peut ajuster ces décisions. L’important est de ne pas rester avec des craintes sans réponse.
A retenir
Le syndrome des jambes sans repos est un vrai trouble neurologique du sommeil, et non un simple inconfort de fin de journée. La grande étude coréenne montre que les patients avec SJSR non traité développent plus souvent une maladie de Parkinson, et plus tôt, que les personnes sans SJSR. À l’inverse, ceux traités par agonistes dopaminergiques semblent présenter un risque plus faible.
Agir tôt sur un SJSR gênant, améliorer le sommeil, corriger une carence en fer et discuter des options de traitement avec un médecin ne sert pas seulement à passer de meilleures nuits. C’est aussi une façon de prendre soin de son cerveau sur le long terme.
Le message final se veut rassurant : reconnaître les symptômes, consulter, poser des questions et accepter une prise en charge adaptée sont des choix actifs, raisonnés et protecteurs. Ils permettent de reprendre la main sur ses nuits et, peut-être, de réduire le poids de certains risques neurologiques à venir.