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Les fromages riches en graisses seraient liés à un risque plus faible de démence

Une grande cohorte suédoise suivie pendant près de 25 ans indique qu'une consommation régulière mais modérée de fromages riches en graisses et de crème entière est associée à un risque plus faible de démence

Et si un morceau de cheddar bien gras ou une cuillère de crème entière n’était pas l’ennemi du cerveau que l’on croyait ? Une grande étude suédoise, publiée en décembre 2025 dans la revue Neurology, suggère qu’une consommation plus élevée de fromages riches en graisses et de crème entière est liée à un risque plus faible de démence sur le long terme.

Il ne s’agit pas d’une preuve de cause. Les chercheurs parlent d’un lien statistique, pas d’un effet direct garanti. Pourtant, ces résultats bousculent l’idée que tout gras laitier nuit forcément au cerveau.

La démence fait peur à beaucoup de personnes. Elle renvoie à la perte de mémoire, à la perte d’autonomie, à la crainte d’oublier ses proches. Face à cela, chaque signe de protection possible attire l’attention.

Alors, manger du cheddar, du Brie ou de la crème entière aide-t-il vraiment le cerveau, ou s’agit-il d’un simple reflet d’un mode de vie plus sain ? Regardons les faits de manière posée et structurée.

Comprendre la démence et pourquoi l’alimentation compte pour le cerveau

La démence regroupe plusieurs maladies qui entraînent une baisse progressive des capacités mentales. La mémoire faiblit, le langage devient plus difficile, les gestes du quotidien demandent de l’aide. Cette perte d’autonomie pèse autant sur la personne que sur ses proches.

Deux formes sont particulièrement fréquentes. La maladie d’Alzheimer touche surtout les neurones et les circuits de la mémoire. La démence vasculaire résulte plutôt de problèmes de circulation dans les petits vaisseaux du cerveau. Dans la vraie vie, un même patient présente souvent un mélange de ces deux mécanismes.

Le cerveau dépend de vaisseaux sanguins en bon état, d’un sucre sanguin bien contrôlé, et d’un niveau d’inflammation limité. Les mêmes facteurs qui protègent le cœur, comme une bonne tension, un cholestérol maîtrisé et un poids stable, semblent aussi protéger le cerveau. C’est pour cette raison que l’alimentation prend une place grandissante dans la prévention de la démence.

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Démence, Alzheimer, démence vasculaire : quelles différences simples à retenir ?

Dans la maladie d’Alzheimer, les neurones se dégradent peu à peu, avec des dépôts anormaux dans le cerveau. Les troubles de la mémoire et de l’orientation arrivent souvent en premier.

Dans la démence vasculaire, ce sont surtout les petits vaisseaux qui se bouchent ou s’abîment. Le tableau peut être plus “en marches d’escalier”, avec des aggravations après des accidents vasculaires cérébraux, même petits.

Chez beaucoup de personnes âgées, on observe en réalité un mélange de lésions d’Alzheimer et de lésions vasculaires. Cette combinaison explique pourquoi la protection des vaisseaux, par l’alimentation et le mode de vie, reste centrale pour le cerveau.

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Pourquoi ce que nous mettons dans notre assiette atteint aussi le cerveau

Le cerveau reçoit près de 20 % du sang qui circule dans le corps. Si les artères se bouchent ou se rigidifient, il en souffre. Un excès de sucre ou de graisse sanguine peut aussi entretenir une inflammation qui fragilise les tissus cérébraux.

De grandes études indiquent que des modèles proches du régime méditerranéen ou du régime MIND sont associés à un risque plus faible de démence. Ils privilégient les légumes, les fruits, les céréales complètes, les légumineuses, les noix, l’huile d’olive et une consommation modérée de poisson. Les aliments très transformés, la charcuterie et les sucres rapides y occupent une place réduite.

Dans ce cadre, les produits laitiers ont une place variable. Certains régimes les limitent, d’autres leur accordent une place modérée. La nouvelle étude suédoise vient affiner cette image, en distinguant mieux les différents types de produits laitiers.

Que dit vraiment l’étude sur le fromage riche en graisses, la crème et le risque de démence ?

Cette étude a suivi 27 670 adultes en Suède, avec un âge moyen de 58 ans au départ, pendant environ 25 ans. Les participants ont décrit ce qu’ils mangeaient, puis les chercheurs ont observé qui développait une démence au fil du temps. Au total, un peu plus de 3 200 personnes ont reçu un diagnostic de démence.

Les auteurs parlent d’un lien entre une consommation plus élevée de fromage riche en graisses et de crème entière, et un risque moindre de démence. Ils rappellent clairement que cette relation ne prouve pas que ces aliments préviennent la maladie, mais qu’ils se retrouvent plus souvent dans les assiettes des personnes qui ont gardé un cerveau en meilleur état.

Comment les chercheurs ont étudié le fromage et la crème sur plus de 25 ans

Au début de l’étude, les participants ont tenu un carnet alimentaire sur une semaine. Ils ont aussi répondu à des questions sur la fréquence de consommation de certains aliments durant l’année précédente, et sur leurs façons de cuisiner.

Les chercheurs ont ensuite pris en compte plusieurs facteurs qui peuvent influencer le risque de démence, comme l’âge, le sexe, le niveau d’études, le tabac, l’activité physique et la qualité globale de l’alimentation. Ils ont essayé de séparer autant que possible l’effet du fromage de celui du mode de vie en général.

Tous les participants venaient de Suède. Là-bas, le fromage se mange souvent froid, en tranches sur du pain, et moins souvent fondu avec de la viande, comme c’est fréquent aux États-Unis. Les résultats ne se transposent donc pas automatiquement à d’autres pays.

Fromages riches en graisses : cheddar, Brie, Gouda… que montre l’étude ?

Les chercheurs ont classé comme fromages riches en graisses ceux qui contiennent plus de 20 % de matière grasse, comme le cheddar, le Brie ou le Gouda. Ils ont comparé les personnes qui mangeaient au moins 50 g par jour à celles qui en mangeaient moins de 15 g. Cinquante grammes représentent environ deux tranches de cheddar ou une petite portion bien servie.

Dans le groupe qui consommait le plus de ces fromages, environ 10 % des personnes ont développé une démence. Dans le groupe qui en mangeait très peu, ce chiffre montait à 13 %. Après correction pour les autres facteurs, cela correspond à une baisse relative d’environ 13 % du risque de démence.

Pour la démence vasculaire, la baisse relative observée atteignait environ 29 % chez les plus gros consommateurs de ces fromages. Un risque plus faible de maladie d’Alzheimer a aussi été observé, mais surtout chez les personnes qui ne portaient pas une variante du gène APOE e4, associée à un risque plus élevé d’Alzheimer.

Crème entière et cerveau : que signifie une baisse de 16 % du risque ?

La crème riche en graisses dans l’étude regroupait les crèmes à 30 à 40 % de matière grasse, comparables à la crème fleurette entière, la double crème ou la clotted cream. Vingt grammes de crème correspondent à environ une cuillère à soupe et demie, ce qui reste une portion classique dans un plat.

Les chercheurs ont comparé les personnes qui consommaient au moins 20 g par jour à celles qui n’en consommaient pas du tout. Après ajustement, le groupe consommateur régulier présentait un risque de démence environ 16 % plus bas. Là encore, il s’agit d’un lien observé, pas d’une preuve que la crème protège de façon directe.

Pourquoi le lait, le beurre ou les produits allégés n’ont pas montré le même effet

Dans cette cohorte, aucun lien clair n’a été trouvé entre le risque de démence et la consommation de lait, qu’il soit écrémé ou entier, de beurre, de lait fermenté, de yaourt ou de kéfir. Les fromages et crèmes allégés n’étaient pas associés non plus à un changement net du risque.

Cela suggère que tous les produits laitiers ne jouent pas le même rôle pour le cerveau. Il faut aussi garder en tête que les fromages allégés étaient peu consommés en Suède au début des années 1990, ce qui rend les données moins solides pour cette catégorie.

Pourquoi certains fromages riches peuvent-ils être moins mauvais que prévu pour le cerveau ?

Les chercheurs et les diététiciens avancent plusieurs pistes. Le fromage n’est pas qu’un bloc de graisse saturée. C’est un aliment fermenté, riche en protéines, en calcium, en vitamines et en composés formés pendant la fermentation.

D’autres travaux suggèrent déjà que la graisse laitière, surtout dans le fromage, a un effet neutre ou légèrement protecteur pour le cœur et les vaisseaux, quand elle prend la place de viandes rouges et de charcuteries. Le nouveau résultat sur la démence va dans ce sens : ce qui compte semble être le contexte alimentaire.

Fromage riche en graisses : bien plus que du gras saturé

Le fromage apporte aussi des protéines de bonne qualité, du calcium, et parfois de la vitamine K2 selon les types. La fermentation produit des peptides bioactifs, de petits fragments de protéines qui peuvent agir sur les vaisseaux, la tension artérielle ou le métabolisme du sucre.

Autrement dit, le cerveau reçoit un “paquet complet” et pas seulement du gras. Réduire le fromage à sa teneur en graisses conduit à une vision trop simple de son effet sur la santé.

Rôle possible de la fermentation et des vaisseaux sanguins du cerveau

Une grande partie des cas de démence implique des petits vaisseaux abîmés dans le cerveau. Si ces vaisseaux se bouchent, même de manière discrète et répétée, les fonctions mentales finissent par en souffrir.

Certains composés issus de la fermentation du fromage pourraient aider à garder les parois des vaisseaux plus souples, à limiter une partie de l’inflammation ou à mieux réguler la pression artérielle. Ces pistes restent à confirmer, mais elles s’accordent avec ce que l’on observe déjà pour la santé cardiovasculaire.

Substitution : et si le vrai gain venait de ce que le fromage remplace ?

L’effet favorable du fromage apparaît surtout quand il remplace des viandes transformées ou des viandes rouges très grasses. Le problème ne vient pas seulement du fromage pris seul, mais de ce qu’il prend comme place dans l’assiette.

Prenons un exemple concret. Remplacer un sandwich au salami et fromage fondu par un sandwich au pain complet, avec légumes, un peu d’huile d’olive et une portion modérée de fromage riche peut réduire la charge en sel, en graisses animales très oxydées et en additifs. Le repas reste gourmand, mais le profil global pour le cerveau est meilleur.

Faut‑il manger plus de fromage et de crème pour protéger son cerveau ?

Face à ces données, le message doit rester nuancé. L’étude ne prouve pas que fromage riche et crème préviennent la démence. Elle montre un lien, compatible avec d’autres résultats récents sur la graisse laitière.

Une consommation modérée de ces produits semble pouvoir s’intégrer dans un régime globalement sain, sans augmenter le risque de démence, et peut-être avec un léger avantage, surtout pour la démence vasculaire. En revanche, aucun aliment isolé ne protège à lui seul. Le cerveau bénéficie de l’ensemble du mode de vie : alimentation, activité physique, sommeil, gestion du stress, arrêt du tabac.

Pour qui ce signal est plutôt rassurant ?

Ces résultats restent rassurants pour les personnes qui aiment déjà le fromage riche. Elles craignaient souvent que chaque portion de Brie ou de Comté “abîme” leur cerveau. Avec cette étude et d’autres travaux, on peut dire qu’une portion raisonnable de fromage riche en graisses, dans un contexte d’alimentation variée et riche en végétaux, ne semble pas augmenter le risque de démence et pourrait même être liée à un risque un peu plus bas.

On peut par exemple viser des portions de l’ordre de 30 à 50 g lors d’un repas, en évitant d’en faire la base de tous les plats de la journée. Cette fourchette reste une indication générale, pas une prescription médicale.

Cas où il faut rester très prudent avec le fromage riche et la crème

Certaines personnes doivent cependant garder une grande prudence. C’est le cas de celles qui ont un cholestérol très élevé, une maladie cardiovasculaire connue, un diabète mal équilibré ou une obésité marquée. Pour elles, la priorité reste la protection du cœur, le contrôle du poids et du sucre sanguin.

Même si les résultats sont plutôt rassurants pour la démence, il ne faut pas oublier les autres risques. Dans ces situations, il est préférable de discuter avec un médecin ou un diététicien avant d’augmenter la part de fromages gras et de crème.

Comment intégrer fromage et crème dans un mode de vie protecteur pour le cerveau

Un usage raisonnable consiste à garder fromage et crème comme “accents” gustatifs, pas comme base de chaque repas. Une petite portion de fromage riche, associée à des légumes, du pain complet, des noix et un filet d’huile d’olive, s’inscrit bien dans un modèle de type méditerranéen. À l’inverse, la même portion ajoutée à des charcuteries et du pain blanc crée un repas bien moins favorable.

Pour la crème, un peu de crème entière dans une sauce maison pleine de légumes reste très différent d’une grande quantité de sauce toute prête, souvent très salée et sucrée. En parallèle, il est utile de renforcer les aliments dont le lien avec la santé du cerveau est mieux établi : légumes verts, fruits rouges, légumineuses, poissons gras et huile d’olive.

En quelques lignes

Une grande cohorte suédoise suivie pendant près de 25 ans suggère qu’une consommation régulière mais modérée de fromages riches en graisses et de crème entière est associée à un risque plus faible de démence, en particulier de démence vasculaire. Cette étude ne prouve pas un effet protecteur direct, mais elle remet en question l’idée que tout gras laitier est mauvais pour le cerveau.

Le contexte reste central : type d’aliments que le fromage remplace, qualité globale du régime, activité physique, sommeil et autres habitudes de vie. Il semble possible de garder une place pour le fromage dans une alimentation amie du cerveau, à condition de respecter la mesure et de mettre au cœur de l’assiette les végétaux, les céréales complètes, les graisses de bonne qualité et une vie active.

Si vous avez un risque cardiovasculaire élevé ou un problème métabolique déjà connu, parlez de ces résultats avec un professionnel de santé. Vous pourrez ajuster de façon personnalisée la place du fromage et de la crème dans votre propre alimentation pour prendre soin de votre cerveau tout en gardant du plaisir à table.

 

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