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Démence, Alzheimer : 25 grammes de viande transformée par jour doublent le risque

Marie Desange

Les personnes atteintes de démence ont des difficultés de mémoire, d’attention, de réflexion et de raisonnement qui interfèrent avec les activités quotidiennes. Ces difficultés cognitives ne font pas partie du processus de vieillissement typique.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte qu’il y a environ 50 millions de cas de démence dans le monde, avec environ 10 millions de nouveaux cas diagnostiqués chaque année. La maladie d’Alzheimer est la cause la plus courante de démence, représentant 60 à 70 % des cas. Environ 5 à 10 % des cas sont associés à une altération de la circulation sanguine dans le cerveau, par exemple, à la suite d’un accident vasculaire cérébral. On sait que des facteurs génétiques et environnementaux, y compris l’alimentation et le mode de vie, influent sur le développement et la progression de la démence.

Des recherches antérieures ont déjà établit un lien entre la consommation globale de viande et le risque de développer la maladie. Cependant, une nouvelle étude menée par des scientifiques de l’université de Leeds, au Royaume-Uni, suggère qu’il existe un lien entre la consommation de viande transformée en particulier et un risque accru de développer une démence. Les viandes transformées comprennent des produits tels que les saucisses, le bacon, le salami et le corned beef.

Cela dit, la recherche indique également que la viande rouge pourrait avoir un effet protecteur contre la démence. L’étude est publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition.

Régime alimentaire, génétique et mode de vie

Les scientifiques ont analysé les données de la UK Biobank, une base de données contenant des informations génétiques et sanitaires provenant d’environ un demi-million de volontaires britanniques âgés de 40 à 69 ans. Lors de son recrutement, chaque participant a rempli un questionnaire sur son régime alimentaire et a effectué des évaluations alimentaires sur 24 heures. Les chercheurs ont ainsi pu estimer la quantité totale de viande que chaque participant consommait régulièrement et la quantité de chaque type de viande qu’il mangeait. La base de données leur a également permis d’identifier les participants porteurs de la variante génétique APOE ε4, connue pour augmenter le risque de démence.

Ils ont ensuite utilisé les dossiers hospitaliers et de mortalité pour identifier les cas ultérieurs de démence, toutes causes confondues, de maladie d’Alzheimer et de démence vasculaire au cours de la période de suivi d’environ 8 ans. Sur les 493 888 participants, 2 896 ont souffert de démence toutes causes confondues. Parmi eux, 1 006 cas de maladie d’Alzheimer et 490 cas de démence vasculaire.

Chaque portion supplémentaire de viande transformée consommée par jour augmente le risque de 44%

Pour estimer le rôle de la consommation de viande, les chercheurs ont dû tenir compte d’un large éventail d’autres facteurs connus pour affecter la probabilité qu’une personne soit atteinte de démence. Il s’agit notamment de l’âge, du sexe, de l’origine ethnique, de l’éducation et du statut socio-économique. En outre, les chercheurs ont tenu compte de facteurs liés au mode de vie, tels que le tabagisme, l’activité physique et la consommation de fruits et légumes, de poisson, de thé, de café et d’alcool.

Après ces ajustements, ils ont constaté que chaque portion supplémentaire de 25 g de viande transformée consommée par jour était associée à une augmentation de 44 % du risque de démence, toutes causes confondues. Cette consommation était également associée à une augmentation de 52 % du risque de maladie d’Alzheimer.

En revanche, chaque portion supplémentaire de 50 g de viande non transformée consommée par jour était liée à une réduction de 19 % du risque de démence toutes causes confondues et de 30 % du risque de maladie d’Alzheimer. Les résultats pour la volaille non transformée et la consommation totale de viande n’étaient pas statistiquement significatifs Comme prévu, les chercheurs ont noté que le fait d’avoir l’allèle APOE ε4 multipliait par 3 à 6 le risque de démence. Cependant, il n’a pas affecté de manière significative les associations observées entre l’alimentation et la démence.

Viande transformée et risque d’autres maladies

De nombreuses preuves ont établi un lien entre la consommation de viande transformée et le cancer. En 2015, l’OMS est même allée jusqu’à la définir comme un agent cancérigène.

« Dans le monde entier, la prévalence de la démence augmente, et l’alimentation, en tant que facteur modifiable, pourrait jouer un rôle », explique Huifeng Zhang, doctorant à l’École des sciences de l’alimentation et de la nutrition de l’Université de Leeds, qui était le chercheur principal de la nouvelle étude. « Notre recherche s’ajoute à l’ensemble croissant de preuves liant la consommation de viande transformée à un risque accru d’une série de maladies non transmissibles », ajoute-t-elle.

Sources

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30883348/

Meat consumption and risk of incident dementia: cohort study of 493,888 UK Biobank participants.

IARC Monographs evaluate consumption of red meat and processed meat.

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