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Vin rouge contre bière et spiritueux : 1-0 pour le vin rouge

La consommation d’alcool est associée dans maintes études à une hausse du risque de plusieurs types de cancers, ce n'est une nouvelle pour personne.

Hélène Leroy

Mais paradoxalement, une étude suggère que cette augmentation de cancer serait principalement due à la consommation excessive de bière et de spiritueux et, peu en lien avec le vin rouge (en quantité modérée bien sûr).

L’impact de la consommation d’alcool sur la santé demeure encore aujourd’hui un sujet fort controversé. D’un côté, il est clairement établi que les personnes qui boivent modérément des boissons alcoolisées, c’est à dire 1 à 2 verres par jour pour les hommes et 1 verre par jour pour les femmes ont une baisse marquée (30 %) du risque d’être affectées par des maladies cardiovasculaires comme l’infarctus du myocarde ou les accidents vasculaires cérébraux. D’un autre côté, on sait aussi que la consommation d’alcool, même modérée, augmente le risque de développer plusieurs types de cancers, en particulier au niveau de la cavité buccale et du système digestif supérieur (oropharynx, larynx, œsophage) ainsi que ceux du côlon, du foie ainsi que du sein.

La consommation répétée d’alcool favorise le développement de tumeurs

Les mécanismes impliqués dans ces effets cancérigènes demeurent encore mal compris, mais plusieurs études suggèrent qu’ils seraient liés à la transformation métabolique de l’alcool en acétaldéhyde, une molécule très réactive qui peut provoquer des mutations dans le matériel génétique des cellules (ADN). Lorsqu’une personne consomme des boissons alcoolisées de façon régulière pendant plusieurs années, les mutations causées par la présence continuelle d’acétaldéhyde s’accumulent avec le temps et peuvent à la longue favoriser le développement de tumeurs. À première vue, ces observations suggèrent donc que la hausse du risque de cancer associée à la consommation d’alcool contrecarre ses bénéfices sur la santé cardiovasculaire.

Une boisson alcoolisée par jour: 6 fois plus de risques de cancers

Cependant, plusieurs études réalisées au cours des dernières années indiquent que le type de boissons alcoolisées peut grandement influencer l’impact général de l’alcool sur la santé. Des chercheurs ont examiné la consommation de bière, de vin ainsi que de spiritueux de 3600 hommes âgés de 35 et 70 ans et corrélé ces habitudes avec l’apparition de 13 types différents de cancers. Ils ont observé que les personnes qui buvaient en moyenne une consommation alcoolisée par jour avaient un risque accru de développer 6 principaux types de cancers, soit ceux de l’œsophage, de l’estomac, du côlon, du foie, du pancréas, du poumon ainsi que de la prostate. Cette augmentation de risque est particulièrement prononcée pour les grands consommateurs d’alcool (plus de 7 verres par semaine pendant plusieurs années). Ces personnes ont 7 fois plus de risque d’être touchées par un cancer de l’œsophage.

Tous les alcools n’ont pas le même impact

Cependant, les résultats de l’étude montrent clairement que cette augmentation du risque de cancer associée à la consommation d’alcool est seulement observée pour les personnes qui consomment de la bière ou des spiritueux alors que les personnes qui préfèrent le vin semblent épargnées. Par exemple, alors que la consommation régulière de bière augmente le risque de cancer de l’œsophage de 180 %, celle de vin n’a aucun impact sur ce cancer. Cette différence est encore plus frappante pour le cancer du foie : le risque de cette maladie est augmenté de 120 % chez les consommateurs réguliers de bière et de 230 % chez les buveurs de spiritueux alors que, complètement à l’inverse, ce risque diminue de 14 % pour les buveurs de vin.

Ces observations soulignent encore une fois les risques associés à la consommation d’alcool, en particulier la bière et les spiritueux. Cependant, pour les personnes qui boivent de l’alcool, la consommation modérée de vin rouge (1 à 2 verres par jour pour les hommes et 1 verre par jour pour les femmes) représente le meilleur compromis possible pour profiter des bénéfices cardiovasculaires de l’alcool sans augmenter le risque de cancer.

Source

Benedetti et al. Lifetime consumption of alcoholic beverages and risk of 13 types of cancer in men: results from a case-control study in Montreal. Cancer Detect Prev ; 32:352-362.

 

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